Au Sri Lanka, défilé de cercueils et tristesse infinie

23 avril 2019 11:29 Mis à jour: 23 avril 2019 13:26

Anéantis, des proches de victimes s’effondrent dans les bras de leurs voisins : des Sri-Lankais laissent libre cours à leur douleur mardi lors de messes en hommage aux morts des attentats de dimanche, les pires qu’ait connu le pays depuis la fin de la guerre civile il y a dix ans.

« Nous n’avons pas ressenti une telle tristesse depuis la guerre », assure Rashmi Fernando, une femme de 36 ans, alors qu’elle participait à une cérémonie dans l’église Saint-Sébastien de Negombo, l’un des trois bâtiments religieux frappés lors des attaques de dimanche.« J’ai perdu trois cousins dans l’attaque et un autre est en soins intensifs », explique la jeune femme, accompagnée de ses fillettes de 3 et 8 ans. « Nous sommes ici pour rendre hommage et pour prier que mon cousin blessé guérira », ajoute-t-elle.

Au moins 310 personnes ont été tuées et 500 blessés dans les attentats suicides du dimanche de Pâques. L’île de 21 millions d’habitants leur a rendu hommage en observant trois minutes de silence à 08H30 locales (03H00 GMT), heure de la première explosion deux jours auparavant, à l’église catholique Saint-Antoine de Colombo. A Saint-Sébastien, les traces de la déflagration demeurent évidentes, statues brisées et bancs d’église réduits en miettes. Plus d’un millier de personnes assistaient mardi matin aux messes funèbres dans une atmosphère lourde de chagrin.

Un premier cercueil couvert de fleurs, contenant la dépouille d’une femme, apparaît. Son mari, un homme âgé, se tient à côté et pleure sans pouvoir s’arrêter. D’autres cercueils défilent ensuite un par un pour recevoir les derniers rites en présence des proches des morts. Certains pleurent dans les bras les uns des autres, d’autres se tiennent en silence, l’air hagard. Vaincue par l’émotion, une femme s’effondre. On l’aide à s’asseoir sur une chaise pour reprendre ses esprits. Sheben Mel, 22 ans, déclare être venu pour montrer son soutien à la communauté.

« C’est un village ici et nous nous aidons tous les uns les autres. Lorsque le tsunami a frappé en 2004, beaucoup de gens sont venus ici aussi pour rendre les derniers hommages », explique le jeune homme.  Des passages de la Bible ont été copiés sur des bannières en anglais et en sinhala et accrochés au portail de l’église. « Que le seigneur ressuscité fasse pleuvoir son amour et son réconfort sur tous », proclame l’une d’elle. « Que les âmes qui s’en sont allées reposent en paix, entourées de son amour. »  

Sur les six sites, églises et hôtels, frappés par les explosions de dimanche, Saint-Sébastien pourrait être celui où le plus de victimes sont à déplorer. L’hôpital local de cette ville située à une trentaine de kilomètres au nord de la capitale Colombo a reçu plus de cent corps. Des cérémonies funèbres avaient aussi été organisées dans l’église Saint-Antoine de Colombo, un bâtiment historique également visé dimanche. Les mesures de sécurité y étaient strictes, alors qu’un engin a encore été découvert lundi à proximité et a explosé avant de pouvoir être désamorcé par les forces de l’ordre.

Des banderoles blanches et noires ont été déployées le long des rues menant à l’église en signe de deuil. Sadhurshrini Sivakumar, une lycéenne de 16 ans, est venue pour un hommage aux victimes. Bien que de confession hindoue, elle dit fréquenter régulièrement l’église, proche de son domicile. « J’aimais aller à l’église, je trouvais l’endroit apaisant », explique-t-elle. « J’ai peur de vivre si près », ajoute-t-elle, se disant « très triste » de ce qui est arrivé.

Le père Jude Fernando, curé de l’église depuis cinq ans, était sur place lorsque l’attaque s’est produite. « Ce qui s’est passé est au-delà des mots », lâche-t-il. « C’est la première fois que j’entends un son comme celui-là. J’ai vu des gens hurler, des blessés, des corps », ajoute-t-il. L’église pour sa part a été fortement endommagée et personne ne peut y entrer. « J’appelle les gens à continuer de prier », dit-il encore, même si « nous ne pouvons pas ravoir ce que nous avons perdu ».

D.C. avec AFP

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