Avec l’arrivée de l’IA, 37% des salariés envisagent de se reconvertir vers des métiers plus manuels

Par Sarita Modmesaïb
5 octobre 2023 18:49 Mis à jour: 6 octobre 2023 17:21

Avec la crise du Covid-19 et l’arrivée de l’Intelligence artificielle, nombreux sont les salariés qui souhaitent se reconvertir vers des métiers plus concrets, tels qu’artisans, commerçants, agriculteurs.

Voilà une bonne nouvelle pour ces secteurs qui manquent cruellement de main-d’œuvre.

Selon un sondage réalisé par OpinionWay pour L’Atelier des chefs, organisme de formation spécialisé dans « les métiers de la main et de l’humain », 37 % des salariés français envisagent de se réorienter vers des professions plus manuelles. Mieux, 51% des moins de 35 ans seraient prêts à se reconvertir vers ces métiers et 35% proviennent de catégories socioprofessionnelles supérieures.

C’est ainsi le cas de Jean-Clément Domecq, diplômé en ingénierie mécanique et consultant à Paris, mais issu d’une famille d’éleveurs dans les Pyrénées-Atlantiques. « Je voulais changer de cadre de vie, géographiquement mais aussi dans mon rapport au temps – et, surtout, perpétuer mon héritage familial », explique-t-il sur Le Figaro. « J’ai eu la chance de faire de bonnes études, d’avoir un travail intéressant et bien rémunéré à Paris, mais je voulais vivre et travailler avec les animaux. »

Ce jeune ingénieur de 28 ans n’a alors pas hésité et s’est formé en charcuterie, avec un bac pro en agriculture, avant d’aller rejoindre ses parents avec l’objectif de développer une production de terrines.

Si, pour Jean-Clément, le pas fut plus évident, ayant vécu toute son enfance dans le milieu de l’élevage et connaissant ainsi en partie le métier, ce n’est pas le cas de la grande majorité de ces reconvertis, à l’image d’Alliaume Tixier, encore consultant en transformation digitale il y a 9 mois de cela.

« Je n’ai jamais été bricoleur : je n’avais qu’un tournevis chez moi », plaisante ce jeune père de famille lyonnais, dans un témoignage au Figaro. Pourtant, un déclic s’est produit alors qu’il faisait des travaux chez lui : « J’ai vu comment le plombier gérait ses équipes. C’est là que je me suis dit : “C’est ce que je veux faire tous les jours” ». Là encore, le jeune homme s’est donc formé au métier et a pu décrocher son CAP de plomberie.

« Dans mon ancien boulot, je n’avais pas vraiment de rythme, je me sentais parfois désœuvré. Maintenant, je me lève tôt le matin, je vois l’impact de mon travail, je réponds aux besoins précis de mes clients. Et tout le monde est concerné de bout en bout », se réjouit-il.

Quelles motivations animent ces reconvertis ?

Le salaire n’est donc plus la force motrice qui nourrit le choix d’un métier. Cette étude traduit un phénomène croissant de donner du sens à son activité professionnelle.

Or, le travail produit dans les bureaux et, encore plus au sein des sièges sociaux, ne permet pas de visualiser le fruit concret de son action. Aussi, nombre de ces salariés aspirent à une reconversion vers l’artisanat, le commerce ou l’agriculture afin de ressentir, entre autres, la satisfaction d’une production manuelle, concrète et visible dans l’immédiat,

L’étude de L’Atelier des chefs révèle ainsi que 30% des sondés évoquent l’idée de cette fierté ressentie lors d’une production manuelle. 25% abordent aussi le sentiment d’ennui prégnant lors de leur travail actuel et 24% considèrent une reconversion comme une opportunité d’indépendance et de devenir son propre patron, rapporte ainsi Le monde des artisans

Les moins de 35 ans ne sont d’ailleurs pas freinés par la peur d’une diminution de salaire, étant 68% à estimer que ces métiers de l’artisanat peuvent procurer une bonne rémunération.

Parallèlement, l’arrivée de l’intelligence artificielle (IA) qui tendrait à remplacer l’activité intellectuelle dans nombre de métiers, semble conforter la décision de 61% des sondés à quitter ces activités pour intégrer des professions où il y a peu de chances que l’IA intervienne.

Pour Nicolas Bergerault, co-fondateur de L’atelier des Chefs, « ce sondage confirme qu’il n’y a pas d’âge pour se reconvertir. Les métiers de la main et de l’humain recrutent, permettent d’espérer de confortables revenus et ont besoin de bras, que l’IA ne viendra pas remplacer. A-t-on déjà vu ChatGPT couper des cheveux ou préparer le dîner de ce soir? »

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.