BlackRock, le numéro un mondial de la gestion d’actifs, enregistre une perte de 1,7 billion de dollars cette année

Par Andrew Moran
25 juillet 2022 01:23 Mis à jour: 25 juillet 2022 09:25

Selon son propre rapport, BlackRock, la plus grande société d’investissements au monde avec environ 8,49 billions de dollars d’actifs, a enregistré une perte de 1,7 billion au cours du premier semestre 2022.

Il s’agit de la plus grosse somme d’argent jamais perdue par une société en l’espace de six mois, selon Marc Rubenstein, analyste chez Bloomberg.

Dans le rapport sur les bénéfices nets ajustés du deuxième trimestre de la société, le PDG de BlackRock, Larry Fink, a attribué cette immense perte à l’effondrement des marchés financiers. Cette chute est due, selon lui, à un environnement où se mêlent l’inflation galopante des prix, une hausse des taux d’intérêt et un marché en pleine crise.

« Le premier semestre 2022 s’est déroulé dans un environnement d’investissement que nous n’avions pas connu depuis des décennies », a déclaré Fink dans un communiqué. « Les investisseurs doivent simultanément faire face à une inflation élevée, à des taux en hausse et au pire début d’année pour les actions et les obligations depuis un demi‑siècle. »

Selon Marc Rubenstein, le géant de l’investissement s’est trop focalisé sur les fonds à gestion passive. Seul un quart des actifs de BlackRock ont été gérés activement « pour dépasser un indice de référence » d’ici la fin du trimestre avril‑juin, précise‑t‑il. Au total, les fonds passifs actions de la société sont 10 fois plus importants que les fonds actifs, « bien qu’elle applique quelques stratégies actives ou alternatives sur des fonds multi‑actifs et qui réduisent l’écart », note l’analyste.

Larry Fink, PDG de BlackRock, lors du Forum économique mondial à Davos, le 23 janvier 2020. (Fabrice Coffrini/AFP via Getty Images)

Le rapport met également en évidence un ralentissement des apports aux fonds d’investissement principaux de la société à New York. Ils se sont élevés à 69 milliards de dollars au cours du trimestre. Ce montant est inférieur de 40 milliards de dollars aux prévisions des analystes et en baisse par rapport aux 114 milliards de dollars du trimestre précédent.

Aujourd’hui, les principaux placements de BlackRock sont concentrés dans le secteur technologique, avec des positions dans Apple, Amazon, Microsoft et Tesla Motors.

Le bénéfice ajusté de BlackRock s’est établi à 1,12 milliard de dollars, soit 7,36 dollars par action. Il s’agit d’une baisse par rapport à 1,61 milliard de dollars, ou 10,45 dollars par action, enregistrés à la même période il y a un an. Il est également inférieur à l’estimation moyenne des analystes, qui était de 7,90 dollars par action.

Les analystes de Morningstar sont toujours longs sur BlackRock.

« Il n’y a pas eu grand‑chose dans les rémunérations du deuxième trimestre de BlackRock avec leur énorme avantage concurrentiel qui puisse modifier notre vision à long terme de la société », a écrit Greggory Warren, analyste chez Morningstar, dans une note récente. « Nous laissons en place notre estimation de la juste valeur de 850 dollars par action et considérons que les actions sont sous‑évaluées. BlackRock reste notre meilleur choix parmi les gestionnaires d’actifs américains plus traditionnels que nous couvrons. Les actions de la société se négocient actuellement avec une décote de 30% par rapport à notre estimation de la juste valeur, contre 20% en moyenne pour les neuf sociétés que nous couvrons, et elles représentent un point d’entrée solide pour les investisseurs à long terme. »

BlackRock procède à des ajustements

Après avoir enregistré une baisse de ses bénéfices trimestriels, la société BlackRock a confirmé qu’elle se serrait la ceinture et retardait ses efforts d’embauche.

Les frais généraux et administratifs ont augmenté de 12% d’une année sur l’autre, principalement en raison de la hausse des dépenses relatives au retour des travailleurs au bureau, de l’équipement informatique aux investissements en matière de santé et de sécurité.

« Nous sommes conscients de l’environnement actuel et nous gérons de manière proactive le rythme de ce que j’appellerais certains de nos investissements discrétionnaires », a déclaré Gary Schedlin, directeur financier, aux analystes lors d’une conférence téléphonique.

La société a également révélé qu’elle allait explorer les actifs numériques. En 2017, Fink avait pourtant qualifié le bitcoin d’ « indice de blanchiment d’argent ». Il a déclaré que les investisseurs institutionnels sont toujours intéressés par cette partie du marché, même si les prix des devises numériques se sont effondrés cette année.

« Le marché des crypto‑actifs a connu une forte baisse des cours ces derniers mois. Mais nous constatons toujours plus d’intérêt de la part des clients institutionnels sur la façon d’accéder efficacement à ces actifs », a déclaré Fink.

Fink a expliqué aux analystes que les clients de BlackRock se tournaient massivement vers les monnaies comme valeur refuge dans le marché très volatil d’aujourd’hui.

« Maintenant, une courbe de rendement inversée a fait des devises non seulement une valeur sûre, mais aussi une valeur plus rentable pour les investisseurs », a‑t‑il déclaré.

Les rendements à deux et à dix ans se sont inversés, et l’écart est d’environ ‑25 points de base. C’est l’inversion la plus importante depuis plus de vingt ans, selon Nancy Tengler, PDG et CIO de Laffer Tengler Investments.

En effet, l’enquête menée en juillet par la Bank of America auprès des gestionnaires de fonds a révélé que les investisseurs sont parqués dans des devises au taux le plus élevé depuis 2001, tandis que les allocations d’actifs sont au plus bas depuis la crise financière de 2008‑2009.

Malgré la forte baisse des actions, Fink estime que les investisseurs peuvent rester tranquilles.

« Une personne très célèbre m’a appelé, paniquée : ‘Que dois‑je faire, il faut que je me retire, je ne tiendrai pas, je ne tiendrai pas’. Et j’ai répondu : ‘Partez en vacances’ », a déclaré Fink dans une interview avec Jim Cramer de CNBC. « Si vous ne pouvez vraiment pas tenir, alors vendez. Mais la réalité, nous l’avons vu, c’est que l’inflation va être stabilisée à terme. »

En ce qui concerne une éventuelle récession, Fink pense que si les États‑Unis sont au milieu d’un ralentissement économique, « il sera assez léger ».

« Les fondements financiers des États‑Unis sont aussi solides aujourd’hui qu’autrefois », a‑t‑il ajouté.

Les actions de BlackRock ont chuté d’environ 30% depuis le début de l’année et se négocient autour de 639 dollars.

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