Cambodge: des experts de l’ONU dénoncent la condamnation « honteuse » d’un jeune autiste

Par Epoch Times avec AFP
2 novembre 2021 12:00 Mis à jour: 2 novembre 2021 16:25

La condamnation lundi par la justice cambodgienne d’un adolescent atteint d’autisme, fils d’un opposant, est une « honte », se sont indignés mardi plusieurs experts de l’ONU, réclamant aux autorités d’« arrêter d’utiliser les tribunaux pour persécuter les personnes qui défendent les droits humains ».

La condamnation « d’un mineur atteint d’un trouble du spectre de l’autisme est un nadir honteux dans la campagne continue d’intimidation et de violence des autorités contre la société civile et les militants d’opposition », dénoncent dans un communiqué trois experts, dont le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme au Cambodge, Vitit Muntarbhorn.

« Empêcher sa mère de manifester pour la libération de son mari »

Pour eux, cette décision est « une tentative très transparente des autorités pour empêcher sa mère de manifester pour la libération de son mari ». 

Kak Sovann Chhay, 16 ans, fils d’une figure de l’opposition cambodgienne, avait été arrêté en juin et placé en détention pour avoir diffusé des messages jugés insultants envers le gouvernement sur Telegram.

La justice cambodgienne l’a condamné lundi à huit mois d’emprisonnement, dont une partie avec sursis, pour incitation à la violence et insulte à des agents publics, a indiqué la mère du jeune homme, précisant qu’il devrait être libéré le 9 novembre.

L’épouse du militant du CNRP emprisonné Kak Komphear, pleure alors qu’elle tient une photo de son mari devant le tribunal municipal de Phnom le 14 janvier 2021. Photo de Tang Chhin SOTHY / AFP via Getty Images.

Elle a ajouté qu’elle ne ferait pas appel de la décision.

Kak Komphea, membre de la principale force d’opposition du pays

Le père de l’adolescent, Kak Komphea, était membre du Parti du sauvetage national du Cambodge, la principale force d’opposition du pays, dissoute en 2017. Actuellement en détention, il fait partie des plus de 150 opposants jugés à huis-clos depuis novembre 2020, accusés d’avoir comploté pour renverser le régime.

Dans leur communiqué intitulé « Arrêtez d’utiliser les tribunaux pour persécuter les personnes qui défendent les droits humains », ces experts, qui sont mandatés par l’ONU mais ne s’expriment pas au nom de l’organisation, ont aussi accusé le pouvoir cambodgien de transformer le système judiciaire « en arme pour réduire au silence toute forme de dissension, y compris un militantisme pacifique qui est pourtant protégé par le droit à s’exprimer librement ».

Des membres de l’opposition et des militants emprisonnés sont assis dans un camion-prison devant le tribunal municipal de Phnom Penh à Phnom Penh le 14 janvier 2021, lors d’un procès de masse contre plus de 100 membres

Ils citent notamment la condamnation le 26 octobre à 20 mois de prison ferme et 500 dollars d’amende de sept membres de Khmer Thavrak et de la Khmer Student Intelligent League Association, qui font campagne pour les droits de l’homme, la protection de l’environnement et la justice sociale.

Hun Sen au pouvoir depuis 36 ans musèle toute sorte d’opposition

Mais aussi la condamnation, dans le même dossier, de sept membres du Parti du sauvetage national du Cambodge.

Fin octobre, 25 défenseurs des droits de l’homme étaient emprisonnés au Cambodge, soit le nombre le plus élevé depuis 2 ans, soulignent-ils.

Le Premier ministre cambodgien Hun Sen à l’Assemblée générale des Nations Unies à New York le 28 septembre 2018. Photo de KENA BETANCUR / AFP via Getty Images.

Outre Vitit Muntabhorn, Irene Khan, Rapporteure spéciale pour la promotion et la protection de la liberté d’opinion et d’expression, ainsi que Mary Lawlor, Rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits humains, réagissent à la condamnation d’une quinzaine de militants des droits humains, de la défense de l’environnement ou de la justice sociale, signent le communiqué.

Le Premier ministre Hun Sen au pouvoir depuis 36 ans musèle toute opposition. Lors des dernières législatives de 2018, son parti a raflé l’intégralité des sièges au Parlement, des résultats vivement contestés.


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