En cas d’invasion chinoise, Taïwan se défendra différemment de l’Ukraine

Par Frank Fang
17 mars 2022 16:43 Mis à jour: 17 mars 2022 16:43

Les stratèges militaires du monde entier analysent la guerre qui se déroule en Ukraine, en particulier la manière dont les Ukrainiens ont réussi à bloquer l’avancée militaire de la très puissante Russie en utilisant des armes mobiles, tels que les lance‑missiles antichars Javelin et le système de défense aérienne portable Stinger.

Les stratèges n’hésitent pas à faire des parallèles avec Taïwan, car l’île pourrait également être confrontée sous peu à un ennemi beaucoup plus puissant, la Chine. Le PCC peut décider suivre l’exemple russe et envahir son voisin au fonctionnement démocratique.

Toutefois, un spécialiste de la question chinoise basé à Taïwan fait remarquer que l’Ukraine et Taïwan présentent des différences fondamentales. L’Ukraine partage une frontière terrestre avec la Russie, alors que le détroit de Taïwan sépare l’île de la Chine continentale.

Selon Ding Shuh‑fan, professeur émérite de l’Institut d’études supérieures de l’Asie de l’Est à l’Université nationale Chengchi de Taïwan, pour Epoch Times, si les Taïwanais utilisaient les systèmes Javelin ou Stinger pour se défendre, cela signifierait que l’armée chinoise serait sur le point de débarquer ou l’aurait déjà fait. Compter sur ce type d’armes est donc loin d’être la défense la plus adaptée ici.

« Le mieux pour Taïwan, ce serait que que les forces de débarquement chinoises ne puissent pas du tout l’atteindre », explique M. Ding.

« Par exemple, si les forces militaires chinoises commençaient à se rassembler, disons dans la province du Fujian, nous pourrions potentiellement tirer des missiles à courte portée sur leurs ports, en particulier les ports militaires, ou frapper leurs péniches de débarquement. » Le Fujian est une province du sud de la Chine située en face de Taïwan.

Bien sûr, poursuit, M. Ding, lorsque l’armée chinoise sera proche des côtes, Taïwan pourra recourir aux systèmes Javelin et Stinger, comme l’ont fait les Ukrainiens, ainsi qu’au tir de missiles à courte portée sur leurs avions de chasse.

Les navires de la classe corvette produits par Taïwan montrent leur aptitude au combat lors d’un exercice au large de la ville de Keelung, dans le nord du pays, le 7 janvier 2022. (Sam Yeh/AFP via Getty Images)

Le Parti communiste chinois (PCC) considère Taïwan comme une partie de son territoire, mais dans les faits l’île est une entité indépendante dotée de son propre gouvernement démocratique et libéral. En octobre, le dirigeant chinois Xi Jinping a promis de « réunifier » Taïwan avec la Chine, et que cet objectif serait « définitivement réalisé ».

L’invasion de l’Ukraine par la Russie alimentent les spéculations quant aux projets de Xi Jinping. Va‑t‑il suivre les traces de Vladimir Poutine et envahir Taïwan ?

Selon M. Ding, le scénario le plus probable est que la Chine commencera à attaquer Taïwan en lançant une série de missiles par‑dessus le détroit avant de marquer un court temps d’arrêt pour évaluer le résultat des frappes.

Pendant cette courte interruption, Taïwan devra rassembler ses forces, mettre au point une contre‑attaque pour frapper les installations militaires chinoises, notamment les ports, les stations radar et les sites de lancement de missiles. Le but ultime étant d’empêcher les forces d’invasion chinoises de traverser le détroit.

M. Ding estime que la stratégie de défense de Taïwan en vigueur – connue sous le nom de « défense résolue et dissuasion multidomaine » – est tout à fait adaptée. Il rappelle que l’île possède une des plus grandes quantités de missiles au monde.

Au mois de février, les États‑Unis ont approuvé la possible vente de 100 millions de dollars d’équipements et services pour permettre à l’île « de renforcer le système de défense antimissile du pays et à assurer le bon déroulement des opérations aériennes ».

Au mois de mai 2019, la présidente de Taïwan, Tsai Ing‑wen, tenait une conférence de presse expliquant la nécessité pour l’île de poursuivre le développement de ses capacités de guerre afin de réduire le déséquilibre face aux menaces militaires chinoises. À cet effet, elle faisait savoir que la production locale de sous‑marins, de missiles anti‑aériens et anti‑navires allait s’accélérer.

Les sous‑marins pourraient contrer efficacement la flotte chinoise, estime M. Ding, en se positionnant sur les trajets prévus par les navires ennemis et en réduisant leurs chances de débarquer.

Pour M. Ding, il serait également judicieux que Taiwan optimise son autodéfense en formant des réservistes et en poussant les compagnies privées à élaborer leurs stratégies de défense si leurs installations étaient touchées par des missiles chinois.

Le ministère taïwanais de la Défense a annoncé que 15 000 réservistes participeront à un programme d’entraînement renforcé pendant 14 jours dans 24 bataillons répartis sur l’île cette année, selon l’agence de presse gouvernementale Central News Agency.

Enfin, l’autodéfense taïwanaise peut encore être améliorée si davantage de soldats taïwanais suivent un entraînement militaire américain, ajoute M. Ding.

En 2021, Mme Tsai a avoué qu’un petit nombre de soldats américains formaient des militaires taïwanais sur l’île.

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