Charente-Maritime: un médecin empêché d’exercer sur l’île d’Aix, pour des raisons administratives

Par Emmanuelle Bourdy
21 juillet 2022 23:40 Mis à jour: 21 juillet 2022 23:40

Le docteur Coulibeuf avait été ému par la situation de l’île d’Aix (Charente-Maritime), qui cherchait désespérément un médecin généraliste. L’anesthésiste-réanimateur avait alors proposé ses services. Mais un fâcheux incident d’ordre administratif s’est mis en travers de sa route, empêchant le spécialiste d’exercer. Le maire de l’île d’Aix, Patrick Denaud, a manifesté sa colère et son incompréhension.

Sur l’île d’Aix (Charente-Maritime), comme il n’y avait plus de médecin généraliste, le docteur Coulibeuf avait tout naturellement postulé. Mais le Conseil de l’ordre lui refuse l’exercice de la médecine générale, ainsi que le rapporte France 3 Nouvelle Aquitaine.

« J’ai eu l’ARS qui m’a accueilli à bras ouvert, j’ai eu la CPAM qui m’a accueilli les bras ouverts »

Le maire de la commune avait lancé un appel dans un reportage diffusé sur France 3 le 5 juillet dernier, pour trouver un remplaçant au docteur Laprade, contraint de cesser d’exercer pour raisons médicales. C’est ainsi que le docteur Coulibeuf s’était présenté, face à l’urgence de la situation de cette île.

L’île d’Aix a vraiment besoin d’un généraliste, avec ses 5000 visiteurs quotidiens en moyenne et ses 2000 résidences secondaires. Et tout avait cependant bien commencé pour le docteur Coulibeuf. Que ce soit l’ARS, la CPAM ou les élus et habitants de la commune, tout le monde l’a accueilli à bras ouvert. Seul le conseil de l’ordre a posé problème.

« J’ai prêté le serment d’Hippocrate il y a maintenant quarante ans et c’est la première fois de ma vie que je suis obligé de rompre ce serment pour des raisons administratives », explique à France 3 le spécialiste, qui est parti de Hyères vendredi dernier pour rejoindre l’île.

« D’un point de vue réglementaire, le problème est réglé »

« Je suis en stand-by parce qu’un médecin ne peut remplacer qu’un médecin de même spécialité. Dans mon esprit un peu étriqué, je pensais que, qui peut le plus peut le moins, mais apparemment non. Le docteur Laprade ne peut être remplacé que par un généraliste. C’est un peu déprimant parce qu’on entend toujours parler des déserts médicaux et quand quelqu’un vient proposer ses services, on lui met des bâtons dans les roues », se désole le docteur Coulibeuf.

Mais selon le Président du Conseil de l’ordre des médecins de Charente-Maritime, le docteur Philippe Henry, « d’un point de vue réglementaire, le problème est réglé ». « S’il y avait une dérogation possible, elle ne se ferait qu’au niveau de l’ordre national et après accord gouvernemental », indique-t-il à France 3, soulignant au passage que la décision a été prise par son homologue du Var. Il précise par ailleurs que cette décision protège aussi bien ce médecin que la population. « Cela fait trente ans que j’exerce la médecine générale en milieu rural, c’est une spécialité qui est extrêmement difficile », argumente-t-il, ajoutant que « ce principe n’a jamais été remis en cause ».

« Il faut tenir compte de l’insularité »

Mais le maire de l’île d’Aix, Patrick Denaud, ne l’entend pas de cette oreille et en appelle « au ministre ou au conseil de l’ordre national pour que cette situation rentre dans l’ordre rapidement ». Pour l’édile, non seulement le docteur Coulibeuf a « toutes les qualités pour faire ce remplacement », mais de plus, sur cette île, des milliers de personnes passent chaque jour.

L’élu indique encore qu’un article de loi a été voté en décembre dernier, stipulant « qu’il faut tenir compte de l’insularité » et faire preuve « de souplesse et d’adaptation dans des cas particuliers ». « Je crois que l’on est dans ce cas particulier », soulève-t-il. Cependant, France 3 mentionne que cette loi ne s’applique pas sur des questions sanitaires, mais seulement « dans le cadre de problématiques de développement durable ».

De son côté le docteur Coulibeuf a essayé de faire appel au Conseil national de l’ordre des médecins. En attendant, les habitants et les estivants sont toujours sans généraliste et vont devoir s’en passer durant l’été.

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