Chine: libérée, la veuve du dissident Liu Xiaobo en route pour Berlin

10 juillet 2018 08:55 Mis à jour: 14 juillet 2018 22:56

La veuve du dissident chinois et prix Nobel de la paix Liu Xiaobo, qui était maintenue de facto en résidence surveillée à Pékin, s’est envolée mardi pour se rendre à Berlin, près d’un an jour pour jour après la mort en détention de son mari.

La poétesse Liu Xia, 57 ans, n’était plus libre de ses mouvements depuis que son époux avait obtenu le prix Nobel en 2010, une situation qui n’avait pas changé depuis le décès de ce dernier en juillet 2017 d’un cancer du foie.

Son espoir de pouvoir quitter la Chine avait été déçu à plusieurs reprises depuis un an, selon ses proches. « Aujourd’hui vers 11H00 heure locale (03H00 GMT), Liu Xia a pris un vol de (la compagnie aérienne finlandaise) Finnair » depuis l’aéroport de la capitale chinoise, a annoncé à l’AFP Ye Du, un ami du couple. L’avion est à destination d’Helsinki.

Pékin a indiqué que la veuve du dissident avait pour destination finale l’Allemagne, confirmant une information donnée par plusieurs de ses amis et par l’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International.

« Le voyage de Liu Xia en Allemagne pour un traitement médical est conforme à sa volonté », a déclaré Mme Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse régulière.

L’écrivain chinois dissident Liao Yiwu, un proche de Mme Liu qui vit à Berlin et devrait l’accueillir dans la capitale allemande, a manifesté sa joie sur Twitter: « je suis tellement, tellement, tellement heureux ! Enfin, enfin Xia arrive aujourd’hui!! ».

Son mari Liu Xiaobo avait  reçu le prix Nobel de la paix 

Son mari Liu Xiaobo avait été condamné en 2009 à 11 ans de prison pour « subversion » pour avoir cosigné un appel en faveur d’élections libres en Chine.  Le régime communiste avait très mal pris l’octroi du prix Nobel de la paix à Liu Xiaobo l’année suivante et avait rejeté tous les appels à sa libération, y compris lorsque le dissident avait été diagnostiqué d’un cancer du foie en 2017.

Hospitalisé mais empêché de quitter la Chine pour se faire soigner à l’étranger, Liu Xiaobo était devenu le premier lauréat du Nobel de la paix à mourir en détention depuis un opposant allemand enfermé par les nazis dans les années 1930. Il était âgé de 61 ans.

Mme Liu, reconnaissable à sa coupe de cheveux très courte, restait depuis lors sous très étroite surveillance du régime communiste, même si elle n’a jamais fait l’objet d’une quelconque condamnation. Les autorités chinoises assuraient pourtant qu’elle était libre de ses mouvements.

Plusieurs diplomates étrangers avaient toutefois été refoulés en mai de sa résidence à Pékin alors qu’ils tentaient de lui rendre visite. Selon Liao Yiwu, la poétesse avait confié par téléphone qu’elle était prête à « se laisser mourir », les autorités chinoises lui interdisant de quitter le pays.

 Liu Xia, coupée du monde a beaucoup souffert toutes ces années 

Le départ de Liu Xia intervient au lendemain d’une rencontre entre le Premier ministre chinois Li Keqiang et la chancelière allemande Angela Merkel. En mai, plusieurs dizaines d’artistes et d’écrivains, en France et aux Etats-Unis, avaient appelé publiquement les autorités chinoises à libérer la poétesse.

« Il est vraiment merveilleux que Liu Xia soit finalement autorisée à quitter la Chine après tout ce qu’elle a souffert toutes ces années », a déclaré Patrick Poon, d’Amnesty international. « Elle souffre de dépression. Il est bon qu’elle puisse recevoir un traitement à l’étranger », a-t-il ajouté.

M. Poon s’est cependant dit inquiet quant au sort du frère de Liu Xia, Liu Hui, qui reste en Chine. Liu Xia « n’osera peut-être pas parler autant qu’elle le voudrait par peur pour le sort de son frère », a-t-il observé.

Rien ne laissait présager un départ aussi rapide de la veuve du dissident. Lundi, l’immeuble où elle habitait était toujours sous la surveillance de plusieurs gardiens.

Malgré la sécurité renforcée, l’AFP avait pu rencontrer Liu Xia dans son appartement, mais celle-ci s’était refusée à toute interview, disant craindre des mesures de rétorsion contre son frère.

DC avec AFP

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