En Chine, il n’y a pas que l’économie qui compte!

Par Thomas McArdle
16 janvier 2023 16:07 Mis à jour: 16 janvier 2023 20:06

Le célèbre slogan “It’s the economy, stupid!”, que l’on pourrait traduire par « L’économie, c’est cela qui compte, imbécile ! », a fait gagner Bill Clinton face à George Bush lors de sa campagne présidentielle en 1992. Mettre l’accent sur l’économie s’est avéré une stratégie efficace pour Bill Clinton, qui a remporté les élections deux fois, en 1992 et 1996, et a qui a gouverné l’Amérique pendant huit ans.

Pendant de nombreuses années, en Occident, un grand nombre de personnes très intelligentes croyaient que l’ouverture au capitalisme et à son économie de libre marché apporterait lentement, mais sûrement, la liberté à la Chine communiste, que le régime de Pékin, à un moment donné, cesserait d’être l’ennemi du monde libre, et que nos intérêts politiques et de sécurité nationale devraient prendre en compote cette évolution réjouissante à long terme.

Il y a dix ans, certains analystes sont allés même jusqu’à affirmer que le Parti communiste chinois (PCC) « a pris ses distances par rapport à l’idéologie radicale ; il n’est plus communiste que de nom », ajoutant que « ces dernières années, Internet a permis aux Chinois d’exprimer leur opinion politique ».

Cependant, ces derniers jours, deux nouveaux éléments se sont ajoutés à la montagne de preuves que ces personnes intelligentes n’étaient pas aussi intelligentes qu’elles le pensaient. Tout d’abord, plus de la moitié des démocrates de la Chambre des représentants du Congrès des États-Unis ont voté, ensemble avec les républicains, en faveur d’une loi empêchant le président Joe Biden de vendre à la Chine du pétrole provenant de la réserve stratégique américaine.

C’était une reconnaissance bipartisane du fait que l’économie faisait depuis longtemps partie de la stratégie de domination mondiale du PCC.

Depuis 2015, Pékin a prodigué l’argent de l’État à dix secteurs industriels chinois dans le but de dominer le monde, notamment à l’intelligence artificielle, l’aérospatiale, la biotechnologie, la robotique, les transports, les cellules solaires et les logiciels/technologies de l’information. Les sociétés chinoises investissent également dans des entreprises de microprocesseurs dans le monde entier.

En outre, depuis au moins la fin des années 1990, l’État-parti chinois cherche à mettre fin au rôle du dollar en tant que monnaie d’échange mondiale et à installer un système d’échange de matières premières reposant sur le yuan. En effet, la Russie, l’Iran, le Venezuela et d’autres fournisseurs de pétrole acceptent désormais le yuan dans leurs transactions avec la Chine – le pays qui importe plus de pétrole et de gaz naturel liquéfié que tout autre pays au monde. Il y a moins de deux ans, les contrats à terme sur le pétrole évalués en yuans, qui couvraient 23 pays et régions, dépassaient 44.000 milliards de yuans, soit 6.700 milliards de dollars. La Chine sera ainsi à l’abri des sanctions, ce qui lui sera très pratique en cas de son invasion de Taïwan ou d’une autre agression militaire suscitant l’indignation des puissances occidentales qui, jusqu’à présent, se sont montrées tolérantes envers le comportement répréhensible de Pékin.

Le programme titanesque chinois « Belt and Road Initiative – BRI », souvent qualifié de « nouvelle route de la soie », ressemble à une vaste toile d’araignée visant à engluer un maximum de pays du tiers-monde dans le piège d’une dette insolvable liée à des projets douteux. Des projets comme, par exemple, la ligne ferroviaire à grande vitesse au Laos qui coûtera l’équivalent de la moitié du PIB du pays. Le 11 janvier, en Éthiopie, le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, s’est montré irrité lorsqu’il a dû aborder la question de l’endettement de l’Afrique, qualifiant cette accusation de « piège narratif ».

Pourtant, les récentes révélations concernant le projet ferroviaire de plusieurs milliards de dollars entre Mombasa et Nairobi, au Kenya, financé par la Chine, montrent que, entre autres choses corrompues, le prêt chinois exige que les litiges soient arbitrés uniquement à Pékin, sans aucun droit d’appel, et que le contrat soit entièrement régi par les lois de la Chine communiste.

Les considérations militaires sont aussi évidentes dans les prêts chinois. Par exemple, après avoir convaincu le Sri Lanka d’emprunter auprès de banques chinoises pour financer de nouvelles infrastructures dans son port de Hambantota, ce pays insulaire a fait face au défaut de paiement lorsque le projet s’est avéré un échec commercial. Et Pékin a pris le contrôle du port – un atout naval inestimable, à proximité de son adversaire, l’Inde.

Le deuxième événement qui efface les restes de l’optimisme à l’égard du régime chinois est la descente du FBI, l’automne dernier, dans ce qu’on appelle un « poste de police chinois » dans le quartier chinois de Manhattan. Ce n’est qu’un des plus de 100 « postes de service à l’étranger » opérant illégalement dans des dizaines de pays. Dans ces « postes », des agents des forces de l’ordre de Pékin effectuent des activités allant du renouvellement de permis de conduire chinois au harcèlement de dissidents anti-régime vivant à l’étranger. L’année dernière, un bon nombre de résidents américains d’origine chinoise ont été inculpés pour des crimes liés à de telles activités à la solde du régime chinois.

En 2019, Newt Gingrich, l’ancien président de la Chambre des représentants, a déclaré au journal The Hill au sujet de l’admission de la Chine au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui a été soutenue par l’Amérique et d’autres pays occidentaux : « Nous pensions que le fait de les faire entrer dans un système fondé sur des règles imprégnerait progressivement leur culture et que ce serait un grand pas dans la bonne direction (…) C’était tout à fait faux (…) Les Chinois, en fait, ont décidé de corrompre l’OMC plutôt que d’être changés par elle. » On peut également noter que, en prétendant être un « pays en développement », la Chine a obtenu un statut qui lui permet toujours de profiter de dérogations au sein de l’OMC.

Quatre mois après le début de la présidence de Bill Clinton, en 1993, il a plaidé en faveur du statut de nation la plus favorisée pour la Chine continentale. « Les habitants de Shanghai et de Guangzhou sont bien plus motivés par les marchés que par Marx ou Mao », a-t-il annoncé, ajoutant que « nous avons bon espoir que le processus de développement et de réforme économique de la Chine s’accompagne d’une plus grande liberté politique. D’une certaine manière, ce processus a commencé. La classe moyenne chinoise émergente oriente les antennes des nouveaux téléviseurs vers Hong Kong pour capter les émissions de CNN. Les téléphones cellulaires et les télécopieurs véhiculent des notions implicites de communications plus libres ».

Il est bon de rappeler que ceux qui se sont exprimés sur le régime chinois au cours des dernières décennies n’étaient pas tous trompés par l’illusion quant au pouvoir du libre marché et de la télévision par câble de transformer la Chine post-Mao en Hong Kong. Par exemple, Greg Kaza, directeur du centre de recherche économique Arkansas Policy Foundation, grâce à sa connaissance de l’histoire de la Chine moderne, a toujours été sceptique quant à l’efficacité de l’engagement économique à transformer le régime chinois en ami de l’Occident. Il y a plus de dix ans, il a lancé un avertissement prophétique sur la détermination de la Chine à remplacer le dollar par le yuan, après avoir parrainé une résolution demandant à ne pas régulariser le statut commercial international de la Chine.

La prospérité durable de la Corée du Sud n’a pas réussi à faire bouger d’un pouce la Corée du Nord dans l’oppression totalitaire de son propre peuple. Pour un Occidental, il peut sembler insensé que le premier ministre chinois Xi Jinping voie les exemples de Hong Kong, de Taïwan ou du Japon sans reconnaître les avantages de la liberté pour son peuple. Mais Xi Jinping se souvient sans doute des paroles de son prédécesseur, Mao Zedong, le fondateur de l’État sur lequel Xi Jinping a maintenant aussi un contrôle total et apparemment permanent. Mao Zedong a dit : « Le pouvoir sort du canon d’un fusil. »

Thomas McArdle a été le rédacteur de discours de George W. Bush. Il s’exprime désormais sur IssuesInsights.com

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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