Colombie: les commandos de la jungle, autres acteurs méconnus du sauvetage des enfants

Par Epoch Times avec AFP
12 juin 2023 10:40 Mis à jour: 12 juin 2023 10:58

Un duo gagnant, disent-ils. Volontaires indigènes, aux côtés de l’armée : les commandos colombiens, parmi les plus aguerris au monde, ont eux aussi joué un rôle clé dans le sauvetage miraculeux de quatre enfants perdus dans la jungle pendant 40 jours.

« Ce fut un amalgame réussi entre les savoirs indigènes et l’art militaire », a loué dimanche le général Pedro Sanchez, qui a dirigé les opérations de recherche. Peau tannée par le soleil, le regard franc et la parole directe, le général Sanchez est aussi le patron du Commandement des opérations spéciales conjointes (CCOES) des forces armées colombiennes.

Ce sont ses hommes des forces spéciales qui ont pris part aux épuisantes marches quotidiennes dans la jungle hostile du Caqueta, où s’est écrasé le 1er mai l’avion transportant les enfants et trois adultes (dont leur mère) décédés dans l’accident. Pour eux « ce fut une mission différente » des habituels combats contre les multiples groupes armés opérant dans le pays.

Secourir des enfants ? « Toujours nous sauvons et nous protégeons des vies, y compris lors de nos missions de combat », a souligné le général Sanchez. Comme pour défendre une institution souvent mise en cause pour les exécutions sommaires commises lors du long conflit interne qui a saigné le pays, sa collusion avec les paramilitaires d’extrême-droite ou la complicité d’officiers avec les narcotrafiquants. Ici, « échouer ou abandonner n’était pas une option », a-t-il affirmé, et ce sont ses hommes, « soldats les plus entrainés de l’armée colombienne » mais que « personne ne connait dans les médias », qui ont accompli « l’impossible ».

Des éléments d’élite de trois corps d’armée

Le CCOES est un peu l’équivalent colombien du Commandement des opérations spéciales (COS) français ou de l‘United States Special Operations Command (USSOCOM) avec ses célèbres bérets verts et autres « Delta Force ». Se disant dans ses vidéos à l’attention du public la « garde d’honneur de la Colombie », sa devise est « Union, intégrité, victoire ».

Créé en 2007, le CCOES regroupe des éléments d’élite de l’armée de terre, de l’armée de l’air et de la marine, et travaille en étroite coopération avec l’allié nord-américain. Selon des articles de la presse spécialisée, il compterait environ 3000 hommes, avec trois composantes, terre, urbaine et mer et une quatrième composante de soutien aérien.

Leur mission première est « la planification et l’exécution d’opérations spéciales à l’intérieur et à l’extérieur du territoire national contre des groupes terroristes, des cibles de grande valeur et la criminalité organisée », a expliqué à l’AFP une source militaire colombienne. Le CCOES a pris part à la capture en octobre 2021 d’« Otoniel », le chef du Clan del Golfo, plus grand cartel du pays.

Soins infirmiers, recherche et sauvetage

Formés aux soins infirmiers, mais aussi à la recherche et au sauvetage, « ils ont été chargés de cette mission en Amazonie, non seulement en raison des conditions géographiques difficiles du terrain et de la difficulté d’accès, mais aussi parce que les dissidents de la guérilla des FARC opèrent dans cette région », a précisé cette source. Il existe d’autres unités de forces spéciales au sein des forces armées colombiennes, comme les commandos de marine, ou encore les COPES (équivalent du GIGN français) et les redoutables « Commandos jungle » de la police. En Colombie, la police est sous l’autorité du ministère de la Défense.

Ces soldats, notamment les « Commandos jungle », figurent « parmi les meilleures unités d’élite au monde », décrypte pour l’AFP un expert étranger qui les côtoie régulièrement. « Ils sont volontaires pour les missions les plus dangereuses. Ils ont une vie ascétique, ne touchent pas de prime, peuvent passer plusieurs mois en forêt. C’est extrêmement dur », souligne cette source ayant requis l’anonymat. « Être commando en jungle en Colombie, c’est être sûr que tu vas connaître l’expérience du feu à très courte distance, et souvent en infériorité numérique (…), c’est très risqué ».

« Humilité, « rusticité » et « engagement »

« Le patriotisme, ils pleurent en écoutant leur hymne national, et simplement la fierté d’appartenir à une unité d’élite ». « Ils mangent peu, ils boivent peu, ils dorment peu, le tout avec une forte exposition aux insectes, aux serpents et aux bestioles de toutes sortes », détaille le même expert, jugeant leur « niveau d’exposition sanitaire très élevée ».

« Tactiquement, le milieu et l’adversaire les empêchent d’avoir le moindre confort. Ils dorment rarement en hamac, sans bâche, sans rien. Ils vivent mouillés en quasi-permanence dans des conditions très dégradées pour ne pas faire de bruit au contact de l’adversaire ». « L’un de leur point fort est qu’ils disposent d’infirmiers de très bon niveau. Ils ont l’expérience de soins très poussés en milieu extrême et du sauvetage au milieu du combat, peu d’armée ont cette expérience », souligne la même source.

« Leur point faible est leur mode d’action parfois trop brutal, avec une grande accoutumance au danger et donc une prise de risque élevée, notamment des assauts verticaux par hélico pour faire le plus de dégâts à l’adversaire ». « En fait, ces militaires sont la quintessence du métier de soldat, en terme d’humilité, de rusticité et d’engagement », conclut la même source, « le tout avec des techniques pas trop élaborés et des moyens limités par rapport aux armées occidentales ».

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