Avec la reprise prochaine par Intermarché de 81 magasins Colruyt, la restructuration du paysage de la grande distribution se poursuit en France, où les rachats de grandes enseignes se succèdent dans un contexte de vigoureuse guerre des prix.
Mardi, l’enseigne belge Colruyt a annoncé que le groupement de distribution Les Mousquetaires/Intermarché, troisième acteur du secteur en France, « s’engageait à acquérir » 81 de ses magasins dans l’Hexagone.
Au total, Colruyt compte 104 magasins intégrés dans le pays, essentiellement situés dans le quart nord-est, et emploie près de 2300 personnes.
« Les résultats escomptés n'(avaient) pas été atteints »
Implanté en France depuis 1998, Colruyt Retail France évoquait en avril dernier des « conditions difficiles sur le marché français très concurrentiel de la distribution alimentaire », soulignant que « malgré d’importants efforts sur la rentabilité de ses activités françaises, les résultats escomptés n'(avaient) pas été atteints ».
« Bien que la contribution des magasins soit positive, ces activités ne sont pas d’une envergure qui permettrait d’atteindre un pouvoir d’achat suffisant, et couvrir les frais généraux et logistiques », analysait le groupe.
Après avoir étudié « différentes options stratégiques », Colruyt a jugé que « l’offre ferme » proposée par le Groupement Mousquetaires (enseignes Intermarché et Netto) « représenterait la solution la plus pérenne du fait de modes de fonctionnement similaires ».
Dans une « promesse unilatérale d’achat » reçue le 16 juin, le réseau Les Mousquetaires s’engage ainsi à acquérir, pour le compte de ses adhérents – des affilés indépendants – 81 magasins du réseau intégré français de Colruyt Group, pour un montant total d’environ 215 millions d’euros en numéraire », indique le groupe belge.
Cette « promesse d’achat prévoit également le transfert des salariés des points de vente concernés » précise Colruyt, qui mettra tout en oeuvre « pour garantir la continuité des opérations et, autant que possible, de l’emploi, y compris pour les activités et salariés qui ne seraient pas concernés par l’offre du Groupement Mousquetaires » – qui s’applique à 1300 salariés.
« Les fonctions support du siège de Rochefort-sur-Nenon (dans le Jura, NDLR), les 23 autres magasins Colruyt Prix Qualité, une station-service et les entrepôts de Dole Choisey, Rochefort-sur-Nenon et Gondreville-Fontenoy ne sont pas inclus dans l’offre ferme du groupement », précise Colruyt, qui indique également que « différentes offres ont été reçues de la part d’autres acteurs pour environ 15 magasins », sans plus de détails.
« Les derniers mois ont été particulièrement éprouvants pour nos collègues français et nous comprenons combien cette annonce peut être difficile. Bien que ce soit une annonce difficile, nous pensons qu’il s’agit de la solution la plus responsable », a déclaré le patron de Colruyt Group, Stefan Goethaert, cité dans le communiqué.
Le groupe belge – qui rappelle que les activités intégrées en France ont représenté une perte opérationnelle de plus de 20 millions d’euros dans ses résultats de l’exercice 2024/25 – va ainsi se concentrer davantage sur la Belgique et le Luxembourg, où il a réalisé près de 7 milliards d’euros de chiffres d’affaires dans le commerce de détail lors de l’exercice 2023/24.
Carrefour, E.Leclerc, Intermarché, poids lourds du secteur
Cette annonce intervient dans un contexte de restructuration du paysage de la grande distribution en France, sur fond de vigoureuse guerre des prix.
Carrefour, deuxième distributeur français derrière E.Leclerc, a ainsi finalisé mi-2024 l’acquisition des enseignes Cora et Match auprès du groupe Louis Delhaize.
De son côté, Intermarché a déjà repris près de 294 magasins Casino depuis 2023, le groupe stéphanois, en grave difficulté financière, ayant été contraint de se séparer de l’ensemble de ses hypermarchés et supermarchés, pour se recentrer sur ses chaînes de proximité Monoprix et Franprix.
Dans un communiqué distinct, le Groupement Mousquetaires confirme mardi une « offre ferme » et une « entrée en négociations exclusives ». Il précise qu’au niveau social, il « proposerait 175 postes en CDI aux salariés des bases logistiques de Colruyt Retail France SAS non concernés par le périmètre de l’offre, pour rejoindre ses bases de Dole du Jura et Pagny-sur-Meuse ».
Le distributeur français estime que le rachat pourrait être finalisé « au premier semestre 2026 », et souligne que « ce projet d’acquisition s’inscrit dans le plan stratégique du groupement qui vise à renforcer les positions de ses enseignes Intermarché et Netto en France, avec pour objectif d’atteindre 20% de parts de marché d’ici 2028 ».
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