Confronté au passé collaborationniste des communistes avec les nazis, Fabien Roussel s’insurge

Par Etienne Fauchaire
28 mars 2023 11:27 Mis à jour: 28 mars 2023 11:27

Interrogé vendredi dernier sur LCI à propos d’une mesure d’interdiction des symboles communistes en Pologne, le chef du Parti communiste français Fabien Roussel a dénoncé une politique « honteuse », invoquant notamment les sacrifices de membres du PCF « qui ont donné leur vie pour combattre le nazisme », y compris pendant la durée du pacte germano-soviétique. Pourtant, avant la rupture de cet accord entre l’Allemagne et l’URSS, le Parti communiste français a bel et bien appelé à la « fraternisation » avec les nazis au cours de l’occupation allemande en France et certains de ses membres se sont employés à des actions de sabotage en vue de saborder l’effort de guerre français.

Invité le 24 mars dans l’émission Le 20h de Darius Rochebin sur LCI, l’animateur éponyme a interrogé le chef du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, à propos des manifestations contre la réforme des retraites qui secouent actuellement la France. En fin d’interview, celui-ci était invité à réagir brièvement à une mesure de « décommunisation » adoptée par l’État polonais.

Fabien Roussel s’indigne

« [En Pologne], ils ont interdit à la fois les symboles fascistes, nazis, croix gammée, etc, mais aussi la faucille et le marteau en disant au fond qu’il y a eu des morts du goulag de la même façon qu’il y a eu les morts nazis. Est-ce que vous seriez favorable à ça ? », demande Darius Rochebin au chef de file du PCF, qui lui rétorque aussitôt : « C’est honteux quand je pense aux sacrifices de l’armée rouge pour libérer et leur pays et l’Europe du nazisme. C’est honteux quand je pense les sacrifices de ceux ici en France, membres du Parti communiste français, qui ont donné leur vie dans la résistance pour combattre le nazisme. »

Et l’animateur de rappeler implicitement que les communistes n’ont pas combattu contre les nazis pendant deux ans : « Après 1941, après la période où l’Union soviétique avait signé le pacte germano-soviétique… » De quoi aggraver l’ire de Fabien Roussel : « Non… Mais enfin… Je vais vous inviter à venir chez moi rendre hommage à ces jeunes tués à l’âge de 20 ans dès 1940, parce qu’ils étaient jeunes communistes et qu’ils se sont engagés dans la résistance. Nous allons pas avoir ce débat maintenant. En tout cas, nous étions, nous, du combat contre le nazisme et jamais je ne ferai l’amalgame avec ce parti national-socialiste qui a industrialisé la mort. »

Quand les communistes appelaient à « fraterniser » avec les nazis

Période de l’histoire souvent occultée, les communistes français, loin de résister, appelèrent pourtant à collaborer avec les nazis durant les presque deux années du pacte germano-soviétique (23 août 1939 – 22 juin 1941).

Le 3 septembre 1939, après le déclenchement de l’opération militaire allemande sur le territoire polonais le 1erseptembre, la France, à la suite de la Grande-Bretagne, déclare la guerre à Hitler. De son côté, l’invasion soviétique du territoire polonais débute le 17 septembre. Si les Alliés ne déclarent pas la guerre à Staline, en France, le président du Conseil Édouard Daladier signe le 26 septembre un décret-loi interdisant le PCF. Dissout sous l’accusation d’ « intelligence avec l’ennemi », le parti continue cependant à opérer clandestinement.

Lors de l’occupation allemande après la défaite française, jusqu’au début de la guerre entre l’URSS et le IIIe Reich, pas un seul document issu du PCF ne s’en est pris à Hitler ou aux forces nazies, appelant ouvertement à collaborer : « Soldats français, les ouvriers allemands ne sont pas vos ennemis. Fraternisez, fraternisez ! », commande un tract. « Les soldats allemands sont vos frères, pactisez, ne vous trompez pas. Votre ennemi, c’est le grand capital, les trusts de France, d’Angleterre, d’Amérique ! », argue un autre.

L’Humanité, interdit alors de parution officielle, pousse la même chansonnette : « Travailleurs français et soldats allemands, il est particulièrement réconfortant, en ces temps de malheur, de voir de nombreux Parisiens s’entretenir amicalement avec des soldats allemands soit dans la rue, soit au bistrot du coin. Bravo camarades, continuez, même si cela ne plait pas à certains bourgeois aussi stupides que malfaisants… », peut-on ainsi lire dans son édition clandestine du 4 juillet 1940.

Des opérations de sabotage de l’effort de guerre français

Dès l’entrée en guerre de la France, les membres du PCF ont été considérés comme suspects, la signature du pacte germano-soviétique faisant d’eux des ennemis de l’intérieur au service d’une puissance étrangère. Et pour cause : au nom de la « guerre à l’impérialisme » (franco-anglais), le PCF et la CGT ont enjoint leurs militants à mener des actions de sabotage, notamment dans les usines d’armement.

Des exactions contre l’effort de guerre français, rappelées par Édouard Daladier à l’Assemblée nationale le 18 juillet 1946 : « Il y a eu le sabotage des moteurs d’avions aux usines Farman, à Boulogne-Billancourt, dans des conditions vraiment affreuses. (…) Il y a eu un certain nombre de sabotages dans les poudreries (…). Il y a eu des sabotages dans les casemates de la région fortifiée de Boulay, des sabotages de fusées d’obus et de balles anti-tank en pleine bataille de France. »

Des communistes ont-ils été fusillés pendant la durée du pacte germano-soviétique ?

Le Parti communiste français commémore religieusement les 27 otages fusillés à Châteaubriant (Loire-Atlantique), le 22 octobre 1941, en représailles à l’exécution d’un officiel des troupes d’occupation le 20 octobre, le lieutenant-colonel Karl Hotz. Si les fusillés de Châteaubriant ne sont pas les premiers otages exécutés, il convient de noter qu’il s’agit de la première exécution massive d’otages en France. Celle-ci se déroule après la rupture du pacte germano-soviétique à la suite de l’attaque allemande contre l’URSS le 22 juin 1941.

Le PCF, dissout par la IIIe République en septembre 1939, met également en avant les communistes tôt arrêtés. La plupart de ces arrestations ont en réalité été effectuées par les autorités françaises et, pour certains, avant le début de l’occupation. En outre, la plupart des communistes arrêtés durant le pacte germano-soviétique sont noyés dans l’ensemble des « déportés politiques » sans que ne soit pris en compte leur couleur politique.

Pour rappel, contrairement à la croyance selon laquelle la collaboration était du fait de la droite, les nazis ont été désireux d’intégrer au gouvernement de Vichy des syndicalistes et socialistes acquis à la collaboration après avoir observé que « la grande majorité des partisans de la politique de collaboration vient de la gauche française », souligne l’historien Jean-Paul Cointet dans son ouvrage Histoire de Vichy.

À la suite de l’intervention de Fabien Roussel, les internautes n’ont pas manqué de réagir sur Twitter. Si certains estiment que le leader communiste « a raison », voire que « l’anticommunisme est le lit du fascisme », d’autres ont voulu rappeler que cette idéologie de gauche a causé 100 millions de morts dans le monde ou encore déplorer l’absence de tenue d’un tribunal de Nuremberg contre les crimes communistes.

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