Côte d’Ivoire : la scolarisation peut-elle lutter contre le travail forcé des enfants ?

2 juin 2016 16:26 Mis à jour: 6 juin 2016 13:18

Une étude publiée cette semaine par le Bureau d’Analyse Sociétale pour une Information Citoyenne (BASIC) dénonce le travail forcé des enfants africains dans la récolte de fèves de cacao. Les auteurs de La face cachée du chocolat évoquent une « impasse » dans la filière cacaoyère, si des mesures ne sont pas prises pour soutenir l’équitabilité et la production de cacao.

On compte 5 millions de producteurs de cacao dans le monde. La plupart d’entre eux ont une exploitation de moins de 10 hectares et vivent avec 2 dollars par jour. Ces exploitations sous-traitent la production de cacao pour le compte de cinq multinationales, qui transforment ainsi les 4 millions de tonnes de cacao produites chaque année.

70% de ce cacao provient de quatre pays : la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Ghana et le Nigeria. Les exploitations sont souvent des fermes familiales et les producteurs revendent généralement le cacao à des tiers nommés par la municipalité. Les méthodes de récolte sont rudimentaires et nécessitent une grosse main-d’œuvre. Ainsi, les enfants sont souvent mis à contribution. Ces derniers utilisent des outils coupant, sont exposés à des produits chimiques hasardeux et risquent les piqûres d’insectes.

Les producteurs doivent faire face à de nombreux défis : faible prix du cacao, mauvaises récoltes… Des conditions qui les amènent à utiliser les enfants qui représentent une main-d’œuvre bon marché.

Conscients du problème, les cinq grandes compagnies de chocolat – Mars, Nestlé, Ferrero, Mondelez et Hershey – se sont publiquement engagées à n’acheter que du cacao « certifié » d’ici à 2020. Pour aller plus loin, certaines, comme Nestlé, ont consacré un budget pour encourager la scolarisation des enfants dans certaines régions ou ont réalisé un plan de soutien aux fermiers.

Cela suffira-t-il ? Aujourd’hui, le marché est en pleine expansion, avec l’augmentation de la consommation de cacao en Asie, et notamment en Chine. La question de l’augmentation de la production se pose aux multinationales, qui ont une raison supplémentaire de s’intéresser à la situation.

Malgré les centaines de millions d’euros investis dans des programmes locaux, le phénomène ne semble pas près de s’arrêter. Une étude, conduite par International Labour Organisation, dénombre 5,5 millions d’enfants soumis au travail forcé dans le monde. En Afrique de l’Ouest, il y aurait également 15 000 enfants-esclaves travaillant dans des exploitations ; ces derniers font également l’objet d’un trafic.

Sur cette question, la situation s’est tout de même améliorée depuis le début des années 2000. Pour Mick Moran, assistant de direction à Interpol, les choses vont mieux « dans le sens où ce trafic est probablement devenu caché ». « Mais si vous savez où chercher, trouver des enfants soumis au travail forcé, c’est comme chercher un nez au milieu de la figure », continue-t-il.

La pauvreté reste le principal facteur du travail forcé des enfants. « C’est clairement un problème complexe qui prend racine dans la pauvreté de ces régions rurales. Et si le problème réside dans la pauvreté, alors les solutions, en un sens, sont aussi complexes que l’éradication de la pauvreté elle-même. Vous savez, 15 années, dans un tel processus, ce n’est pas si long », observe Nick Weatherill, directeur éxecutif de l’ONG International Cocoa Initiative.

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