Un critique de l’exposition sur les cadavres humains veut mettre au point des tests sur les tissus plastinés

Un médecin préoccupé par la source des corps exploités veut établir une preuve de concept pour l'extraction de l'ADN à partir de spécimens plastinés

25 août 2018 04:18 Mis à jour: 25 août 2018 04:18

LONDRES – Les expositions de cadavres humains « plastinés » ont été poursuivis pendant des années à la suite des plaintes clamant que les corps pourraient provenir de prisonniers de conscience de Chine. Non convaincus par les dénégations des expositions itinérantes, les critiques ont périodiquement lancé l’idée de tests d’ADN, mais jusqu’à présent, l’étude est restée théorique.

Aujourd’hui, cependant, un médecin du Royaume-Uni fait pression pour la première extraction d’ADN à partir de tissus plastinés, afin d’être à l’avant-garde de la science pour les expositions futures.

Le Dr David Nicholl, neurologue consultant, est l’une des nombreuses personnalités médicales et militantes des droits de l’homme qui réclament une enquête sur l’exposition Real Bodies au National Exhibition Centre (NEC) de Birmingham en raison de préoccupations concernant la source des corps.

Cette exposition présente 20 cadavres et plus de 200 organes, en provenance de Chine, qui ont été préservés dans un état de vie en remplaçant les fluides corporels par des matériaux synthétiques qui durcissent, et est présentée comme une « expérience éducative avec des interprétations à plusieurs niveaux » par les organisateurs d’Imagine Exhibitions.

Le Dr David Nicholl annonce qu’il cherche des tissus pour tester les tissus plastinés à l’hôpital général Sandwell en Angleterre, le 21 août 2018. (Simon Gross/Epoch Times)

Le lendemain de la fin de l’exposition, le 21 août, le Dr Nicholl a annoncé qu’il demandait le don de spécimens afin d’établir une preuve de concept permettant d’extraire l’ADN.

« Il semble complètement fou que nous puissions retracer un steak [jusqu’à une seule vache], sans que nous ne soyons capables de faire de même pour un cadavre dans le National Exhibition Centre« , a-t-il déclaré aux journalistes.

« Je pense que cela permettra à de nombreux Chinois de retrouver des parents disparus. »

Interdites dans certains pays

Dans une lettre ouverte envoyée au gouvernement britannique, plus de 30 professionnels de la santé, législateurs et activistes ont demandé que l’exposition Real Bodies à Birmingham soit fermée et fasse l’objet d’une enquête, alléguant que les corps n’ont aucun document confirmant leur origine.

La société à l’origine de l’exposition, ainsi que le National Exhibition Centre, ont nié tout acte répréhensible et ont rejeté les allégations.

D’autres expositions rivales ont également fait le tour du monde.

Les expositions de corps plastinés ont été interdites en Israël, en France, à Hawaï et dans certaines villes des États-Unis. La République tchèque a modifié sa législation le 7 juillet 2017 pour exiger la preuve du consentement du défunt avant que de telles expositions ne soient autorisées à entrer dans le pays.

Le Dr Nicholl a souligné que l’exposition Real Bodies n’a enfreint aucune loi britannique, mais a profité d’une faille dans la législation sur les tissus importés.

L’exposition Real Bodies, présentée à Sydney, en Australie, avant son arrivée au Royaume-Uni. (Melanie Sun/Epoch Times)

La Human Tissue Act du Royaume-Uni (2004) stipule que « le prélèvement, le stockage ou l’utilisation de tissus humains… sans le consentement approprié » est une infraction, mais comme les spécimens de Real Bodies ont été importés de l’étranger, la loi ne s’applique pas.

Bien que les tests d’ADN soient simples et peu coûteux, le Dr Nicholl a indiqué que l’extraction de l’ADN à partir des tissus plastinés en question sera la partie la plus compliquée du processus, et que a besoin d’être fait.

Initialement sceptique, le Dr Nicholl a révélé qu’il avait contacté un certain nombre d’experts en génétique qui lui ont dit qu’ils estiment qu’il est possible d’extraire l’ADN des tissus plastinés.

Recherche d’os ou de dents

Selon le Dr Nicholl, ce serait une première. « J’ai été en contact avec le rédacteur en chef du Journal of Plastination, et ils ont dit que, pour autant qu’ils le sachent, cela n’a pas été fait. »

Il a ajouté qu’il pourrait s’agir d’un projet de recherche de maîtrise et que cela pourrait prendre un an ou deux.

« Cela signifie que la prochaine fois qu’une de ces expositions arrivera en ville, nous pourrons dire au coroner : ‘Nous avons publié ceci, nous pouvons montrer que vous pouvez le faire. Pourquoi ne pas demander des échantillons d’ADN pour identifier ces gens ?' »

Le médecin espère qu’un hôpital d’enseignement au Royaume-Uni, où l’on utilise des échantillons plastinés, offrira un échantillon d’os ou de dents.

Il a expliqué que selon la Human Tissue Authority il n’y avait aucun problème à utiliser de tels spécimens.

Test ADN de 17 millions de musulmans ouïghours

L’expert chinois et journaliste d’investigation Ethan Gutmann pense que le prélèvement d’ADN pourrait « faire exploser » la question du prélèvement d’organes sur les prisonniers d’opinion – un sujet sur lequel E. Gutmann fait campagne depuis plus d’une décennie.

« La Chine poursuit actuellement une politique consistant à essayer de tester l’ADN des Chinois vivants », a déclaré M. Gutmann. « Ils ont déjà testé 17 millions de musulmans ouïghours et ils peuvent le réduire à des parents au troisième degré, donc il devient possible d’obtenir une correspondance. »

M. Gutmann a passé les 10 dernières années à faire des recherches sur le prélèvement d’organes sur les prisonniers en Chine, principalement chez les pratiquants de Falun Gong.

Le Falun Gong est une discipline spirituelle qui s’inspire de la tradition chinoise des exercices de méditation lents, tout en mettant l’accent sur le développement du caractère moral.

Selon les recherches de E. Gutmann, l’épicentre de la persécution du Falun Gong était la province du Liaoning et, notamment, la ville de Dalian, où le processus de plastination a été mis au point.

Le National Exhibition Centre de Birmingham a déclaré que les spécimens étaient tous des « corps non réclamés » donnés par les « autorités compétentes aux universités médicales en Chine. »

Le NEC a déclaré que les spécimens étaient « donnés légalement, n’avaient jamais été détenus d’aucune sorte, ne présentaient aucun signe de traumatisme ou de blessure, étaient exempts de maladies infectieuses et sont morts de causes naturelles ».

Cependant, Tom Zaller, directeur général d’Imagine Exhibitions, a déclaré en avril qu’il n’y avait « aucune documentation«  pour prouver l’identité des corps ou si le consentement des donneurs avait eu lieu.

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