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Dépenses de l’État, taxe Zucman, AME… les orientations budgétaires de Sébastien Lecornu critiquées par la gauche

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Le Premier ministre Sébastien Lecornu.

Photo: JEFF PACHOUD/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé vendredi soir qu’un nouveau gouvernement serait constitué « avant le début des travaux parlementaires », soit début octobre, tout en écartant plusieurs revendications de la gauche. Une position qui compromet l’ouverture vers les socialistes, dont il espérait éviter une motion de censure.

« Aucun effort n’a été réalisé »

« Le compte n’y est pas », a réagi d’emblée Yvan Ricordeau, numéro deux de la CFDT, qui prépare avec d’autres syndicats une nouvelle journée de mobilisation jeudi.

De son côté, le premier secrétaire du PS Olivier Faure a dénoncé sur TF1 qu’« aucun effort n’a été réalisé ». Dans un communiqué, le Parti socialiste a estimé que le Premier ministre avait « fermé toutes les portes ». Les socialistes préviennent : « Sans changement majeur d’orientation, nous censurerons ce gouvernement », mais acceptent néanmoins de rencontrer M. Lecornu « une dernière fois » à Matignon la semaine prochaine.

Jean-Luc Mélenchon a pour sa part appelé l’ensemble de la gauche à voter la motion de censure que La France insoumise déposera dès le 1er octobre, à l’ouverture de la session parlementaire.

« Alors que le président de la République avait invité son Premier ministre à travailler avec les socialistes, ce soir la porte a été fermée », a commenté un responsable du bloc central.

Pas de débauchage au PS

Nommé il y a 17 jours, Sébastien Lecornu a confirmé dans un entretien au Parisien qu’il présenterait son gouvernement début octobre, sans préciser de date. Il a convié les groupes politiques de l’Assemblée et du Sénat à Matignon vendredi prochain.

Après avoir multiplié les consultations, il a écarté tout « débauchage » de personnalités issues du PS, rappelant que ses ministres devront « partager les grandes orientations du socle commun » de la droite et du centre. « Il ne ferme pas de portes, il ouvre les débats », fait valoir son entourage, en référence aux discussions à venir au Parlement et dans le cadre du dialogue social.

Impôts, retraites et budget

Le Premier ministre a exclu plusieurs mesures portées par la gauche et les syndicats, notamment le rétablissement de l’impôt sur la fortune ou l’instauration d’une taxe Zucman. « Faut-il encore augmenter les impôts globalement ? Je ne le veux pas », a-t-il affirmé, tout en admettant que certains impôts « augmenteront » et d’autres « diminueront » dans le prochain budget.

Autre revendication rejetée : la suspension de la réforme des retraites. Pour Sébastien Lecornu, cette option « ne règlerait aucun des problèmes », citant notamment la situation des femmes et la pénibilité au travail.

Il assure néanmoins que le prochain budget ne sera pas « d’austérité et de régression sociale ». Repartant d’une « feuille blanche », il entend impliquer les parlementaires dans son élaboration. Le plan de son prédécesseur François Bayrou, qui prévoyait 44 milliards d’euros d’économies, est abandonné. Le Premier ministre promet une hausse de six milliards pour les retraites et de cinq milliards pour la santé.

« Train de vie » de l’État : baisse de 6 milliards d’euros

Pour compenser, il évoque plusieurs pistes de réduction des dépenses : 6 milliards d’euros de baisse du « train de vie » de l’État, une meilleure maîtrise des dépenses sociales et des collectivités, et un projet de loi de lutte contre les fraudes sociales et fiscales qui sera présenté en même temps que le budget.

Le président du Medef, Patrick Martin, a salué auprès de l’AFP « la priorité » accordée à la réduction des dépenses publiques.

Avec une dette publique atteignant 115,6 % du PIB au deuxième trimestre, le Premier ministre fixe désormais un objectif de déficit de 4,7 % (contre 4,6 % auparavant), tout en maintenant l’objectif de 3 % en 2029.

Entre RN et socialistes

En refusant les demandes des socialistes, Sébastien Lecornu pourrait devoir compter sur le Rassemblement national pour éviter la censure. Il dit vouloir « examiner » une évolution de l’Aide médicale d’État (AME), critiquée par la droite et la droite nationaliste mais défendue par la gauche. Il a d’ailleurs rencontré cette semaine les auteurs d’un rapport sur ce dispositif destiné aux étrangers en situation irrégulière.

Concernant la programmation pluriannuelle de l’énergie, il a écarté l’idée d’un moratoire sur les énergies renouvelables pour ne pas risquer une censure du RN, tout en affirmant : « Comme pour tout euro d’argent public dépensé, aucune rente ne sera tolérée. »

Selon un baromètre mensuel Toluna/Harris Interactive, Sébastien Lecornu arrive à Matignon avec un niveau de confiance proche de celui de François Bayrou lors de son arrivée en décembre 2024.

Avec AFP