Déraciner la cause profonde qui nous pousse à nous réfugier dans la nourriture

Nous nous tournons souvent vers la nourriture pour apaiser des sentiments que nous ne savons pas gérer d'une manière plus adéquate

Par Nancy Colier
27 mai 2022 11:25 Mis à jour: 28 avril 2023 21:11

Lorsqu’il fait froid et que nous passons plus de temps à l’intérieur, nous entrons dans une sorte de processus d’hibernation, ce qui se traduit souvent par une tendance à trop manger. La taille des vêtements augmente et on prend l’habitude de ne porter que des joggings.

Mais, les longs mois d’hiver ne sont pas seuls en cause. Durant ces deux dernières années, le Covid a également fait de la nourriture un moyen attrayant pour gérer la peur, l’anxiété et l’incertitude. La nourriture offrait du réconfort, du plaisir et constituait une distraction, une solution à l’ennui. En conséquence, de nombreuses personnes ont soudain eu des kilos en trop.

C’est désormais le printemps, et maintenant que tout est en train de fleurir, on serait tenté de fleurir également… dans un corps qui puisse entrer dans nos anciens vêtements ou dans de nouveaux vêtements sans ceinture élastique.

Cet article ne porte pas sur le fait de manger moins ou différemment, de faire plus d’exercice ou plus intelligemment. Il ne s’agit pas de passer en revue les pratiques indispensables pour se débarrasser de ces kilos d’hiver ou de confinement. Il existe un nombre infini de sites donnant toutes les informations nécessaires sur les régimes, les exercices physiques… Et la plupart d’entre nous connaissons déjà toutes ces informations en substance, ayant lu des milliers de fois ce que nous devrions manger ou comment nous devrions bouger. Il n’est donc pas question ici d’évoquer des stratégies en matière de régime ou d’exercice physique, car, en définitive, ces stratégies ne fonctionnent généralement pas, du moins pas de manière durable. Elles échouent, car elles ne s’attaquent qu’au symptôme –l’excès de poids lui‑même – mais pas non la cause profonde.

On peut considérer une alimentation excessive comme une sorte de laisser‑aller ou un désir mal maîtrisé, c’est ainsi que la société nous présente généralement le problème. Beaucoup d’entre nous pensent avoir vraiment envie de tant manger, que cela correspond à un véritable désir, besoin, volonté de savourer les aliments. En réalité, nous mangeons souvent de façon excessive ou compulsive, non que nous le souhaitions vraiment, mais parce qu’à certains moments nous voulons échapper à nos émotions. C’est une forme de distraction. Soyons honnêtes : le quatrième bol de crème glacée n’a pas vraiment bon goût.

Comme dans toute dépendance, nous optons pour une substance parce que nous ne voulons pas de l’expérience que nous vivons, l’anxiété, l’ennui, la tristesse, le trop plein de bonheur, la confusion, le dépassement, la peur ou toute autre émotion difficile à gérer. La substance, dans ce cas la nourriture, nous soulage des sentiments dont nous ne voulons pas et que nous ne savons pas gérer.

Si on mange trop, le cerveau (à notre insu) établit un lien entre nourriture et soulagement, entre nourriture et réconfort. Par conséquent, lorsque des émotions difficiles surgissent, notre cerveau réagit spontanément en suggérant la nourriture comme solution. Manger permet de chasser les sentiments déconcertants, manger est un soulagement, nous dit le cerveau subrepticement. L’impulsion de rechercher de la nourriture lorsque des sentiments difficiles surgissent (ou menacent de surgir) est inconsciente, ancrée dans l’habitude. Notre cerveau a intégré ce lien et cette croyance que la nourriture est un soulagement à la souffrance.

Pour briser sa dépendance à l’égard de la nourriture, il faut accepter de détourner son attention de la nourriture, il faut décider de mettre en place un changement. Il est question de se concentrer sur les sentiments déclencheurs d’une envie de manger – l’expérience interne qui stimule la réponse externe (qui consiste à ouvrir le frigo). Pour ce faire, il faut ralentir au moment où les sentiments indésirables apparaissent, de ceux qui généralement se terminent par une orgie et attirent dans leur sillage davantage de sentiments lamentables liés à un amour propre miné face à un corps qui s’affaisse et notre manque de fermeté.

Lorsqu’on ressent le besoin de se réfugier dans la nourriture et de quitter la réalité, il faut choisir de faire quelque chose de différent, et rester éveillé, conscient, rester avec nous‑même dans l’actualité de la réalité. Un bon moyen d’y parvenir est l’introspection, il faut avoir la curiosité d’analyser ce qui se passe exactement en nous avant que nous courrions vers le tiroir à friandises.

Juste là, dans l’œil du cyclone, avec l’envie d’y aller et toutes sortes sentiments désagréables qui nous assaillent, il faut rester immobile.

La chose la plus radicale et la plus courageuse à faire à ce moment‑là est de se demander : « Qu’est‑ce que je vis en ce moment et dont je veux m’éloigner ? Quels sont les sentiments que je ne veux pas ressentir ? » Bien que le chocolat puisse sembler être une solution douce, un cadeau que l’on s’offre à soi‑même, ce n’est en réalité pas le cas. Être à l’écoute, attentif à ce que nous ressentons, faire attention à ce que nous dicte le cœur, c’est vraiment faire preuve de bonté et de compassion envers soi‑même.

Le moment primordial pour en finir avec ce cycle de suralimentation est celui de la prise de conscience, celui où on décide de rompre ce lien déclencheur, de torpiller la réponse habituelle. Bien qu’il soit contre‑intuitif et qu’il puisse sembler effrayant d’aller vers ce qui nous met mal à l’aise, c’est pourtant ce processus d’apprentissage amer basé sur l’introspection qui nous guérira. Et voici le paradoxe : on se sent mieux tout en découvrant des vérités qui font mal. Prendre le temps en fin de journée (idéalement au début et au milieu aussi) de cultiver une attention bienveillante et sans jugement sur les émotions qui envahissent le cœur, la tête et le corps est indispensable pour nous libérer d’une tendance à se réfugier dans la nourriture ou de tout autre comportement compulsif.

Un exercice de compassion

À bien y réfléchir, se gaver de biscuits quand on a en réalité besoin de réconfort, c’est un peu comme essayer d’utiliser une banane pour ouvrir la serrure d’une porte. C’est tout simplement un outil parfaitement inadéquate. Et pourtant, c’est ce que nous faisons encore et encore. Nous remplissons notre bouche alors que c’est le cœur qui a besoin d’aide. Avec le temps, cette réponse étrange et désaxée semble normale. Nous confondons l’anesthésie et la médication et commençons à croire que la nourriture soulage vraiment la douleur. Mais comme nous le savons tous, les sentiments que nous repoussons ne s’endorment qu’un moment, temporairement. La nourriture fournit une distraction, mais le malaise est toujours là et nous ne l’avons pas vraiment évacué.

Les mangeurs compulsifs ont appris à modérer leurs sentiments grâce à la nourriture, alors que ce dont ils ont réellement besoin, c’est de compassion envers eux même et d’introspection. C’est d’autant plus triste que nos sentiments se sont habitués à ce type de traitement – à être abandonnés, en réalité.

Il y a de fortes chances qu’à une certaine époque, très probablement lorsque nous étions jeune, nous ayons essayé de solutionner en profondeur ce mal‑être. Nous avons probablement demandé de l’aide aux adultes, une réponse adaptée dans cette situation douloureuse. Mais les personnes qui s’occupaient de nous n’étaient probablement pas disponibles, pas intéressées, incapables de prendre le temps de s’asseoir avec nous et tous nos sentiments. Elles se sont détournées de nos émotions, éventuellement, elles nous ont renvoyé avec des biscuits, un placebo bizarre et sans rapport avec le vrai réconfort dont nous avions besoin. Elles nous ont laissé seul avec notre expérience non traitée et déstabilisante, sans suggérer d’outil pour la gérer. Voilà pourquoi nous sommes si nombreux à nous réfugier dans la nourriture, ce qui est logique pour un cerveau primitif. C’est intelligent et adaptatif dans la mesure où cela fait disparaître les sentiments, de manière provisoire certes, mais on atteint le but recherché.

Cependant, c’est un stratagème qui reste douloureux. Notre cœur comprend qu’il n’obtiendra pas ce dont il a vraiment besoin et ne recevra jamais une attention et des soins véritables. Le mieux qu’il puisse espérer, c’est une cautérisation par coma alimentaire. Il faut parvenir à s’imaginer l’âge où nous espérions encore pouvoir obtenir ce dont nous avions vraiment besoin de la part de ceux qui s’occupaient de nous, imaginer une cicatrisation lente du cœur, qui renonce au confort temporaire et dépasse la nourriture comme alternative la plus fiable.

Alors que le printemps est en fleurs, c’est l’occasion non seulement de perdre les kilos superflus et de ranger les pantalons de survêtement au placard, mais aussi d’encourager notre propre cœur à fleurir. L’idée étant de mettre à profit cette saison pour trouver le réconfort réel, les soins véritables. Il est possible de corriger, si nous le souhaitons vraiment, cette expérience précoce où nous avons appris que le meilleur espoir de nous sentir mieux consistait en une forme d’anesthésie.

Dès aujourd’hui au moment de vouloir se réfugier dans la nourriture :

1/ Arrêter ce qu’on fait, respirer profondément et placer sa main sur son cœur ou son ventre en se posant la question suivante : « Qu’y a‑t‑il ici que je ne veux pas ressentir ? »
2/ Imaginer qu’on tend une chaise à un enfant qui a mal, et écouter ce qui se passe en nous. Ne pas être dans le jugement, la honte, la volonté de résoudre la situation, l’interprétation des sentiments qui se manifestent : écouter simplement et leur permettre d’être là ;
3/ En gardant la main sur le cœur, comprendre que cette expérience n’est pas insignifiante et que nous ne sommes pas insignifiant ;
4/ Rester ainsi pendant au moins trois minutes au moins et s’engager à se tenir compagnie à soi‑même à chaque fois qu’émergent de tels sentiments.

Si, après cet exercice, nous avons encore envie de manger, ce n’est pas grave. Mais il faut prendre le temps d’écouter ses émotions à chaque fois qu’apparait l’envie de se réfugier dans la nourriture. Il ne faut pas abandonner, faire preuve de courage, apprendre à s’apaiser et offrir à notre enfant intérieur ce dont il a toujours eu besoin.

Cet article a été publié pour la première fois dans le magazine Radiant Life.

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