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Des parlementaires américains exhortent le département du Commerce à enquêter sur une entreprise technologique chinoise pour des raisons de sécurité
« La Chine cherche tous les moyens d’infiltrer et de saper les États-Unis », déclare la sénatrice Joni Ernst.

Une hôtesse attend les visiteurs sur le stand TP-Link lors de l’édition spéciale IFA 2020, salon de l’électronique grand public à Berlin, en Allemagne, le 3 septembre 2020.
Photo: Sean Gallup/Getty Images
Un groupe bipartisan de 23 parlementaires presse le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, d’investiguer sur le matériel réseau produit par TP-Link Technologies et ses filiales. Les élus alertent que ces appareils – en particulier les caméras de surveillance – pourraient servir d’outils au Parti communiste chinois (PCC) pour espionner l’armée américaine.
Sous l’impulsion de la sénatrice Joni Ernst (Républicaine de l’Iowa), du représentant Raja Krishnamoorthi (Démocrate del’Illinois) et de la représentante Ashley Hinson (Républicaine de l’Iowa), les parlementaires ont adressé une lettre le 13 novembre à M. Lutnick. Ils y défendent la nécessité de l’enquête, « car selon des sources ouvertes, TP-Link représente un danger grave et actuel » pour la sécurité des services américains de télécommunications.
« La Chine cherche tous les moyens d’infiltrer et de saper les États-Unis », a écrit la sénatrice Ernst sur X le 13 novembre.
« J’appelle l’administration Trump à enquêter et déterminer si TP-Link constitue un “cheval de Troie” permettant au PCC d’espionner la population américaine et nos bases militaires. »
Les élus expliquent que les produits TP-Link « sont actuellement commercialisés via » l’Army and Air Force Exchange ainsi que le Navy Exchange, « plaçant donc ces appareils à proximité des installations militaires américaines et de leur personnel, sur le sol national comme à l’étranger ».
Ces circuits d’échange, gérés par le Département de la Défense, sont réservés aux militaires, à leurs familles et aux retraités ; ils « fournissent aux bases des biens et services similaires à ceux des grands magasins », selon un rapport du Congressional Research Service. L’Army and Air Force Exchange « exploite plus de 5500 installations réparties dans plus de 30 pays et quatre territoires américains », précise le rapport.
Le Navy Exchange compte plus de 300 magasins dans le monde, y compris à bord de plus de 100 navires, selon son site officiel.
Les boutiques en ligne de ces réseaux commercialisent elles aussi des produits TP-Link et accessoires.
« À ce jour, rien n’empêche les entreprises liées au PCC de surveiller les Américains, via des caméras connectées à internet dans nos foyers », préviennent les élus dans leur lettre.
« Le Parti communiste chinois peut s’emparer de ces vidéos et les exploiter pour traquer, faire chanter ou compromettre des citoyens américains – y compris des hauts responsables gouvernementaux ou militaires. »
En Chine, des lois telles que la Loi sur le renseignement national de 2017 et la Loi sur la sécurité des données de 2021 autorisent le régime à collecter les données des entreprises commerciales basées en Chine, exposant à des risques de confidentialité les sociétés américaines et les utilisateurs de leurs produits et applications.
Le représentant Pat Harrigan (Républicain de Caroline du Nord) précise avoir cosigné la lettre afin de s’assurer que « rien de ce qui est vendu sur nos bases ne puisse servir à traquer ou espionner les troupes américaines », comme il l’a expliqué sur X.
« Les lois chinoises sur le renseignement obligent des sociétés comme TP-Link à transmettre leurs données ; autoriser l’utilisation de leurs caméras et routeurs sur nos bases militaires revient à offrir au PCC une fenêtre ouverte sur la vie de nos militaires », ajoute M. Harrigan.
La réponse de TP‑Link
TP-Link est surtout connue pour ses routeurs Wi-Fi, mais propose aussi une gamme d’appareils connectés : caméras, prises intelligentes, interrupteurs, ampoules connectées. Certains sont commercialisés sous les marques Kasa ou Tapo.
Les entités TP-Link Systems (États-Unis, Californie) et TP-Link Technologies (Chine) se sont séparées en 2024.
Contactée par Epoch Times, TP-Link Technologies n’a pas répondu avant la publication.
Un porte-parole de TP-Link Systems, interrogé par courriel, rejette les accusations des élus, assurant que leur courrier « reproduit des informations erronées et des attaques déjà démenties ».
« TP-Link s’oppose fermement à toute allégation la liant au Parti communiste chinois, à une dépendance vis-à-vis du gouvernement chinois, ou à une éventuelle soumission aux lois chinoises sur la sécurité nationale », déclare-t-il.
Il ajoute que les données des utilisateurs américains « sont stockées de manière sécurisée dans l’infrastructure Amazon Web Services en Virginie ».
« TP-Link ne facilite ni la surveillance étrangère des réseaux ou des utilisateurs américains », précise le porte-parole. « Les activités du groupe sont conçues pour prévenir toute tentative de subversion de ses intérêts par des acteurs extérieurs. »
Parmi les signataires de la lettre figurent, entre autres, les sénateurs John Barrasso (Républicain ‑ Wyoming), Chuck Grassley (Républicain ‑ Iowa), Margaret Hassan (Démocrate du New Hampshire), Rick Scott (Républicain de Floride), Pete Ricketts (Républicain du Nebraska), ainsi que les représentants Don Davis (Démocrate de Caroline du Nord), Elise Stefanik (Républicaine de New York), August Pfluger (Républicain du Texas), Mike Lawler (Républicain de New York) et Juan Ciscomani (Républicain de l’Arizona).
Les élus demandent au département du Commerce de leur communiquer les résultats de l’enquête avant le 30 novembre.
Si les produits TP-Link « représentent un risque pour la sécurité nationale » après investigation, ils exigent du département du Commerce qu’il prenne des mesures à même d’« atténuer le danger sans délai ».
En octobre, le procureur général du Texas, Ken Paxton, a annoncé l’ouverture d’une enquête sur TP-Link Systems pour des motifs similaires.
En mai, un groupe bipartisan de 17 parlementaires républicains a écrit à M. Lutnick pour demander l’interdiction des ventes de matériel réseau TP-Link, en raison de « liens étroits » supposés avec le PCC. Cette lettre était portée par le sénateur Tom Cotton (Républicain de l’Arkansas) et le représentant Riley Moore (Républicain de Virginie-Occidentale).

Frank Fang est un journaliste basé à New York. Il couvre les nouvelles en Chine et à Taiwan. Il est titulaire d'une maîtrise en science des matériaux de l'Université Tsinghua à Taiwan.
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