Des preuves révèlent qu’une équipe militaire a collaboré avec le laboratoire d’où est issue la pandémie de Covid-19

Par Nicole Hao
4 mai 2021 21:09 Mis à jour: 7 mai 2021 06:23

Alors que le régime chinois a affirmé que son institut de virologie de Wuhan controversé n’avait aucun lien avec l’armée, l’institut a pourtant travaillé avec des dirigeants militaires sur un projet parrainé par le gouvernement pendant près de dix ans.

L’institut de virologie de Wuhan (WIV) a participé à un projet, parrainé par la Fondation nationale des sciences naturelles de Chine (NSFC) – une institution de recherche scientifique financée par le régime – de 2012 à 2018. Le projet était composé d’une équipe de cinq experts militaires et civils, qui ont mené des recherches dans les laboratoires du WIV, les laboratoires militaires et d’autres laboratoires civils, conduisant à « la découverte d’agents pathogènes animaux [agents biologiques à l’origine de maladies] chez les animaux sauvages ».

Le WIV est situé dans la ville de Wuhan, en Chine centrale, le point zéro de la pandémie de Covid-19. Institution de virologie avancée, le WIV possède le seul laboratoire P4 – le plus haut niveau de sécurité biologique – de Chine et le plus grand dépôt de coronavirus de chauve-souris d’Asie. Le virus du PCC (virus du Parti communiste chinois), communément appelé nouveau coronavirus, est « identique à 96 % au niveau du génome entier à un coronavirus de chauve-souris », ont écrit des chercheurs chinois dans un article de recherche (pdf) publié en février 2020.

Ces derniers mois, le ministère chinois des Affaires étrangères et Shi Zhengli, la virologue du WIV surnommée « Bat Woman » pour ses recherches sur les coronavirus d’origine chauve-souris, ont nié l’existence d’un lien entre le WIV et les militaires, et ont affirmé qu’aucun chercheur du WIV n’avait été infecté par le Covid-19.

Cependant, selon une enquête menée par le ministère des Affaires étrangères américain, « plusieurs chercheurs à l’intérieur du WIV sont tombés malades à l’automne 2019, avant le premier cas identifié de l’épidémie, avec des symptômes correspondant à la fois au Covid-19 et à des maladies saisonnières communes ».

« Le WIV a mené des recherches classifiées, y compris des expériences sur des animaux de laboratoire, pour le compte de l’armée chinoise depuis au moins 2017 », indique une fiche d’information du ministère des Affaires étrangères.

Cependant, Shi a nié que le WIV se soit engagé dans des recherches avec l’armée chinoise. « Je ne suis pas au courant d’un quelconque travail militaire au WIV. Cette information est incorrecte », a déclaré Shi lors d’un webinaire public le 23 mars. Shi n’a pas mentionné que le WIV a été utilisé par une équipe médicale de l’armée chinoise au début de 2020 pour développer des vaccins contre le Covid-19.

En juillet 2020, Shi a déclaré à la revue Science qu’aucune fuite d’agents pathogènes ou infection du personnel n’avait eu lieu. La revue a rapporté que, selon Shi, il n’y avait « ‘aucune infection’ parmi le personnel ou les étudiants avec le SRAS-CoV-2[nouveau coronavirus de 2019] ou les virus liés au SRAS ».

Fin mars, les médias chinois d’outre-mer ont rapporté que trois membres du personnel du WIV ont commencé à présenter des symptômes similaires à ceux du Covid-19 dès novembre 2019. Peu de temps après, l’agence de presse d’État chinois China News a rapporté que cette nouvelle était basée sur des rumeurs.

China News a rapporté qu’un spécialiste chinois a déclaré à l’équipe d’investigation de l’OMS – qui s’est rendue en Chine en février dernier pour enquêter sur l’origine du virus du PCC – que les cas remontant à 2019 étaient des patients d’hôpitaux liés au WIV, plutôt que des membres du personnel du WIV.

Coopération militaire et civile

Le NSFC a mis les résultats des recherches sur les agents pathogènes animaux sur son site Web le 1er février 2018. Il a également déclaré que le projet « a découvert plus de 1 640 types de nouveaux virus en utilisant la technologie métagénomique », et que la recherche a été effectuée par une équipe civile et militaire.

Cao Wuchun, 58 ans, membre de l’équipe militaire du projet, est un colonel et un épidémiologiste de haut niveau dans l’armée chinoise. Il est chercheur à l’Académie des sciences médicales militaires depuis septembre 2017, mais il y a travaillé pendant les 21 dernières années. Il a occupé le poste de directeur de l’Académie de 2007 à 2017, selon son CV officiel. Cao a fait partie de l’équipe en tant que commandant en second du général de division Chen Wei, le principal expert chinois en matière de guerre biologique.

Le 26 janvier 2020, Cao a accompagné Chen à Wuhan et ils ont pris le commandement du WIV. Les médias d’État chinois ont rapporté, à l’époque, que l’objectif principal de cette prise de contrôle militaire était de développer un vaccin contre le virus du PCC.

Cao a également codirigé le projet NSFC avec Shi (la virologue du WIV), et l’équipe de Chen et Cao avait pris le contrôle du WIV lorsque la pandémie de Covid-19 a éclaté à Wuhan.

Un travailleur est vu à l’intérieur de Institut de virologie de Wuhan, à Wuhan, en Chine, le 23 février 2017. (Johannes Eisele/AFP via Getty Images)

Les trois autres chefs d’équipe du projet NSFC étaient Liang Guodong, Zhang Yongzhen et Xu Jianguo, des chercheurs du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Parmi eux, Xu était le chef de projet ou le responsable des quatre autres membres de l’équipe.

Xu, 69 ans, est le directeur du laboratoire clé du Centre pour la prévention et le contrôle des maladies transmissibles, chercheur à l’Académie chinoise d’ingénierie et directeur de l’Institut de recherche en santé publique de l’Université de Nankai. Le CV de Xu indique qu’il a reçu 987 820 dollars (environ 821  700 euros) de financement de la NSFC pour ce projet.

En tant que l’un des meilleurs spécialistes chinois des virus, Xu s’est rendu à Wuhan pour servir de chef d’équipe au début de 2020. Le 14 janvier 2020, Xu a déclaré à la revue chinoise Science : « Les 763 contacts proches ne sont pas infectés. La pandémie n’est pas grave, et elle pourrait s’arrêter la semaine prochaine s’il n’y a plus de nouvelles infections. »

En fait, les habitants de Wuhan ont commencé à affluer dans les hôpitaux en raison de symptômes de pneumonie à partir de début janvier 2020, mais le régime a refusé de reconnaître que le virus peut se transmettre entre humains jusqu’au 20 janvier 2020. Les annonces tardives ont amené les gens à croire à tort qu’ils pouvaient voyager sans risques, et ce faisant, ils ont malgré eux propagé le virus dans le monde entier à partir de Wuhan.

Une équipe de scientifiques et d’étudiants en sciences de l’université de Chulalongkorn peignent les ongles des orteils d’une chauve-souris Chaerephon plicatus après lui avoir fait des prélèvements. La pose du vernis à ongles sert à marquer les individus en vue de leur identification. Dans un laboratoire sur place près de la grotte Khao Chong Pran à Ratchaburi, en Thaïlande, le 12 septembre 2020. (Lauren DeCicca/Getty Images)

Bat-Woman

Mme Shi, 56 ans, dirige le Centre des maladies infectieuses émergentes du WIV. En 2000, elle a obtenu son doctorat en virologie à l’université de Montpellier II, en France, après y avoir étudié pendant quatre ans.

Mme Shi a commencé à étudier les coronavirus lorsque la Chine a connu une épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2002 et 2003.

Selon les autorités de Pékin, le virus du SRAS a été transmise de la civette (un animal mangeur de viande) à l’homme dans la province de Guangdong, dans le sud de la Chine, en novembre 2002, et s’est propagé à d’autres villes chinoises et à Hong Kong, la ville voisine, alors que le régime n’avait pas autorisé les gens à discuter de cette maladie infectieuse au cours des deux premiers mois. Le SRAS a finalement tué au moins 774 personnes et infecté 8 096 personnes originaires de 31 pays.

La chaîne d’État chinoise CCTV a rapporté le 29 décembre 2017 que Shi et son équipe ne croyaient pas que les civettes étaient les hôtes naturels du SRAS, et qu’elles n’étaient que l’hôte intermédiaire. Ils ont commencé à étudier les chauves-souris de différentes régions chinoises en 2004.

En 2011, l’équipe de Shi a détecté un virus semblable au SRAS chez des chauves-souris vivant dans une grotte de la province du Yunnan, dans le sud-ouest de la Chine. Ils ont alors nommé ce virus « WIV1 » et ont mené d’autres études. CCTV n’a pas rapporté les détails du virus, mais a indiqué que l’équipe de Shi a continué à obtenir des échantillons de la même grotte pendant cinq ans.

Depuis 2015, l’équipe de Shi a publié les résultats de ses tests dans des revues internationales, notamment Virologica Sinica, Nature et Lancet.

Quelques semaines après que le régime chinois a annoncé publiquement l’épidémie de Covid-19, Shi et son équipe ont publié un article dans Nature qui établissait un lien entre le Covid-19 et les chauves-souris.

L’équipe de Shi a découvert le coronavirus des chauves-souris dans les chauves-souris qu’elle avait recueillies dans une mine de cuivre abandonnée du canton de Tongguan, dans le comté de Mojiang, dans la province du Yunnan. Les chercheurs du WIV avaient visité la mine pendant plusieurs jours, même après que six ouvriers aient été infectés en y travaillant.

Le 15 juillet 2020, le virologue Jonathan Latham et la biologiste moléculaire Allison Wilson d’Ithaca, dans l’État de New York, ont co-publié un article dans Independent Science News après avoir traduit une thèse de maîtrise de 66 pages rédigée par Li Xu, un médecin chinois qui a traité les mineurs et envoyé leurs échantillons de tissus au WIV pour qu’ils soient testés.

La thèse de Li a été soumise en mai 2013. Il écrit que six mineurs ont retiré les excréments de chauve-souris d’une mine en avril 2012. Après y avoir travaillé pendant 14 jours, tous les travailleurs se sont sentis malades avec des symptômes graves, comme une forte fièvre, une toux sèche et des membres douloureux.

L’école de médecine clinique de l’université de Kunming, où Li a étudié, a reçu et traité les mineurs. Finalement, trois des mineurs sont morts. Leurs échantillons ont été envoyés au WIV pour une étude plus approfondie.

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