Les « Dix petits nègres », le best-seller d’Agatha Christie renommé « Ils étaient dix »

Par Epoch Times avec AFP
26 août 2020 11:43 Mis à jour: 2 avril 2021 18:41

Oubliez les « Dix petits nègres ». Le roman policier d’Agatha Christie, un des livres les plus lus et vendus au monde, change de nom, amputé du mot « nègre » dans sa version française, pour « ne pas blesser ».

« Nous ne devons plus utiliser des termes qui risquent de blesser », s’est justifié sur RTL, qui a révélé cette info, l’arrière-petit-fils de la romancière, James Prichard, dirigeant de la société propriétaire des droits littéraires et médiatiques des œuvres d’Agatha Christie. Le nouveau titre français qui sort ce mercredi aux éditions du Masque est « Ils étaient dix ».

Mais, il ne s’agit pas seulement d’un changement de titre. Le mot « nègre », cité 74 fois dans la version originale du récit, n’apparaît plus du tout dans la nouvelle édition traduite par Gérard de Chergé. « L’île du nègre » où se déroule la machiavélique intrigue imaginée par Agatha Christie est devenue dans la nouvelle version « l’île du soldat » (comme dans les versions en anglais).

« Les éditions du Masque ont opéré ces changements à la demande d’Agatha Christie Limited afin de s’aligner sur les éditions anglaise, américaine et toutes les autres traductions internationales », a précisé l’éditeur contacté par l’AFP.

« La traduction a été révisée selon les dernières mises à jour de la version originale mais l’histoire en elle-même ne change pas », a souligné l’éditeur. « Quand le livre a été écrit, le langage était différent et on utilisait des mots aujourd’hui oubliés », a expliqué de son côté James Prichard.

Le célèbre roman d’Agatha Christie (1890-1976) dont le titre original est « Ten Little Niggers » (« Dix petits nègres ») fut écrit en 1938 et publié en 1939 en Grande-Bretagne. Dès sa sortie aux Etats-Unis au début de l’année 1940, il fut publié (avec l’accord de la romancière) sous le titre « And Then There Were None » (« Et soudain il n’en restait plus »).

La France où le livre fut publié pour la première fois en 1940 était l’un des rares pays (avec l’Espagne et la Grèce notamment) à conserver le titre « Dix petits nègres ». « Au Royaume-Uni, (le titre) a été modifié dans les années 1980 et aujourd’hui nous le changeons partout », a rappelé M. Prichard.

« Mon avis, c’est qu’Agatha Christie était avant tout là pour divertir et elle n’aurait pas aimé l’idée que quelqu’un soit blessé par une de ses tournures de phrases (…) Ça a du sens pour moi: je ne voudrais pas d’un titre qui détourne l’attention de son travail. Si une seule personne ressentait cela, ce serait déjà trop! », a insisté l’arrière-petit-fils de la romancière.

Ce changement de titre intervient après qu’en juin dernier, aux États-Unis, la plateforme de streaming HBO Max avait fait polémique en retirant temporairement de son catalogue le film « Autant en emporte le vent » en arguant que ce film (de 1939) « dépeint des préjugés racistes qui étaient communs dans la société américaine ».

Le film a depuis été remis en ligne, avec une introduction présentant des éléments de contexte.

Adapté au cinéma (notamment avec Charles Aznavour) et à la télévision, « Dix petits nègres » est un best-seller mondial. Il s’est vendu à plus de 100 millions d’exemplaires. « C’est l’un des plus grands succès de tous les temps, c’est son plus grand succès et c’est le livre de crime le plus vendu de l’histoire », a rappelé James Prichard.

L’annonce du changement de titre du roman d’Agatha Christie a provoqué de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux.

« Il y a quelques mois encore, on était des milliers à rire de bon cœur des incultes qui s’indignaient de ce titre. Désormais, l’inculture triomphe et règne. #dixpetitsnègres », a ainsi posté le philosophe Raphaël Enthoven sur son compte Twitter. Pour le journal Le Figaro il s’agit d' »un nouveau triomphe du politiquement correct ».

Interrogé sur France Inter, François Busnel, présentateur de l’émission littéraire de France 5 « La grande librairie », a jugé « absurde » ce changement de titre.

« On peut tout lisser mais un livre se replace dans son temps (…) Au lieu de juger, on devrait lire », a-t-il dit.

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