Il faut empêcher la Chine d’inonder le marché européen avec des voitures électriques subventionnées, met en garde Ursula von der Leyen

Par Alex Wu
10 mai 2024 19:59 Mis à jour: 10 mai 2024 19:59

Le 8 mai, à Berlin, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déclaré que l’Europe devait empêcher la Chine d’inonder son marché avec les voitures électriques fortement subventionnées.

« La concurrence loyale est une bonne chose. Ce que nous n’aimons pas, c’est que la Chine inonde notre marché avec des voitures électriques massivement subventionnées. Nous devons nous attaquer à ce problème, nous devons protéger notre industrie », a-t-elle lancé lors de la convention du Parti chrétien-démocrate allemand.

Mme von der Leyen a également exhorté les pays de l’Union européenne (UE) à s’unir pour répondre aux menaces économiques venant de l’extérieur, appelant tous les ministres des Finances de l’UE à œuvrer ensemble pour établir l’union des marchés de capitaux, dont on parle depuis longtemps.

« Une union des marchés des capitaux mieux intégrée pourrait permettre d’investir jusqu’à 470 milliards d’euros de plus par an dans nos start-ups et nos PME », a-t-elle souligné.

En octobre 2023, la Commission européenne, qui supervise la politique commerciale de l’UE, a lancé une enquête pour déterminer si les voitures électriques fabriquées en Chine recevaient des subventions massives de la part du régime communiste – ce qui fausserait la concurrence et justifierait l’imposition de droits de douane punitifs sur ces voitures.

L’enquête devrait prendre fin en novembre prochain, tandis que l’UE pourrait imposer des droits anti-subventions provisoires en juillet. Bruxelles devrait publier un résumé des droits de douane temporaires proposés d’ici le 5 juin et commencer à les imposer d’ici le 4 juillet.

De plus, le 6 mai, après leurs entretiens à Paris avec le chef du Parti communiste chinois Xi Jinping, Ursula von der Leyen et Emmanuel Macron ont déclaré que si le régime chinois n’offrait pas un accès équitable à son marché aux entreprises européennes, l’UE était prête à utiliser tous les outils commerciaux disponibles pour défendre son économie.

Dans une déclaration, Mme von der Leyen a demandé à Pékin de s’attaquer à la « surcapacité structurelle », car l’État-parti chinois « continue de soutenir massivement son secteur manufacturier » alors que la demande intérieure chinoise est faible et « le monde ne peut pas absorber l’excédent de production de la Chine ».

Des voitures électriques BYD attendent d’être chargées sur un navire au terminal international de conteneurs de Taicang au port de Suzhou, dans la province chinoise du Jiangsu, le 11 septembre 2023. (AFP via Getty Images)

Sun Guoxiang, professeur associé à l’université de Nanhua à Taïwan, a expliqué à Epoch Times que la déclaration de Mme von der Leyen impliquait que l’Europe n’était pas à l’origine du problème de surcapacité chinoise, mais qu’elle était obligée d’assumer les conséquences de la production excédentaire de la Chine.

« Il semble que l’UE prépare tous les outils disponibles [pour contrer le dumping de la Chine]. L’Allemagne, en tant que premier pays de l’UE, doit faire preuve de détermination. Mme von der Leyen représente la position de l’ensemble de l’UE », a-t-il ajouté.

« Le point de vue de Mme von der Leyen est que l’UE doit s’unir et parler à la Chine d’une seule voix. En fait, nous pouvons voir qu’elle travaille également dur pour que l’Europe et les États-Unis parlent d’une seule voix face à la Chine, ce qui est, en fait, encore plus important. »

S’adressant à Epoch Times, Chung Chih-tung, chercheur à l’Institut taïwanais de recherche sur la défense et la sécurité nationales, estime que « l’UE prend désormais très au sérieux la menace que les voitures électriques chinoises représentent pour l’économie et l’industrie européennes, principalement en raison de la politique de subventions de la Chine. En Europe, les industries automobiles sont formées d’entreprises privées qui ne bénéficient pas de ce type de subventions d’État ».

Un problème structurel

M. Chung a poursuivi : « Actuellement, l’Europe considère la Chine comme un partenaire de coopération, mais aussi comme un concurrent économique et un rival systémique. Si cette situation continue à évoluer dans un sens négatif, cela affectera également les relations économiques entre l’UE et la Chine. L’Europe prendra alors des contre-mesures plus sévères contre la concurrence déloyale de Pékin dans les secteurs des voitures électriques et de l’automobile.

« La principale chose à surveiller à l’avenir est les résultats de l’enquête actuelle de l’UE sur les subventions de l’État chinois. Cela pourrait conduire l’Europe à imposer des droits de douane punitifs sur les importations de voitures électriques chinoises et même impliquer l’imposition de tarifs supplémentaires sur les produits fabriqués en Chine ou importés de Chine par des constructeurs automobiles non chinois. »

Les gens regardent des voitures sur le stand Mercedes-Benz le jour d’ouverture du salon de l’automobile de Shanghai, le 16 avril 2019. (Greg Baker/AFP via Getty Images)

Selon M. Chung, le fait que les dirigeants européens insistent constamment sur la surcapacité de la Chine et le dumping de ses voitures électriques en Europe montre qu’ils sont de plus en plus préoccupés par le problème structurel de l’économie chinoise.

« En termes d’économie et de commerce, l’Europe adopte désormais une politique de réduction des risques et de la dépendance à l’égard de la Chine, ce qui est basé sur la méfiance à l’égard du régime communiste chinois », a-t-il constaté. « L’UE définit la Chine comme un rival systémique, ce qui signifie qu’il y a de l’opposition et de la concurrence dans les domaines de la politique et de l’économie, ainsi que des conflits entre les idéologies et les valeurs. Tant que ce problème structurel ne sera pas résolu, les désaccords économiques et commerciaux entre la Chine et l’UE continueront à s’intensifier. »

Entretemps, le ministère sud-coréen du Commerce, de l’Industrie et de l’Énergie a déclaré, le 8 mai, qu’il accorderait cette année un financement public de 9700 milliards de wons (6,6 milliards d’euros) à l’industrie locale des batteries pour voitures électriques afin qu’elle établisse sa propre chaîne d’approvisionnement, s’éloignant ainsi de la Chine et s’alignant davantage sur les lignes directrices commerciales des États-Unis.

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