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Donald Trump conditionne une aide de 20 milliards de dollars à l’Argentine à une victoire de Javier Milei

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Le président Donald Trump salue le président argentin Javier Milei à la Maison-Blanche, le 14 octobre 2025.

Photo: Madalina Kilroy/Epoch Times

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Durée de lecture: 7 Min.

Le président Donald Trump a affirmé que l’aide financière des États-Unis à l’Argentine dépendrait de l’issue de l’élection qui aura lieu ce mois-ci dans ce pays sud-américain.
Trump a apporté, le 14 octobre, son soutien à l’actuel président argentin Javier Milei, défendant ce leader libertarien anti-establishment alors que l’Argentine traverse de graves difficultés financières.
Les deux chefs d’État se sont rencontrés à la Maison-Blanche, tandis que Milei cherche un appui international à ses vastes réformes économiques. Leur entretien intervient à quelques semaines d’élections législatives cruciales en Argentine, qui pourraient déterminer le sort de l’agenda réformateur du président argentin.
Récemment, les États-Unis ont validé un plan de sauvetage économique de 20 milliards de dollars, composé en majorité d’opérations de swap de devises, mais subordonné à la victoire électorale de Milei et à sa capacité à poursuivre sa politique d’austérité.
« Je soutiens cet homme car sa philosophie est juste ; il se peut qu’il gagne, il se peut qu’il perde. Mais je pense qu’il va gagner, et s’il gagne, nous serons à ses côtés, et s’il perd, nous nous retirerons », a déclaré Trump.
« Si un socialiste l’emporte, l’approche en matière d’investissement serait toute autre. »
Exprimant son soutien à l’aide américaine, Trump a également insisté sur le fait qu’il s’agissait de « soutenir une grande philosophie qui doit s’imposer dans un grand pays ».
Au cours des deux dernières années, Milei a engrangé plusieurs succès notables, notamment une réduction spectaculaire de l’inflation et un excédent budgétaire, le premier en 14 ans.
Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a qualifié ce soutien financier de « pont », destiné à donner à Milei les moyens de maintenir « des politiques fortes, pour que l’Argentine redevienne grande ».
Depuis la défaite de Milei et de son mouvement La Libertad Avanza lors des récentes élections provinciales, le pays connaît une aggravation brutale de la pénurie de liquidités, poussant le gouvernement à intervenir d’urgence.
Les marchés boursiers, le prix des obligations et le peso argentin ont subi une volatilité extrême, sur fond de crainte de voir l’influence de Milei décliner, et d’obstacles possibles à l’application de ses réformes.
Milei affrontera son premier scrutin de mi-mandat le 26 octobre, lors duquel 127 sièges à la Chambre des députés et 24 sièges au Sénat seront remis en jeu.
L’évolution récente des marchés prédictifs montre que le président et son parti gagnent du terrain. À l’inverse, la coalition péroniste-kirchnériste, à tendance de gauche, a vu son soutien s’effriter ce mois-ci.
« Un retour aux politiques péronistes obligerait à revoir la position américaine », a souligné Bessent.
Le péronisme, hérité de l’idéologie socialiste de Juan Perón — 29e président de l’Argentine — s’articule autour de la redistribution des revenus, de la protection sociale et du nationalisme.
Malgré tout, Trump a affiché une grande confiance dans la capacité de Milei à s’imposer lors de la consultation électorale.
« Vous allez remporter l’élection, nous allons vous soutenir, je vous apporte aujourd’hui mon plein soutien », a-t-il d’ailleurs affirmé, ajoutant que « nos approbations dépendront du vainqueur du scrutin ».

« La Chine cherche à diviser »

Cette rencontre à la Maison-Blanche intervient alors que la Chine, premier acheteur mondial de soja, n’a cette année rien importé de cette denrée auprès des agriculteurs américains.
D’après les données du département de l’Agriculture, Pékin a, en effet, détourné une grande partie de ses achats vers l’Argentine, forçant les agriculteurs américains à écouler leurs stocks avec difficulté.

Donald Trump lors d’une réunion avec le président argentin Javier Milei à la Maison-Blanche, le 14 octobre 2025. (Kevin Dietsch/Getty Images)

Interrogé sur le fait de savoir si le régime chinois agit ainsi pour attiser les tensions entre les États-Unis et l’Argentine, Trump a affirmé qu’il s’agissait vraisemblablement d’une stratégie délibérée de la Chine.
« La Chine cherche à diviser », a répondu Trump pendant un déjeuner bilatéral entre les deux dirigeants. « J’imagine que c’est naturel. C’est la Chine, et c’est naturel. Mais, au final, cela n’aura aucun impact. »
Si le soutien américain a, jusqu’ici, permis de limiter la fonte des réserves de l’Argentine, la Maison-Blanche a également promis de venir en aide aux agriculteurs.
« Les producteurs de soja américains souffrent car la Chine, uniquement pour des raisons de ‘négociation’, n’achète pas », a affirmé Trump sur Truth Social plus tôt ce mois-ci. « Mais tout va très bien finir. »
Le président américain a indiqué que la question du soja figurera en tête de l’ordre du jour de sa prochaine rencontre avec Xi Jinping, le dirigeant chinois. Trump s’est aussi engagé à utiliser les recettes tirées des droits de douane — plus de 200 milliards de dollars cette année fiscale — pour soutenir les agriculteurs américains, même si aucun détail n’a encore été communiqué.
Lors d’une interview sur Fox News la semaine dernière, Bessent a précisé que Milei « s’est engagé à chasser la Chine » d’Argentine.
Au cours de la décennie passée, le régime chinois a étendu son influence en Argentine et sur l’ensemble du continent sud-américain.
L’ancien président argentin Alberto Fernández avait, pour sa part, renforcé les liens économiques et diplomatiques avec la Chine, autorisant d’importants investissements chinois et une coopération stratégique dans plusieurs secteurs. Dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route » — le vaste chantier d’infrastructures de Pékin pour remodeler les relations commerciales globales —, des entreprises chinoises, aidées de financements d’État, ont investi dans les mines de lithium, le nucléaire et les barrages hydroélectriques argentins.
Malgré l’objectif affiché par l’administration Milei de réduire la dépendance de l’Argentine à l’égard de la deuxième économie mondiale, Bessent a rappelé dans la presse que le plan d’aide américain de 20 milliards de dollars n’était pas conditionné à la rupture des accords de swap de devises avec la Chine.
Bessent a toutefois prévenu que l’assistance américaine pourrait se limiter si Buenos Aires ne réduisait pas la présence chinoise sur ses ports, ses bases militaires et ses installations d’observation créées ces dernières années.
Andrew Moran couvre les affaires, l'économie et la finance. Il est écrivain et reporter depuis plus de dix ans à Toronto, avec des articles publiés sur Liberty Nation, Digital Journal, et Career Addict. Il est également l'auteur de "The War on Cash" (La guerre contre le liquide).

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