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Douleurs au genou, au dos ou à la cuisse : les signes méconnus d’un problème de hanche et comment y remédier
Près de 72 % des personnes se trompent sur l’origine réelle de leurs douleurs. Cette douleur persistante au genou ? Les étirements n’y changent rien, les nouvelles chaussures non plus — et voilà que le dos s’y met aussi. Voici la surprise : le véritable coupable n’est peut-être pas le genou, ni le dos, mais la hanche. Et la plupart des gens l’ignorent totalement.

Photo: sebra/Shutterstock
Smita Rao, kinésithérapeute, le constate encore et encore : un patient arrive avec une ordonnance pour des douleurs au genou ou au dos, et l’on découvre finalement que la hanche est en cause.
En réalité, aux États-Unis, près de trois personnes sur quatre passent à côté de ce lien, selon une enquête nationale menée par le Wexner Medical Center de l’université d’État de l’Ohio. Sur plus de 1000 adultes interrogés, 72 % ignoraient qu’une douleur au genou pouvait provenir de la hanche. Presque autant ne savaient pas que des problèmes de hanche pouvaient provoquer des douleurs à l’aine (69 %) ou à la cuisse (66 %).
Il n’existe pas, à ce jour, de sondage national en France mesurant directement la proportion de personnes ignorant que les douleurs au genou ou à l’aine peuvent provenir d’un problème de hanche. Toutefois, plusieurs sources médicales et études permettent d’en déduire que cette méconnaissance est courante.
« Ce n’est presque jamais un problème d’articulation isolée. Notre corps fonctionne comme une chaîne d’articulations, et la hanche joue un rôle central — même si ce n’est pas l’endroit où la douleur se manifeste en premier », explique à Epoch Times Smita Rao, kinésithérapeute et clinicienne chercheuse, directrice du programme de doctorat en kinésithérapie à l’université de New York.
Pourquoi les douleurs de hanche sont souvent mal interprétées
Smita Rao entend souvent ses patients décrire des douleurs sourdes sur le côté de la cuisse, des élancements dans l’aine ou une pression sur l’os du bassin après être restés assis longtemps. Au premier abord, ces symptômes ne semblent pas liés à la hanche. Pourtant, ils le sont souvent. Parce que la hanche est connectée au bassin, à la colonne vertébrale et à de grands groupes musculaires, la douleur peut se manifester ailleurs : on parle alors de douleur projetée. Les zones les plus courantes sont l’avant de la cuisse, l’aine, le bas du dos ou le genou.

Effets d’une position assise prolongée. (Epoch Times/Shutterstock)
« Les trois principaux muscles qui stabilisent le genou prennent naissance dans le bassin », explique Gene Aiello, chiropraticien, qui observe fréquemment ce schéma. « Chaque semaine, cinq ou six nouveaux patients viennent pour une douleur au genou, mais la source se trouve en réalité au niveau de la hanche. »
Les muscles des hanches soutiennent également la colonne vertébrale, notamment les fessiers et les rotateurs profonds. Lorsqu’ils sont faibles ou mal coordonnés, le bas du dos compense, ce qui entraîne des tensions ou des blessures.
Et quand la hanche est irritée ou désalignée à cause d’une arthrose, d’une blessure ou d’une faiblesse musculaire, elle perturbe le fonctionnement du bassin et déclenche une réaction en chaîne. Par exemple, des fléchisseurs de hanche trop tendus – les muscles qui se contractent en position assise – tirent le bassin vers l’avant, tandis que des fessiers et ischio-jambiers faibles ne parviennent pas à contrebalancer ce déséquilibre. Avec le temps, cet alignement perturbé exerce une pression sur les articulations voisines, en particulier le bas du dos et les genoux.
Les habitudes modernes — notamment la position assise prolongée — aggravent encore la situation, souligne Smita Rao.
« Cela provoque une bascule du bassin vers l’avant et comprime l’articulation de la hanche », ajoute-t-elle. « Je dis à mes étudiants que c’est comme transformer un appartement deux-pièces en studio : tout devient à l’étroit. En kinésithérapie, notre travail consiste à redonner de l’espace, à revenir à un deux-pièces. »
Comme les symptômes apparaissent dans des zones variées, le dysfonctionnement de la hanche est souvent confondu avec d’autres troubles. Il est parfois diagnostiqué comme un problème de disque lombaire ou une tension musculaire, ce qui retarde le traitement approprié.
Cinq signes que la hanche pourrait être en cause
Les gens ne remarquent souvent un problème de hanche que lorsqu’il gêne leurs mouvements, indique Smita Rao : entrer dans une voiture, enfiler des chaussures ou s’asseoir en tailleur. Ces gestes du quotidien — se pencher, se lever, transférer son poids — mobilisent tous les hanches.
Pourtant, beaucoup retardent la consultation. Dans l’enquête, 40 % des répondants ont déclaré qu’ils essayaient de « tenir le coup » malgré la douleur, et 52 % se contentaient de médicaments en vente libre au lieu de consulter.
Selon Smita Rao et Gene Aiello, voici cinq signes indiquant que la hanche pourrait être la source cachée de la douleur :
• Douleur au genou ou à l’aine après avoir marché ou été assis trop longtemps : une douleur qui apparaît après une longue marche ou un trajet en voiture peut révéler une instabilité ou une compression de l’articulation de la hanche.
• Douleur en se penchant pour enfiler des chaussures : cette position comprime l’avant de la hanche, un déclencheur fréquent d’arthrose précoce ou de conflit articulaire (pincement de la hanche).
• Douleur en sortant d’une voiture ou en se levant d’une chaise : ces mouvements sollicitent plusieurs muscles de la hanche et du bassin. Quand l’articulation est faible ou bloquée, la douleur peut se manifester ailleurs.
• Douleur qui s’aggrave la nuit ou en position allongée sur un côté : l’inflammation peut augmenter la pression au repos et perturber le sommeil, signe d’une atteinte articulaire plus profonde.
• Absence de résultat avec d’autres traitements : si les approches ciblant le genou ou le dos n’ont rien donné, il est peut-être temps d’évaluer la hanche.
Traiter le vrai problème
Les patients remarquent souvent les signes évidents — comme un claquement ou un accrochage dans la hanche — mais ignorent les symptômes plus subtils, tels que la raideur après s’être assis ou la douleur en se penchant.
Des troubles de la hanche non traités peuvent accélérer la perte de cartilage, aggraver l’arthrose et solliciter les structures voisines comme le labrum, l’anneau de cartilage qui stabilise l’articulation. Avec le temps, cela réduit la mobilité et peut mener à des interventions plus lourdes, comme une prothèse de hanche.
« Nous disposons souvent de 30 à 45 minutes pour évaluer comment tout fonctionne ensemble, pas seulement là où ça fait mal », explique Smita Rao. « Une partie du travail consiste à déterminer si ce symptôme est lié à autre chose que j’observe dans le corps. »
Un bilan complet peut inclure des tests de mouvement, une évaluation manuelle et des examens d’imagerie comme une radiographie ou une IRM pour détecter une arthrose, une déchirure ou une compression articulaire.
Chez certains patients, une prothèse de hanche peut être envisagée si les lésions sont trop avancées pour un traitement conservateur.
« Même si une chirurgie de la hanche peut sembler impressionnante, c’est en réalité l’une des interventions les plus faciles à récupérer », précise le Dr Matthew Beal, médecin et professeur associé en chirurgie orthopédique. « Se lever et marcher après l’opération suffit souvent à faire office de rééducation pour la plupart des patients. »
Préserver la santé de ses hanches
Même sans douleur, il existe de nombreuses façons de prévenir les problèmes ou de ralentir une gêne naissante. Si certaines personnes sont plus sujettes aux pincements articulaires en raison de leur anatomie, la plupart des facteurs de risque peuvent être améliorés par une meilleure posture, davantage de souplesse, de force et de mouvement au quotidien, souligne Smita Rao.
« L’essentiel est de développer à la fois stabilité et mobilité », indique Gene Aiello. Une routine de marche régulière constitue déjà une excellente base.
Si l’avant de vos hanches semble raide — comme dans ce « deux-pièces transformé en studio », dit Smita Rao —, commencez par recréer de l’espace. Des mouvements simples et réguliers peuvent aider à rétablir l’équilibre et à soulager les tensions.
Les deux experts recommandent quelques gestes clés pour garder des hanches solides et sans douleur :
Faites chaque jour des bascules du bassin
(Epoch Times)
Debout ou allongé, les pieds écartés à la largeur des hanches et les genoux légèrement fléchis, rentrez doucement le coccyx en contractant les abdominaux inférieurs et les fessiers, de façon à aplatir le bas du dos. Ce petit mouvement réaligne le bassin et dégage de l’espace à l’avant de la hanche, surtout si vous restez souvent assis.
Étirez vos fléchisseurs de hanche
(Epoch Times)
Pour compenser le raccourcissement dû à la position assise prolongée, essayez une fente à genoux ou un étirement debout du fléchisseur de hanche. Gardez le buste droit et avancez légèrement jusqu’à sentir l’étirement à l’avant de la hanche.
Renforcez vos fessiers et abducteurs
(Epoch Times)
(Epoch Times)
Pratiquez plusieurs fois par semaine des exercices comme le pont fessier, les élévations latérales de jambe ou le mouvement du coquillage.
Ces exercices stabilisent le bassin et réduisent la tension sur les hanches et les genoux, surtout lors de la marche ou en position debout.
Bougez régulièrement
(Epoch Times)
Toutes les heures environ, levez-vous et remettez votre corps en mouvement.
Essayez des gestes simples comme faire tourner vos hanches, marcher dans la pièce ou tenir la posture du Warrior II pour réactiver les muscles des hanches et du tronc, souvent endormis par la station assise prolongée.
« Il s’agit d’apprendre à être à l’écoute de son corps », conclut Smita Rao. « Si quelque chose ne va pas, ne l’ignorez pas. Consultez un professionnel qui pourra vous aider à en identifier la cause. »
Cara Michelle Miller est rédactrice indépendante et éducatrice en santé holistique. Elle a enseigné au Pacific College of Health and Science à New York pendant 12 ans et a dirigé des séminaires de communication pour les étudiants en ingénierie de la Cooper Union. Elle écrit maintenant des articles axés sur les soins intégratifs et les modalités holistiques.
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