Elon Musk dévoile la véritable raison pour laquelle Twitter a supprimé le compte de Donald Trump

Par Caden Pearson
10 décembre 2022 18:45 Mis à jour: 11 décembre 2022 22:10

Le journaliste Matt Taibbi a publié vendredi le troisième volet des Twitter Files, exposant comment Donald Trump a été censuré puis exclu de la plateforme.

Les dernières révélations montrent que les dirigeants de Twitter utilisaient un outil de shadow banning qu’il nommaient en interne le « filtrage de visibilité » contre Donald Trump avant les élections américaines de 2020.

[Le shadow banning pouvant se traduire par « bannissement furtif » consiste à bloquer totalement ou partiellement un utilisateur sans qu’il en ait conscience.]

Ils montrent également que l’engagement du FBI s’est intensifié avant que le compte de Donald Trump ne soit définitivement suspendu.

Ce nouveau volet, intitulé The Removal of Donald Trump [L’exclusion de Donald Trump], n’est que le premier d’une série de trois comptes-rendus qui examineront spécifiquement les actions des cadres de Twitter au cours de la période allant d’octobre 2020 au 8 janvier 2021 (date de fermeture du compte).

Les discussions en interne chez Twitter, via l’application collaborative Slack Teams, révèlent que les communications entre les responsables de l’entreprise et le FBI ont bondi pendant cette période.

« Quelle que soit votre opinion sur la décision de supprimer Trump ce jour-là, les communications en interne chez Twitter entre le 6 et le 8 janvier ont une importance historique évidente », écrit Matt Taibbi. « Même les employés de Twitter ont compris sur le moment qu’il s’agissait d’un événement marquant dans les annales de [la liberté] d’expression. »

« C’est le premier chef d’État en exercice à être suspendu ? » demande un employé de Twitter, dont le nom est expurgé, dans un échange sur Slack ce jour‑là.

Exclure Trump

Dans un message, un cadre évoque le « contexte entourant » les actions de Donald Trump et de ces partisans à la veille de l’élection. C’est ce contexte qui a partiellement motivé l’équipe à exclure l’ancien président, mais aussi « les 4+ dernières années ».

Dans un message adressé à Vijaya Gadde, responsable de la politique juridique et de la confiance, un cadre dont le nom est expurgé se propose de remonter les conseils des chercheurs internes et d’universitaires externes pour l’aider à décider s’il elle doit censurer un tweet de Trump ou l’utiliser « comme une goutte d’eau faisant déborder le vase » avant de l’exclure.

Le cadre explique que la « décision de retirer ce tweet particulier » ou de l’utiliser « comme une goutte d’eau » dépend « du contexte global et du narratif autour de ce tweet ».

« Le contexte compte et le narratif que Trump et ses amis ont essayé de mettre en place au cours de cette élection et franchement au cours des 4+ dernières années doit être pris en compte », déclare le cadre.

Avant que Trump ne soit exclu, Twitter a également créé un nouvel outil pour le censurer. Cet outil a été mis au point au moment où Donald Trump a perdu les élections et s’est mis à dénoncer une fraude électorale. En interne, les dirigeants ont désigné l’outil sous le nom de « désamorçage L3 ».

Le nouvel outil a été décidé le 10 décembre 2020, alors que « Trump était en train de bombarder la plateforme avec 25 tweets qui en substance disaient : ‘Un coup d’État a lieu sous nos yeux’ », écrit Matt Taibbi.

Jeudi, la rédactrice en chef de The Free Press, Bari Weiss, triée sur le volet par Elon Musk pour publier le deuxième lot des Twitter Files, a dévoilé l’étendue des outils de censure de Twitter, révélant des listes noires secrètes.

Entrée du siège du FBI à Washington, le 15 août 2022. (Mandel Ngan/AFP via Getty Images)

Les relations entre Twitter et le FBI

Le FBI signalait régulièrement des tweets particuliers aux cadres de Twitter. Ces tweets faisaient ensuite l’objet d’une discussion, suite à quoi ils étaient soit censurés soit  labellisés.

Les cadres de Twitter ont créé un groupe de discussion dédié en octobre 2020 à la suppression des tweets liés aux élections.

Ni la campagne de Trump, ni la Maison Blanche, ni les « républicains en général » n’ont jamais envoyé de demandes de modération à Twitter, note Matt Taibbi.

« Nous avons cherché. Elles peuvent exister : on nous a dit qu’elles existaient. Cependant, elles étaient absentes ici. »

Les raisons pour justifier l’interdiction de Trump ont été élaborées durant des mois avant le 6 janvier 2021 et le FBI organisait des réunions avec les cadres de Twitter de plus en plus souvent.

À un moment, Yoel Roth, l’ancien responsable de la confiance et de la sécurité de Twitter, a noté dans un message Slack concernant  l’article du New York Post qu’il avait des réunions de « synchronisation hebdomadaire » autour de la protection des élections avec le FBI, le département de la Sécurité intérieure et le Bureau du directeur du renseignement national (ODNI, Office of the Director of National Intelligence).

Donald Trump au 2022 Zionist Organization of America Superstar Gala, invité pour recevoir la médaille Theodor Herzl, au Pier Sixty à New York, le 13 novembre 2022. (Samira Bouaou/Epoch Times)

Les discussions en interne sur Slack indiquent que les communications entre les dirigeants de Twitter et le FBI ont continué à s’intensifier après le 6 janvier 2021. On peut voir qu’à force l’équipe de Twitter abordait ces rencontres avec une certaine lassitude.

Une capture d’écran montre la difficulté qu’avait Yoel Roth  à dissimuler ses réunions avec le FBI dans son emploi du temps.

« Je suis un grand partisan des agendas transparents » écrit Yoel Roth. « Mais j’ai atteint un certain point où mes réunions sont devenues… très intéressantes… pour les gens et il n’y a pas de noms de réunion assez génériques pour les couvrir. »

Un employé dont le nom est expurgé répond en plaisantant : « Réunion d’affaires très ennuyeuse qui ne concerne absolument pas Trump ; ) »

« Vrrrrrrraiment en effet », rétorque Yoel Roth. « PAS de réunion avec le FBI, je le jure. »

Siège social de Twitter sur la 10e rue à San Francisco, le 4 novembre 2022. (David Odisho/Getty Images)

« L’érosion des standards » chez Twitter

Selon Matt Taibbi, tout cela montre « l’érosion des standards » chez Twitter. Les cadres de haut niveau ont violé leurs propres politiques durant des mois jusqu’à ce que surviennent les événements du Capitole le 6 janvier, qui leur ont donné le prétexte pour exclure Trump.

Les captures d’écran révèlent que les cadres de Twitter ont commencé à planifier l’interdiction de futurs présidents autres que Trump dès l’exclusion de celui-ci – un cadre précisant que l’administration du futur président Joe Biden « ne sera pas suspendue par Twitter, sauf en cas de nécessité absolue. »

Matt Taibbi, Bari Weiss et Michael Shellenberger sont les trois journalistes choisis par Musk utilise pour divulguer les Twitter Files.

Matt Taibbi a annoncé que la suite sera publiée samedi et dimanche.

La prochain compte‑rendu de Michael Shellenberger « détaillera le chaos au sein de Twitter » le jour où Trump a été exclu, tandis que Bari Weiss dimanche « révélera les communications internes secrètes à partir de la date clé » du 8 janvier 2021.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.