Enfant exclu de la cantine parce qu’il refuse de manger de la viande : le maire réagit à la polémique

Par Paul Tourège
7 décembre 2019 15:46 Mis à jour: 7 décembre 2019 15:46

Alors que la municipalité de Pont-de-Chéruy a reçu plusieurs appels injurieux depuis que la famille de l’enfant qui risque d’être exclu de la cantine scolaire de la commune a partagé l’affaire sur les réseaux sociaux, le maire a décidé de donner sa version des faits pour couper court à la polémique.

Le 4 décembre, Raja Lamsyah expliquait sur sa page Facebook que son fils Kamil, un garçon de huit ans scolarisé en classe de CE2, risquait d’être exclu du restaurant scolaire de Pont-de-Chéruy – une ville d’un peu plus de 5000 âmes située à une quarantaine de kilomètres à l’est de Lyon – dès le retour des vacances de Noël

La mère de Kamil partageait le courrier en date du 15 novembre envoyé par Alain Tuduri, le maire (DVD) de Pont-de-Chéruy, pour lui signifier sa décision.

Elle précisait également qu’elle s’était adjointe les services de Mohamed Djerbi, avocat et président de l’antenne de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) de Grenoble, pour « réparer l’injustice faite » à son enfant.

Contacté par les journalistes de 20 minutes, Me Djerbi indique que le courrier daté du 15 novembre a été remis en main propre à sa cliente cette semaine.

Des propos confirmés par Alain Tuduri, auteur dudit courrier : « Oui, ce courrier à mon nom est authentique et leur a bien été remis par des policiers municipaux car ils n’avaient pas réceptionné le courrier recommandé avec accusé de réception envoyé précédemment. »

« Les parents ne nous ont jamais dit qu’il était végétarien »

Si le message publié par Mme Lamsyah a rencontré un large écho sur les réseaux sociaux, le maire de Pont-de-Chéruy a tenu à s’expliquer sur la décision d’exclure Kamil du restaurant scolaire de la commune.

« Le personnel de la cantine a remarqué qu’il ne mangeait pas de viande, mais les parents ne nous ont jamais dit qu’il était végétarien, donc je doute qu’il le soit. Il ne mange pas de viande à la cantine ni chez lui, je trouve ça très particulier, il n’a aucun certificat médical ou autre, et le médecin de la PMI [Protection maternelle et infantile] nous a dit qu’il fallait encourager les enfants à goûter de tout. Pour moi, le refus de manger de la viande est un signe religieux clair, et je ne souhaite pas que la religion rentre dans les affaires scolaires de Pont-de-Chéruy. »

Une décision que conteste vigoureusement Me Djerbi : « Le motif invoqué par la mairie est qu’elle aurait ‘constaté’ que l’enfant ne mangeait pas de viande, ce qui paraît étonnant, on l’imagine mal appeler les nombreux parents dont les enfants ne mangent pas de légumes. D’autant plus qu’à aucun moment la famille n’a demandé de plat de substitution à la mairie, c’est la mairie qui a sollicité des explications aux parents pour savoir pourquoi leur enfant ne mangeait pas de viande, et ils ont répondu que c’était pour raison personnelle. »

Le maire entend assumer sa décision

Si Alain Tuduri admet effectivement qu’« il n’y a pas eu de demande de la famille pour que l’enfant mange un menu de substitution », il se refuse néanmoins à envisager que l’enfant puisse être autorisé à amener son propre repas, et ce, « pour des raisons d’hygiène et parce que chaque enfant se mettrait à amener son plat ».

« On ne peut pas contraindre un enfant à manger de la viande s’il n’aime pas ça. C’est pour ça que je vais mettre la mairie en demeure de s’excuser pour cette erreur grossière et d’annuler cette décision. Si elle refuse, je saisirai le tribunal administratif pour obtenir l’annulation », menace Mohamed Djerbi.

Une perspective qui ne semble toutefois pas inquiéter outre mesure le maire de Pont-de-Chéruy.

Habitué des feuilletons judiciaires – il a notamment été condamné à trois mois de prison avec sursis et 7000 euros d’amende pour favoritisme dans l’attribution de certains marchés publics à des entreprises par le tribunal correctionnel de Vienne le 19 mars 2015 –, l’édile entend en effet assumer sa position tout en laissant la porte ouverte afin de trouver une solution qui convienne à tous les protagonistes.

« Les parents reçoivent les menus trois semaines à l’avance, s’ils ne veulent pas que l’enfant mange de la viande, il suffit de ne pas le mettre à la cantine ce jour-là. L’enfant sera exclu à la reprise, en janvier, si on ne trouve pas de solution intelligente d’ici là, je ne suis fermé à rien et nous avons trois semaines pour trouver la formule adaptée pour les deux parties », conclut Alain Tuduri.

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