États-Unis : la question transgenre au prisme de la violence et de la radicalisation

Des activistes Antifa, à Sacramento, Etats-Unis, le 8 mars 2023. John Fredricks/ Epoch Times
Aux États-Unis, un débat grandissant associe la montée en visibilité des personnes transgenres à des phénomènes de violence et de radicalisation politique. Une série d’affaires criminelles impliquant des individus trans ou non-binaires a nourri l’inquiétude, et certains chercheurs ou observateurs parlent désormais d’un “signe inquiétant” dans une société américaine déjà polarisée.
Fusillades et faits divers
Depuis 2018, plusieurs fusillades très médiatisées ont eu pour auteurs des personnes transgenres. L’une des plus marquantes fut celle de l’école Covenant à Nashville en 2023, où une femme s’identifiant comme homme a tué six personnes, dont trois enfants, avant d’être abattue par la police. Quelques mois plus tôt, cinq personnes avaient perdu la vie dans une boîte de nuit LGBT de Colorado Springs.
Des cas plus récents, impliquant de jeunes adultes trans, associent également cette mouvance à des groupes radicaux d’extrême gauche ou à des communautés en ligne aux contours quasi-sectaires. Ces liens restent complexes, mais la succession d’affaires a renforcé l’idée d’un phénomène émergent.

La police new-yorkaise arrête un manifestant lors d’une manifestation pro-transgenre à New York, le 3 février 2025. Le président Donald Trump a récemment déclaré que son administration examinait la possibilité d’un extrémisme transgenre dans le pays. (Charly Triballeau/AFP via Getty Images)
Une combinaison de facteurs
Pour le neuropsychologue Alan Hopewell (Fort Worth), il ne s’agit pas d’un facteur unique, mais d’une convergence : traitements hormonaux puissants, troubles psychiatriques, pression des réseaux sociaux et polarisation politique. « La prise d’hormones, combinée à certains médicaments et à l’influence en ligne, peut créer un terrain dangereux », explique-t-il.
La psychiatre Lauren Schwartz, basée en Oklahoma, se montre plus prudente. Selon elle, il serait excessif de faire un lien direct entre transidentité et violence : « La plupart des personnes trans ne sont pas violentes. Mais beaucoup présentent une fragilité psychologique, et le simple fait de confirmer leur identité de genre n’apporte pas nécessairement une amélioration. »

Vue d’une ampoule de testostérone à l’hôpital de Santiago, au Chili, le 8 janvier 2020. (Claudio Reyes/AFP via Getty Images)
John Lott, président du Crime Prevention Research Center, ajoute une lecture statistique : environ 5 % des auteurs de fusillades de masse depuis 2018 seraient transgenres, alors qu’ils représentent moins de 1 % de la population américaine. Une surreprésentation qui alimente le débat, même si ces chiffres restent discutés.
Une instrumentalisation politique
Dans le climat américain, la question devient rapidement politique. Les conservateurs mettent en avant un lien entre transidentité et radicalisation, alors que les associations LGBT accusent leurs adversaires d’exploiter des faits divers pour stigmatiser.
Certains groupes radicaux revendiquant une identité queer ou trans (Armed Queers of Salt Lake City ou Trans Army, …) entretiennent eux-mêmes une rhétorique de confrontation. Si leurs responsables affirment rester pacifiques, leur vocabulaire révolutionnaire et leur proximité supposée avec des mouvances d’ultragauche ont attiré l’attention du FBI.
Trans Army, qui propose des « guides, boîtes à outils et stratégies de contre-insurrection pour survivre et riposter », a nié être autre chose qu’un groupe pacifique, après que le journaliste Andy Ngo a publié sur X que l’organisation s’entraînait en vue d’une « insurrection paramilitaire contre le gouvernement américain ».
Le groupe a déclaré dans un communiqué en ligne : « La présentation récente de l’initiative Trans Army comme une force révolutionnaire violente constitue une interprétation fondamentalement erronée de l’intention, des objectifs et du militantisme de l’organisation. »
Donald Trump a désigné Antifa comme un groupe terroriste intérieur le 22 septembre et a signé, le 25 septembre, un mémorandum présidentiel visant à démanteler les réseaux de terrorisme d’extrême gauche aux États-Unis.
Le président américain a rejeté l’idée que ces violences politiques soient d’origine spontanée.
« Il s’agit plutôt de l’aboutissement de campagnes sophistiquées et organisées d’intimidation ciblée, de radicalisation, de menaces et de violence, destinées à réduire au silence les discours opposés, à limiter l’activité politique, à modifier ou orienter les résultats des politiques, et à empêcher le fonctionnement d’une société démocratique », a déclaré M. Trump.
Trevor Loudon : « Il y a une révolution en cours »
Pour Trevor Loudon, écrivain et documentariste néo-zélandais, spécialiste des mouvements marxistes, ces évolutions ne sont pas un hasard. Selon lui, les groupes d’extrême gauche américains, qu’il s’agisse d’Antifa, de groupes socialistes ou d’autres organisations, cherchent à recruter activement parmi les personnes trans.
Il estime que, historiquement, la lutte des classes n’a pas pris en Amérique. Les militants radicaux auraient donc cherché d’autres lignes de fracture : d’abord la race, puis le genre et l’orientation sexuelle. « Diviser la société en victimes et oppresseurs est une stratégie ancienne. Aujourd’hui, le transgenrisme devient le nouveau terrain », dit-il. Il rapporte même des témoignages de parents qui accusent certains enseignants de pousser des adolescents fragiles à adopter une identité trans et à embrasser une forme de militantisme radical.
« Ce que nous observons, conclut-il, c’est une révolution en cours. »

Des militants Antifa se rassemblent à Sacramento, en Californie, le 10 mars 2023. Selon des observateurs, des groupes d’extrême gauche recrutent des personnes transgenres et utilisent les identités de genre pour accentuer les divisions au sein de la société américaine. (John Fredricks/ Epoch Times)
Une société fracturée
Au final, ces drames et ces débats disent moins sur les personnes trans elles-mêmes que sur les fractures de la société américaine. Entre discours médicaux prudents, lectures sécuritaires alarmistes et récupération politique, la transidentité est devenue un champ de bataille symbolique.
En toile de fond, la question centrale demeure : comment accompagner une population vulnérable sans l’exposer à l’isolement, à l’hystérisation des réseaux sociaux et aux tentatives de récupération idéologique ?
Un débat brûlant aux États-Unis, qui commence aussi à faire écho en Europe, où les sociétés observent avec attention cette combinaison explosive entre identité, santé mentale et radicalisation.

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