Le lien entre transidentité et autisme
Enfant, Chloe Cole était un vrai garçon manqué. À 7 ans, on lui diagnostique un trouble de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et, dix ans plus tard, elle est orientée vers un dépistage de l’autisme.

Chloe Cole, qui a entamé sa transition à 12 ans et regrette aujourd’hui d’avoir subi une ablation de la poitrine, tient un flacon de testostérone utilisée dans les traitements de transition, le 26 août 2022. John Fredricks / Epoch Times
À l’adolescence, Chloé commence à se vivre comme un garçon et souhaite que son corps reflète cette identité nouvelle.
Les médecins donnent leur feu vert sans hésiter : bloqueurs de puberté et testostérone dès 13 ans, puis une double mastectomie à 15 ans, raconte-t-elle à Epoch Times.
Ce qui frappe rétrospectivement, dit-elle, c’est que personne ne s’est d’abord penché sur ses troubles neurologiques. Le même spécialiste qui l’a envoyée vers la chirurgie l’a plus tard adressée pour un dépistage de l’autisme. Cole se décrit aujourd’hui comme “sur le spectre”, même si le diagnostic n’a jamais été officialisé.
Désormais, elle est l’une des figures les plus visibles de la contestation des interventions médicales sur les mineurs souffrant de dysphorie de genre.
Elle explique que de nombreuses personnes qu’elle a côtoyées dans la communauté trans — et beaucoup de détransitionneurs — « sont quelque part sur le spectre autistique, ou présentent des troubles proches, comme le TDAH ».
Un phénomène désormais mieux documenté
Ses impressions trouvent un écho croissant dans la littérature scientifique. Depuis une dizaine d’années, les études multiplient les mises en parallèle entre transidentité, autisme et autres troubles neurodéveloppementaux. Ce lien, longtemps discuté à bas bruit, arrive aujourd’hui sur le devant de la scène.
Dans plusieurs pays, la convergence entre autisme et dysphorie de genre incite déjà les autorités sanitaires à recommander un dépistage neurologique avant toute intervention. Aux États-Unis, en revanche, le modèle dominant — celui d’une prise en charge “affirmative” — laisse peu de place à l’exploration de ces causes profondes.

Chloe Cole, le 12 janvier 2023. Selon elle, le chevauchement entre la dysphorie de genre et les troubles du neurodéveloppement, comme l’autisme ou le TDAH, est bien plus marqué qu’on ne le pense.
Melvin Soto-Vázquez / Cpi Studios pour Epoch Times
Autisme et dysphorie de genre : une surreprésentation frappante
Un rapport publié ce mois-ci par le think tank britannique Centre for Social Justice révèle une surreprésentation nette des diagnostics d’autisme et de TDAH chez les jeunes orientés pour dysphorie de genre.
Selon les données du NHS, 32,4 % des jeunes concernés présentent un diagnostic d’autisme, et 11,7 % un TDAH — des taux 16 fois et plus du double de la moyenne nationale, respectivement.
« Les personnes avec un trouble du spectre autistique s’identifient beaucoup plus fréquemment comme transgenres », explique Joseph Nicolosi Jr., psychologue clinicien en Californie.
Deux études, en 2016 et 2019, montrent que les enfants autistes ont entre quatre et sept fois plus de risques d’éprouver une dysphorie de genre. Selon M. Nicolosi, l’explication tient notamment à une forme de pensée littérale ou “rigide”.
Un enfant autiste qui ne se retrouve pas dans des activités perçues comme masculines peut, par exemple, interpréter cela comme la preuve qu’il n’est pas un garçon. Les difficultés à lire les codes sociaux peuvent renforcer ce décalage.
« Cela nourrit un sentiment d’isolement », souligne-t-il.

Chloe Cole tenant une photo d’elle enfant, le 26 août 2022. Elle se souvient qu’à partir du CM1, elle a commencé à mal vivre les premiers changements liés à la puberté — “un ressenti très courant chez les personnes ayant un TDAH ou un trouble du spectre autistique”. John Fredricks / Epoch Times
Un malaise corporel précoce
Cole se souvient d’avoir mal vécu les premiers signes de puberté, dès la classe de CM1 — plus tôt que ses camarades.
« Plus je grandissais, moins je me reconnaissais dans la féminité. Je ne me sentais à ma place ni avec les filles, ni vraiment avec les autres », dit-elle.
« C’est un ressenti très courant chez les personnes avec TDAH ou autisme. »
Erin Friday, devenue célèbre pour avoir convaincu sa fille — diagnostiquée TDAH — de renoncer à une transition sociale et médicale, affirme que nombre de jeunes détransitionneurs qu’elle rencontre présentent également des traits autistiques.
Selon elle, la plupart des professionnels ne considèrent pas la transidentité comme un mécanisme de coping, mais comme une identité “naturelle”, sans interroger les causes profondes.
« Autisme et transidentité, on les traite comme s’ils allaient de soi ensemble », déplore-t-elle. « Personne ne cherche véritablement ce qui se trouve en amont. »
Elle observe par ailleurs que certains hôpitaux regroupent désormais leurs services d’autisme et de dysphorie de genre, créant selon elle « un flux continu » de patients.
Pas de virage français
Au Royaume-Uni, la revue Cass, publiée en 2024, recommande un dépistage systématique des troubles du neurodéveloppement chez les mineurs exprimant une dysphorie de genre. Cette révision globale des pratiques a conduit le NHS à quasiment suspendre les bloqueurs de puberté, faute de preuves d’efficacité.
La Suède et la Finlande suivent une ligne similaire : évaluer d’abord les troubles neurologiques et psychologiques, puis envisager éventuellement une prise en charge du genre.
En France, la prise en charge s’inscrit dans une ligne plus prudente, sans pour autant suivre le tournant restrictif du Royaume-Uni ou des pays nordiques. Depuis 2022, la Haute Autorité de Santé et l’Académie nationale de médecine appellent à une évaluation psychologique approfondie et à un examen attentif des comorbidités éventuelles, sans rendre obligatoire un dépistage des troubles du neurodéveloppement comme l’autisme. Les bloqueurs de puberté et les traitements hormonaux restent possibles, mais dans un cadre très encadré et essentiellement hospitalier. La France se situe ainsi dans une position intermédiaire : prudence renforcée, mais pas de réforme structurelle comparable à celle récemment engagée outre-Manche.

La pédopsychiatre Hilary Cass présentant, à Londres le 9 avril 2024, les conclusions de l’Independent Review of Gender Identity Services for Children and Young People. Le rapport recommande notamment un dépistage des troubles du neurodéveloppement, dont l’autisme, ainsi qu’une évaluation des problèmes de santé mentale. Yui Mok / PA Wire
« Le problème n’a jamais été leur corps »
Pour C. Alan Hopewell, neuropsychologue au Texas qui suit des patients en questionnement de genre depuis les années 1970, l’étude de ces liens est difficile aux États-Unis, où la transition médicale est devenue « un secteur à part entière ».
Les troubles sensoriels souvent présents chez les enfants autistes peuvent perturber l’image de soi, l’identité sexuelle, ou les interactions sociales. Les troubles psychiatriques — personnalité borderline, schizophrénie, bipolarité — peuvent également brouiller les repères identitaires.
Chloe Cole confie qu’elle pensait trouver un apaisement en masculinant son corps. « Ce n’est jamais venu », dit-elle. Elle regrette aujourd’hui sa mastectomie et a commencé une détransition.
« La confusion de genre est toujours liée à des difficultés ou à des souffrances dans la vie de ces enfants », estime-t-elle.
« Leur genre, leur sexe, leur corps ne sont jamais le problème. Le problème est psychique, émotionnel. C’est là qu’il faut regarder. »

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