Face au virus, l’importance de critiquer

ÉDITO

Par Aurelien Girard
30 mars 2020 08:31 Mis à jour: 1 avril 2020 13:48

Les organismes confinés fatiguent. Alors que le stress accumulé déborde en s’exprimant sur les réseaux sociaux, dans les articles de grands médias, la quête des coupables est déjà lancée. C’est pour cela, parait-il, qu’il faut toujours des procès : l’arrestation du criminel et son châtiment sont indispensables à la catharsis publique et à l’assainissement du grand corps de la société. Encore faudra-t-il ici bien identifier les véritables coupables, en évitant de se focaliser sur ceux qui sont plus faciles à désigner, parce que plus proches de nous.

Allumez la radio, regardez les journaux télévisés, lisez les « tweets » et commentaires divers, qu’y trouvez-vous ? Des spécialistes interrogés, des médecins et soignants, à qui le même type de question est systématiquement posé : « Le gouvernement a-t-il fait ce qu’il fallait au début de l’épidémie ? », « les signaux d’alerte ont-ils été entendus ? », « le gouvernement gère-t-il correctement la situation aujourd’hui ? » 

L’Élysée, Matignon et le ministère de la Santé sont devenus l’horizon le plus lointain d’observation de toute la population et des commentateurs et, comme sous l’effet d’une dépendance collective à un État-providence qui devrait tout pouvoir, les seuls endroits où chercher la cause du malheur national. 

Il y aura, évidemment, beaucoup à apprendre des erreurs de gestion lors de la guerre contre le virus de Wuhan. Par exemple, est-ce pour ne pas froisser le régime chinois qu’on a tardé à prendre la mesure de cette pandémie et qu’on n’a pas contrôlé les avions en provenance de Chine, alors que Taïwan le faisait dès la fin décembre (ce qui lui permet aujourd’hui d’être très peu affecté par le virus) ? Plus récemment, le silence face à la réécriture de l’histoire de l’épidémie par le régime chinois était-il pour éviter que les masques chirurgicaux, produits en Chine, soient bloqués par Pékin ? Était-ce pour cacher les liens trop étroits de membres haut placés de notre exécutif avec le régime chinois ?  

Tous ces points devront être scrutés avec une attention non-divisée, mais seulement quand la crise du virus de Wuhan sera passée. Dans la situation de dépendance économique dans laquelle la France s’est elle-même placée, elle réagit aujourd’hui aussi bien qu’elle le peut. Il serait désastreux que la nation se désunisse en pleine tempête et qu’on ne reconnaisse pas à la quasi-totalité du monde politique français sa sincère volonté d’agir pour sauver les vies de nos citoyens.

Aujourd’hui donc et alors que le virus frappe encore, nos sens critiques devraient plutôt s’aiguiser pour comprendre les origines de l’épidémie et ne pas reproduire dans les semaines à venir les erreurs déjà commises.

 

Le vrai danger vient toujours du même endroit

La première et principale erreur a été la surprenante crédulité qui a fait considérer comme fiables les chiffres de contaminations donnés par le Parti communiste chinois (PCC). Interrogée sur France Inter le 23 mars, la sinologue Marie Holzmann conteste vigoureusement le chiffre officiel de 3200 morts :

« Cette épidémie est une catastrophe pour la Chine, mais c’est aussi une catastrophe pour son image : elle donne l’image d’un pays sous-développé où toutes sortes d’épidémies bizarres circulent, que le gouvernement est incapable de contrôler, soigner et prévenir. Maintenant le gouvernement chinois est en train d’essayer de renverser la machine de l’information en disant que la Chine va sauver le monde de cette épidémie. Ce qui est stupéfiant, c’est que cette propagande marche. On entend maintenant les Français, les Italiens qui disent que grâce aux masques chinois, grâce à l’expertise des Chinois qui ont su juguler cette épidémie en Chine, nous allons nous en sortir. Mais on n’a aucune preuve que l’épidémie a été jugulée en Chine. Cette volonté d’inverser la réalité des faits est tellement bien élaborée qu’on a l’impression que tous les observateurs et tous les acteurs tombent dans le piège. C’est quelque chose de vraiment terrifiant. »      

Les motifs d’inquiétude sont effectivement importants, tout du moins si les statistiques chinoises sont aussi fiables aujourd’hui que lors du massacre de la place Tian An Men (durant lequel aucun étudiant n’est officiellement mort). Un récent article du journal Free Asia Report soutient puissamment cette hypothèse : Sur les seuls 15 derniers jours du mois de mars, les maisons funéraires de Wuhan ont livré 42 000 urnes funéraires, au rythme effarant de 3500 par jour. Il en faudrait, dans des circonstances normales, seulement 220 par jour.   

Les témoignages glaçants de lanceurs d’alerte chinois, depuis arrêtés, sur la présence de morts dans les rues de Wuhan ou les crématoriums surchargés laissaient déjà craindre un bilan catastrophique. Business Insider publie de plus des informations selon lesquelles le gouvernement britannique a été informé par ses scientifiques que les infections et décès en Chine seraient 40 fois supérieures à ce qu’a affirmé le Parti communiste chinois. Le Premier ministre Boris Johnson en serait, d’après Business Insider, furieux au point de prévoir d’annuler tout accord avec Huawei. Comme si cela ne suffisait pas, des épidémiologistes cités par le Globe and Mail considèrent qu’une nouvelle vague de l’épidémie en Chine est « totalement inévitable. »

En France aussi l’agacement monte face à la campagne de désinformation du Parti communiste chinois sur des « dons » de masque, qui sont en réalité vendus. « C’est parfois plus simple de faire de la propagande, des belles images et parfois d’instrumentaliser ce qui se passe », s’agace la secrétaire d’État aux Affaires européennes Amélie de Montchalin au journal Le Monde, évoquant « la Chine, la Russie qui mettent en scène des choses. »

Le New York Times rappelle que, pour gérer sa propre crise, le régime chinois a importé d’Europe et des États-Unis des dizaines de millions de respirateurs et masques (20 millions pour le seul 30 janvier), en plus des millions envoyés gratuitement par des entreprises internationales comme Honeywell, 3M, Bristol Myers Squibb. Cependant, hormis les exports maintenant mobilisés pour des opérations de communication du parti communiste, les instructions sont claires : tout doit rester en Chine, comme instrument d’une « diplomatie des masques » : « Les exports ne sont toujours pas autorisés », confirme au New York Times Guillaume Laverdure, directeur opérationnel de Medicom, un fabricant canadien qui produit des millions de masques chaque jour à Shanghai.

Sous la pression internationale, quelques envois ont finalement pu commencer. Malheureusement pour la sécurité des Européens, ceux-ci ne sont pas fiables : le journal néerlandais DW révèle que des centaines de milliers de masques reçus aux Pays-Bas sont défectueux. Les services sanitaires néerlandais qui ont eu la présence d’esprit de réaliser des contrôles ont pu montrer que leur filtre ne fonctionnait pas.

Ce même drame d’absence de qualité vaut aussi pour les kits de diagnostic rapide du Covid-19 : The Guardian rapportait le 27 mars que le gouvernement espagnol a dû cesser d’utiliser les kits venus de Chine après avoir constaté que 70% des tests n’étaient pas fiables !  

La responsabilité de la France

Avec de telles données, il faut bien sûr s’accrocher, et fort, pour ne pas commencer à penser que tout est planifié par le parti communiste chinois pour que l’Europe entière soit mise à genoux. Ce ne sont donc pas les autorités françaises qui devraient être les premières visées par nos critiques mais cette dictature chinoise qui exploitera – qui exploite déjà – sans le moindre état d’âme les faiblesses de l’Europe pour tenter de l’acheter et de la dominer.

Le virus de Wuhan est maintenant devenu un « virus du PCC », outil pour vaincre l’Occident. Si les différents gouvernements, et peut-être en première position le gouvernement français, sont coupables d’une chose, c’est surtout d’avoir pu prendre le régime chinois comme partenaire jusqu’à aujourd’hui  – malgré toutes les alertes qui leur étaient faites.

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