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La Syrie après la guerre« Fin de la guerre civile » : le chancelier allemand fait pression pour le rapatriement des réfugiés syriens
Le chancelier Merz ne voit plus aucune raison d'attendre pour rapatrier les Syriens. Il souhaite désormais s'impliquer personnellement dans ces efforts.

Des membres de la diaspora syrienne se rassemblent à Paris pour accueillir le président syrien Ahmad al-Sharaa à l'occasion de sa première visite diplomatique en Europe, le 7 mai 2025.
Photo: : Nael CHAHINE/Middle East Images/AFP via Getty Images
Le chancelier fédéral Friedrich Merz insiste pour que les expulsions vers la Syrie reprennent rapidement et souhaite s’engager personnellement auprès du président syrien par intérim Ahmed al-Scharaa. « La guerre civile en Syrie est terminée. Il n’y a désormais plus aucune raison d’accorder l’asile en Allemagne et nous pouvons donc commencer les rapatriements », a déclaré le chef de la CDU lors d’une visite à Husum, dans le Schleswig-Holstein. Il a invité M. Al-Scharaa en Allemagne pour discuter de ce sujet avec lui.
Le chancelier a également souligné qu’il comptait sur le retour volontaire d’une grande partie des réfugiés syriens afin qu’ils participent à la reconstruction de leur pays. Sans ces personnes, la reconstruction serait impossible. « Et ceux qui refusent ensuite de retourner dans leur pays depuis l’Allemagne pourront bien sûr être expulsés dans un avenir proche. »
La déclaration de M. Wadephul a fait polémique
M. Merz a réagi lors d’une conférence de presse à une déclaration du ministre des Affaires étrangères Johann Wadephul. Lors d’une visite en Syrie, pays ravagé par plusieurs années de guerre civile, le politicien CDU avait émis des doutes quant au retour volontaire d’un grand nombre de réfugiés syriens à court terme, compte tenu des destructions massives. « Ici, presque personne ne peut vraiment vivre dans la dignité », a déclaré le ministre lors d’une visite à Harasta, une banlieue de Damas gravement dévastée.
Le gouvernement syrien apprécie les jeunes Syriens formés en Allemagne. Mais ils sont libres de choisir leur voie. « Tous ceux qui restent chez nous, s’investissent dans notre société et s’intègrent dans le monde du travail » sont les bienvenus, a ajouté M. Wadephul. Ces déclarations ont valu à M. Wadephul des critiques au sein de son propre parti.
Environ 900 Syriens tenus de quitter le territoire sans bénéficier d’un statut de séjour toléré
Le débat sur le retour concerne différents groupes de Syriens. Selon les informations fournies en août par le ministère fédéral de l’Intérieur, 920 personnes tenues de quitter le territoire et sans statut de tolérance séjournent en Allemagne. Le gouvernement fédéral souhaite expulser particulièrement rapidement les personnes qui ont commis des infractions pénales.
Depuis 2012, tous les retours ont été suspendus en raison de la situation sécuritaire dans le pays.
Pour la plupart des 951.406 personnes originaires de Syrie présentes en Allemagne, il s’agit dans un premier temps d’un retour volontaire. Afin de le rendre possible, le gouvernement fédéral souhaite contribuer à la stabilisation du pays, a déclaré M. Merz.
Il y a près d’un an, le dirigeant de longue date Bachar al-Assad a été renversé dans ce pays arabe par la milice islamiste HTS, dirigée par M. al-Scharaa. Ce dernier a été nommé président par intérim et conduit depuis lors le pays vers une ouverture et un rapprochement avec l’Occident. Selon les médias d’État syriens, il prévoit de se rendre à Washington la semaine prochaine.
Le ministre allemand de l’Intérieur renvoie à l’accord de coalition
Le ministre fédéral de l’Intérieur Alexander Dobrindt (CSU) a renvoyé aux accords sur les rapatriements figurant dans l’accord de coalition au gouvernement. « J’ai déjà commencé les rapatriements vers l’Afghanistan », a-t-il déclaré en marge d’une conférence communale à Mannheim. On est en train de « conclure des accords avec la Syrie qui permettront également les rapatriements vers la Syrie ». Cette mission découle de l’accord de coalition.
En septembre, M. Dobrindt avait déclaré au journal Rheinische Post : « Nous voulons conclure un accord avec la Syrie avant la fin de l’année, puis expulser dans un premier temps les délinquants, puis les personnes sans titre de séjour. »
L’Office fédéral des migrations et des réfugiés (BAMF) effectue déjà des travaux préparatoires et traite à nouveau les demandes d’asile des Syriens, « en priorité celles des jeunes hommes aptes au travail », comme l’a récemment déclaré le ministère.
Environ 2000 Syriens ont quitté volontairement le pays
Le secrétaire général du groupe parlementaire de l’Union au Bundestag, Steffen Bilger (CDU), a déclaré dans l’émission « Morgenmagazin » de la chaîne ARD qu’environ un million de réfugiés provenant de divers pays étaient déjà retournés en Syrie. À ce jour, environ 2000 personnes ont quitté volontairement l’Allemagne pour la Syrie.
Critiques au sein de l’Union – Miersch défend Wadephul
Le vice-président du groupe parlementaire de l’Union (CDU + CSU, ndlr), Günter Krings (CDU), a déclaré au journal « Bild » que la guerre civile syrienne était terminée et que, dans de nombreuses régions du pays, un retour était envisageable pour la grande majorité des Syriens qui avaient quitté le pays. Le degré de destruction n’est pas un argument valable contre un « retour volontaire ou obligatoire ». « Car qui va reconstruire un pays détruit si ce ne sont pas ses propres citoyens ? »
Le chef du groupe parlementaire SPD, Matthias Miersch, a quant à lui défendu M. Wadephul. Le ministre des Affaires étrangères a eu raison d’évoquer la situation en Syrie. Dans le même temps, la coalition a toutefois l’intention « de procéder bien sûr à des expulsions en cas d’infractions graves ».
Avec dpa/red





