Fin de vie: l’évêque de Reims et l’ancien député Jean Leonetti ont exprimé leur hostilité à la future loi

Par Vincent Solacroup
17 mars 2024 14:00 Mis à jour: 17 mars 2024 17:02

Évêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France (CEF), Éric de Moulins-Beaufort a redit dans le Journal du dimanche son hostilité à la future loi sur la fin de vie. L’ancien député Jean Leonetti s’est quant à lui exprimé dans le Figaro.

« Tromperie »

« Jusqu’ici, la fraternité consistait à retenir quelqu’un qui voudrait se suicider, (…) à l’accompagner jusqu’au bout. Cela deviendrait-il désormais de regarder la personne se suicider ou de l’aider à le faire ? » s’est interrogé Éric de Moulins-Beaufort. Alors qu’Emmanuel Macron a décrit comme une « loi de fraternité » ce texte qui sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 17 mai, le président de la CEF a réitéré sa critique de « tromperie ». « Très directement, elle transformera notre système de santé », a-t-il averti.

Dans une interview au Figaro samedi, l’ancien député LR Jean Leonetti considère que « les orientations proposées privilégient la liberté individuelle à la fraternité collective puisqu’on permet de donner la mort à des personnes vulnérables au nom de leur liberté de choix ». Jean Leonetti, maire d’Antibes et cardiologue de profession, a donné son nom aux lois de 2005 et de 2016 sur les droits des malades en fin de vie.

Interrogé sur les « critères stricts » posés pour avoir accès à l’aide à mourir (être majeur, lucide, et condamné à court ou moyen terme avec des souffrances réfractaires), Éric de Moulins-Beaufort a estimé que « le drame de ces critères stricts est qu’ils indiquent de manière précise à certains les verrous à faire sauter ».

Et « l’exemple des pays qui ont franchi le pas de l’euthanasie ou du suicide assisté montre le caractère inéluctable du glissement », a averti l’évêque de Reims.

Éric de Moulins-Beaufort s’était lui aussi inquiété sur l’évolution possible du texte, en avertissant que dans tous les pays ayant autorisé un « droit à la mort volontaire », les conditions restrictives initiales « se sont assouplies petit à petit ». Il cite notamment la Belgique où « le dispositif s’est étendu aux enfants et aux malades psychiatriques ».

« On n’utilise pas le terme d’euthanasie » et « on élimine le mot “suicide” » mais « en réalité le projet autorisera les deux », a déploré M. Leonetti.

« Des manœuvres de certaines forces économiques »

Éric de Moulins-Beaufort s’est aussi inquiété « des manœuvres de certaines forces économiques, comme cette mutuelle qui a envoyé aux parlementaires un témoignage émouvant dans le sens du suicide et de l’euthanasie » – une référence à la MGEN qui s’est engagée pour « une fin de vie digne et choisie ».

Dans ce contexte, il a estimé que « les parlementaires auront à cœur de comprendre le sujet » et de mesurer « l’enjeu » pour « le pacte social », tout en estimant que « le combat sera rude ».

Le maire d’Antibes appelle à prendre « le parti de la fraternité » et faire des soins palliatifs « un véritable enjeu national ». Alors, il se peut que les personnes « réclament plus et mieux de vie, plutôt que d’appeler la mort pour les délivrer de la souffrance, la solitude et l’abandon. » Sinon, on risque de s’engager dans une voie « où la mort sera possible partout alors que l’accompagnement ne sera possible que dans certains territoires ».

En fin d’interview, il évoque le principe de « toute société humaine évoluée » : « Tu ne tueras point. » Et de citer l’ancien ministre de la Justice Robert Badinter qui avait exprimé au cours d’une audition sur la fin de vie, que « nul ne peut retirer la vie à autrui dans une démocratie ».

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.