Grève des contrôleurs SNCF: fortes perturbations annoncées

Par Henri Mandel
16 février 2024 12:15 Mis à jour: 16 février 2024 12:49

La grève des contrôleurs SNCF bat son plein à partir de vendredi et pour tout ce week-end de chassé-croisé de vacanciers, avec de fortes perturbations prévues pour les TGV, même si les trajets vers le ski seront préservés.

« Mon train devait partir vendredi mais je l’ai déplacé » à jeudi, « uniquement à cause des grèves », confie à l’AFP Camille Oiseau, interrogée à la gare Montparnasse. « Et j’ai pris mon train retour lundi aussi par précaution », ajoute l’étudiante de 21 ans.

La circulation des trains est « fortement perturbée » depuis jeudi 20h00 et jusqu’à lundi 8h00, a prévenu l’opérateur ferroviaire. Le service est réduit de moitié sur les lignes TGV Inoui et Ouigo, ainsi que pour les Intercités de jour et de nuit. Il doit être « normal » pour les trains Ouigo classiques et « perturbé » pour les liaisons européennes, comme l’Eurostar. La circulation devrait être bien moins perturbée sur les lignes locales. Elle doit être par exemple « normale » sur les TER Bourgogne, « perturbée » dans le Nord-Pas-de-Calais, et « légèrement perturbée » sur l’axe Marseille-Toulon, selon les sites régionaux.

Les clients, qui ont été informés mercredi par SMS et courriel, sont fortement encouragés à décaler leur voyage. Ceux dont le train est supprimé pourront échanger leur billet sans frais ou se faire rembourser la totalité du prix. Le transporteur offre également une réduction de 50% sur le prochain voyage aux clients concernés, grâce à un code envoyé « automatiquement » et « sous un mois ».

Trois quarts des chefs de bord en grève ce week-end

Trois quarts des chefs de bord, sans qui un TGV ne peut pas circuler, devraient faire grève ce week-end, selon la SNCF.

« Tous les territoires seront irrigués par les TGV mais tous les Français ne pourront pas voyager », a prévenu Christophe Fanichet, le patron de SNCF Voyageurs, en déplacement à Lyon jeudi.

Priorité aux trains des Alpes

La SNCF compte « faire partir le maximum de train à la neige. L’objectif, c’est d’assurer les départs et les retours à la neige, et là-dessus je suis très confiant », a expliqué mercredi Christophe Fanichet, le PDG de SNCF Voyageurs. « La priorité c’est de privilégier les trains qui sont complets et… en février, ce sont les trains des Alpes », a-t-il ajouté.

Les liaisons à destination et en provenance de ces stations de ski où les wagons étaient complets devraient donc être toutes assurées. En contrepartie certaines lignes seront davantage touchées, à l’image de Paris-Bordeaux, où plus de 60% des trains sont annulés, selon France Bleu. Il s’agit d’un des principaux week-ends de chassé-croisé des vacances scolaires, avec un million de voyageurs prévus sur les lignes SNCF.

Les revendications des grévistes

Les contrôleurs, qui sont réunis dans le Collectif national des ASCT (agents du service commercial train), un groupe indépendant des syndicats, doivent quand même passer par ces organisations pour déposer des préavis de grève. Ce qui a été fait par SUD-Rail et la CGT-Cheminots

Les grévistes estiment que l’accord de sortie de crise négocié fin 2022, quand une grève le week-end de Noël avait laissé 200.000 voyageurs sur le carreau, tarde à être appliqué. Ils demandent aussi une renégociation de l’accord sur les fins de carrière, notamment la prise en compte des primes dans le calcul de leur retraite. Ils dénoncent plus globalement un manque de considération de leur profession, alors qu’ils considèrent que leurs conditions de travail se sont dégradées.

Pour Fabien Villedieu, le délégué Sud Rail, interrogé par BFMTV ce mardi 13 février. « Une part de gâteau, ce n’est pas une prime de 400 euros au mois de mars. C’est une vraie augmentation de salaire et en l’occurrence de la prime de travail revendiquée par les contrôleurs », a-t-il ajouté.

Du côté de la SNCF

« Les engagements de l’entreprise qui ont été pris en décembre 2022 sont tenus », notamment sur les postes supplémentaires, a rappelé le patron de SNCF Voyageurs. La direction assure avoir « tout fait pour éviter cette grève » dénoncée par la CFDT.  « Nous avons donné toutes ses chances au dialogue social », estime le PDG de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet : « la grève d’aujourd’hui est incompréhensible. » Sur France 2, il a rappelé ce jeudi matin qu’un mouvement social avait déjà eu lieu en décembre 2022 et que le groupe ferroviaire avait « tenu des engagements ». « Cela fait des mois qu’on dialogue avec les chefs de bord », a ajouté Alain Krakovitch, directeur de TGV-Intercités sur RMC, « ce sont des dizaines de réunion qui ont eu lieu sur ces engagements ».

La direction de la SNCF a cherché à limiter les effets du mouvement en faisant appel à des cadres du service ASCT et des volontaires pour remplacer une partie des grévistes. Mais si les TER peuvent circuler sans contrôleurs à bord, c’est en revanche interdit pour les TGV. Leurs rames ne sont en effet pas équipées de caméras permettant de vérifier que la fermeture des portes s’effectue sans risque, la tâche incombe aux contrôleurs.

Pour le gouvernement

Le Premier ministre Gabriel Attal a déploré de son côté « une forme d’habitude, à chaque vacances qui arrivent, d’avoir l’annonce d’un mouvement de grève » des cheminots. « Les Français savent que la grève est un droit », mais « aussi que travailler est un devoir », a-t-il dit mercredi.

Le droit de grève est « important et doit être respecté », a répété la porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot, mercredi 14 février à la sortie du conseil des ministres.

La droite sénatoriale pour l’interdiction des préavis de grève autour des jours fériés

« La grève doit être l’arme ultime », or elle est « devenue un instrument de la négociation », a pointé le président du Sénat Gérard Larcher, ouvert à la discussion sur des dispositifs pour encadrer ces mouvements sociaux, comme celui des contrôleurs de la SNCF.

Un texte de la droite sénatoriale interdisant les préavis autour des jours fériés et sur « les deux premiers et les deux derniers jours » des vacances scolaires est ainsi déjà dans les tuyaux.

Une autre grève déjà à l’horizon

Sud Rail a fait savoir qu’un préavis de grève concernant les Établissements Infrastructures Exploitation de SNCF Réseau où travaillent notamment les aiguilleurs avait été déposé du vendredi 23 février 11 heures au samedi 24 février 23 heures. Un nouveau week-end de lourdes perturbations pour les vacanciers en perspective…

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