Haute-Vienne: le chauffeur de bus licencié pour avoir déposé une élève à son domicile saisit le tribunal des Prud’hommes

Par Emmanuelle Bourdy
1 décembre 2022 14:37 Mis à jour: 1 décembre 2022 14:37

Depuis quelques jours, la commune de Billanges (Haute-Vienne) est sous le feu des projecteurs. En voulant éviter à l’une de ses jeunes passagères de marcher plus d’un demi-kilomètre à pied sur une route isolée et dangereuse, le chauffeur du bus scolaire s’arrêtait devant son domicile. Mais cet arrêt, qui était pourtant sur son trajet, a été qualifié par son employeur de « sauvage ». Licencié pour ce motif, l’employé a décidé de contester cette décision devant le tribunal des Prud’hommes à Limoges.

Damien Tabard, chauffeur de bus scolaire, vient d’être licencié pour avoir déposé certains enfants devant chez eux, et notamment une adolescente de 12 ans. Son employeur, la société Europ Voyage, lui reproche ses « arrêts sauvages » et l’a donc licencié pour faute grave. Il a reçu sa lettre de licenciement en recommandé, ce lundi 28 novembre. Quelques jours plus tôt, il avait été convoqué pour un entretien préalable à ce licenciement.

« C’est une question citoyenne de la part des conducteurs et conductrices »

À la sortie de l’audience, Damien Tabard souligne auprès de France 3 Nouvelle-Aquitaine qu’ « en ce moment, il fait encore nuit très tôt le matin, il fait nuit très tôt le soir ». « Dans mes tournées il n’y a pas de trottoir, il n’y a pas d’éclairage, les parents considèrent que ça peut être tout à fait dangereux aussi, donc les arrêts sauvages sont monnaie courante », déclare-t-il. Pour lui, une telle action « est une question citoyenne de la part des conducteurs et conductrices ».

Ainsi que le rapportait Le Populaire du Centre, le conducteur évitait à l’une de ses jeunes passagères de 12 ans de parcourir matin et soir un trajet de 650 mètres pour se rendre jusqu’à son domicile. La route qu’elle devait emprunter était située en rase campagne et très fréquentée, ne possédant ni trottoir, ni éclairage, ni marquage au sol, et comportant de nombreux virages. En désaccord avec son employé, la société Europ Voyage lui avait pourtant assuré qu’il s’exposait à des sanctions en agissant ainsi. Mais le chauffeur avait fait fi de ces remarques, estimant que cet arrêt était lié à la sécurité de la jeune fille.

« Il a trop bien fait, et on le pénalise »

« Tel qu’on peut le constater, il y a une voirie qui est sans signalisation et sans éclairage, donc en l’occurrence, le chauffeur de car doit déposer la gamine à un endroit qui n’est pas accidentogène », souligne au micro de France 3 le maire de Billanges, Manuel Perthuisot. « Il a trop bien fait, et on le pénalise, ça paraît un peu fou quoi ! », s’indigne encore l’édile.

Les habitants de la bourgade sont également dans l’incompréhension, face à ce licenciement. Un habitant estime auprès de France 3 que ce n’est « pas normal qu’un chauffeur soit licencié pour ce motif ». « La pauvre gamine avait peut-être 600 ou 700 mètres à faire de nuit, c’est dangereux, on ne sait jamais ce qui peut arriver », poursuit-il.

Le successeur du chauffeur licencié s’arrête aux mêmes endroits

Mais le plus fort dans cette affaire, c’est que le nouveau chauffeur qui remplace désormais Damien Tabard ne connaît pas les arrêts classiques de ses petits passagers. Conclusion, ce sont ces derniers qui les lui indiquent, reproduisant à l’identique ce que faisait son prédécesseur.

Contestant son licenciement, le chauffeur de bus a saisi le tribunal des prud’hommes. Quant à la société Europ Voyage, elle n’avait pas répondu aux sollicitations de nos confrères ce mardi 29 novembre.

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