Histoire et critique d’un dossier : le Parti communiste chinois cherche à influencer l’Oregon

En 2010, l'assemblée législative de l'État de l'Oregon a décidé d'encourager les Instituts Confucius

Par Epoch Times
8 novembre 2018 02:31 Mis à jour: 23 mars 2021 04:17

Une résidente de l’Oregon a découvert récemment, à sa grande consternation, que les mains crochues du Parti communiste chinois seraient parvenues à faire adopter un projet de loi dans l’État d’Oregon encourageant l’établissement de salles de classe Confucius.

Elle estime que l’invasion du PCC en Oregon est beaucoup plus profonde qu’on ne l’aurait imaginé ou qu’on ne puisse avoir conscience.

Un courriel inattendu

Tout a commencé par un courriel inattendu.

Lorsqu’une Américaine chinoise de l’Oregon, qui préfère qu’on l’appelle Mme M., a reçu une invitation d’une source inconnue à un événement dans le centre-ville de Portland, le 16 septembre, pour « accueillir le nouveau consul général chinois Wang Donghua en Oregon », elle a été très surprise pour deux raisons.

D’abord, bien qu’elle soit d’origine chinoise, elle n’a participé à aucun événement lié à la Chine et n’a eu affaire à aucun membre de la communauté chinoise depuis des décennies. Elle était donc surprise qu’une telle invitation puisse lui parvenir.

Deuxièmement, le libellé et les implications de l’invitation l’ont mise mal à l’aise. L’une des phrases : « Avec la menace du président américain Donald Trump de mettre en œuvre 200 milliards $ US (175,6 milliards €) en droits de douane supplémentaires sur les produits chinois, les gens de nos deux pays font face à une importante intensification des tensions commerciales. »

Le dirigeant chinois Xi Jinping (à droite) et le vice-premier ministre Liu Yandong (à gauche) arrivent à la cérémonie d’ouverture du 6e Dialogue économique et de sécurité Chine-États-Unis et du 5e cycle de la Consultation sino-américaine de haut niveau sur les échanges interpersonnels, le 9 juillet 2014, à la Diaoyutai State Guest House, à Pékin, Chine. (Feng Li/Getty Images)

Elle sait très bien que l’Oregon est un État agricole et que la Chine est le plus grand marché d’exportation depuis l’Oregon. Si le nouveau consul général de Chine voulait monter les gens contre la politique commerciale du président Trump, il pourrait bénéficier d’une plus grande audience en Oregon.

Ce qui l’inquiétait encore plus, c’est que les élections de mi-mandat sont proches et qu’elle avait entendu dans les médias, et cela avait été confirmé par un tweet du président Trump, que « la Chine a déclaré ouvertement qu’elle essayait activement d’influencer et de changer notre élection en attaquant nos agriculteurs, éleveurs et travailleurs industriels ».

Pour elle, l’invitation envoyée aux « Chers amis de l’Oregon de ‘China Efforts’ (efforts en faveur de la Chine) », et qui dit : « Si vous exportez en Chine, importez de Chine, investissez en Chine ou participez à des échanges de personne à personne avec la Chine, c’est l’événement à ne pas manquer », était suffisante pour lui faire craindre que le nouveau consul général de la République populaire de Chine à San Francisco ne soit en train de non seulement inciter la communauté locale des affaires à s’opposer à la politique commerciale du président Trump mais aussi d’essayer d’influencer le vote.

Lan Jin : un « bénévole » ou un « agent étranger » ?

Mme M. a donc fait des recherches sur l’organisation qui accueillait l’événement, le Conseil des relations fraternelles entre l’Oregon et la Chine (en anglais : Oregon China Sister State Relations Council (OCSSRC)), et a trouvé ce qui suit :

Le président de l’OCSSRC est un Chinois de très haut niveau appelé Lan Jin, qui est aussi le directeur d’une société de consultants en affaires appelée Octaxias. Ce qui est étrange, c’est que le dossier d’enregistrement de cette société n’a pas pu être trouvé dans la base de données commerciales de l’Oregon. Bien que l’entreprise se vante d’avoir « aussi aidé des milliers de propriétaires d’entreprises et d’entrepreneurs à accéder aux marchés chinois », aucun nom de clients commerciaux n’y est jamais mentionné.

En fait, ce qui figure sur la page « Dernières nouvelles » de l’entreprise sont tous de grands noms de la politique, tels que « Gouverneur d’Iowa et Ambassadeur des États-Unis », « Présidente de la Chambre des Représentants d’Oregon, Tina Kotek », « Vice Premier ministre Liu Yandong [de Chine] », et ainsi de suite.

Des recherches plus poussées du nom chinois de Lan Jin ont donné lieu à de nombreux reportages en chinois, notamment sur le site Internet du Quotidien du peuple (en anglais : People’s Daily), le plus important média de propagande du PCC.

Un rapport dépeint Lan Jin comme une « légende » dans le monde des affaires, comme suit :

« Lan Jin a deux cartes de visite. L’une d’elles porte le titre de ‘directeur général de la compagnie Octaxias aux États-Unis’, alors que son deuxième titre sur l’autre l’identifie comme ‘observateur-représentant de la première session du 12e Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CPPCC), président du Conseil des relations fraternelles entre l’Oregon et la Chine’. Pour ce dernier, Lan Jin a dit que c’était un rôle de ‘bénévolat’. »

La machine de propagande de Chine qualifie la CCPPC d’ « organisation du Front patriotique uni du peuple chinois ». Selon l’expert chinois Xia Yiyang, la CCPPC a été créée avant la République populaire de Chine. Sa mission initiale était de donner au PCC la légitimité pour gouverner le pays. Après la création de l’Assemblée populaire nationale, la CCPPC a perdu sa fonction et a été considérée par beaucoup comme un « appareil ratifiant systématiquement » ou un « vase à fleurs ».

Cependant, la CCPPC n’est pas un « vase à fleurs » complètement inutile au sens où l’entend le monde extérieur. Sa fonction principale reste d’effectuer le travail de « Front uni » pour le PCC. Son rôle reste très important et c’est pourquoi le président de la CCPPC doit être membre du Comité permanent du Politburo du Comité central du PCC, les plus hauts dirigeants du PCC.

Un récent rapport du gouvernement américain, intitulé China’s Overseas United Front Work – Background and Implications for the United States (Front uni chinois – Historique et implications pour les É-U), définit le Département de travail du Front Uni (UFWD) du PCC comme « l’agence chargée de coordonner ce type d’opérations d’influence – principalement axée sur la gestion des groupes d’opposition potentiels en Chine, mais elle a également une importante mission d’influence étrangère ».

Le rapport fait référence à Liu Yandong à plusieurs reprises en tant que « président du siège du Conseil de l’Institut Confucius » ; « ancien vice-premier ministre du Conseil d’État » ; « ancien membre du Comité permanent du Politburo » ; « ancien ministre de l’UFWD ».

Sur la page d’accueil du OCSSRC, une photo de Lan Jin et d’un Liu Yandong souriant est présentée en tête d’affiche, ainsi qu’une photo de Lan Jin présentant le sénateur Bill Hansell à Liu Yandong à Zhongnanhai, l’enceinte centrale du Parti communiste chinois, pendant la mission commerciale législative en Chine en octobre 2015.

Sur le site Web de son entreprise, Lan Jin cite ce qui suit comme l’une de ses principales réalisations :

« En 2011, Lan Jin a facilité la visite en Oregon de l’honorable Mme Liu Yandong, conseillère d’État de la Chine. C’est la plus haute responsable chinoise à avoir visité l’État de l’Oregon dans l’histoire. »

Xia Yiyang a dit que d’après ce qu’il sait de la Chine grâce à son étude de celle-ci depuis des décennies, deux choses sont certaines. Si Lan Jin peut faciliter la visite en Oregon d’une personnalité aussi connue que Liu Yandong, il doit soit avoir une relation personnelle très étroite avec Mme Liu, soit être un membre clé de l’UFWD du PCC.

Être si proche de Mme Liu Yandong était une situation convoitée par de nombreux dirigeants de la communauté chinoise à l’étranger. Il n’est pas donné à tout le monde de l’obtenir facilement.

Une capture d’écran du site Web du Oregon China Sister State Relations Council mettant en vedette Lan Jin qui présente le sénateur Bill Hansell à Liu Yandong à Zhongnanhai, l’enceinte du gouvernement central de la Chine, pendant la mission législative commerciale en Chine en octobre 2015. (Capture d’écran / Conseil des relations fraternelles entre l’Oregon et la Chine)

Une autre chose certaine est que si quelqu’un est impliqué au niveau national de la CCPPC, il doit être soit un membre clé de l’UFWD du PCC, soit une personne importante que l’UFWD veut convaincre.

Compte tenu de l’histoire et de la situation de Lan Jin, il devrait appartenir au premier groupe, d’après Xia Yiyang.

Lan Jin est né en Chine dans les années 1960. Il est diplômé du Beijing Institute of Foreign Trade (aujourd’hui l’Université de commerce international et d’économie à Pékin) en 1983. Après cela, il est rendu aux États-Unis pour étudier à l’Université d’État de Portland et a obtenu un baccalauréat ès sciences.

Selon l’article du People’s Daily, depuis les années 1990, Lan Jin retourne en Chine tous les deux mois. Il a créé sa propre entreprise en 1996 et a « comblé le fossé » entre les États-Unis et la Chine.

Les recherches de Mme M. sur l’entreprise de Lan Jin ont produit des résultats étranges. Bien que M. Lan Jin soit une star de l’Oregon, affichant une adresse à Portland sur son site Internet, sa société était en quelque sorte enregistrée dans l’État de Washington, affichant une adresse dans cet État. Une recherche google de cette adresse a conduit à une page Zillow, montrant un chantier de construction et quelques vieilles maisons. Le dossier Zillow montre que cette « maison unifamiliale » a été construite en 2009 et vendue 540 000 $, soit environ 470 000 € en mai 2009.

Pour Mme M., ce n’est pas l’endroit idéal pour diriger une entreprise qui « a aidé à organiser le voyage du président Bush et de son épouse à la Grande Muraille de Chine », « a facilité la visite réussie du gouverneur de l’Oregon Ted Kulongoski en Chine en 2008 ; la visite de Dave Hunt en Chine en 2009 ; la visite de John Kitzhaber en Chine en 2011 ; la visite de Bruce Hanna en Chine en 2011, la visite en Chine du co-président Arnie Roblan de l’Oregon en 2012 et la mission législative 2014 de la présidente Tina Kotek en Chine et de bien d’autres ». Cela ressemble plus ou moins à une coquille vide utilisée comme déguisement.

L’autre titre de M. Lan est président de l’OCSSRC, qui, selon lui, n’est qu’un rôle de « bénévole ».

Si tel est le cas, comment a-t-il soutenu son entreprise et l’OCSSRC toutes ces années ?

Mme M. estime que Lan Jin est plutôt un agent à temps plein qui travaille pour le Parti communiste chinois. Des gens comme lui, a-t-elle dit, devraient être enregistrés en tant qu’ « agents étrangers » pour refléter leur véritable statut, tout comme les porte-parole médiatiques du PCC, Xinhua et China Global Television Network, qui ont récemment reçu l’ordre du Département américain de la Justice de s’enregistrer comme agents étrangers.

La législation de l’État de l’Oregon favorise les salles de classe Confucius

Un autre rapport du People’s Daily du 19 novembre 2015 intitulé « U.S. Oregon Politicians Discuss How to Enhance Relations with China » (les politiciens américains de l’Oregon discutent de comment améliorer les relations avec la Chine) contient ce paragraphe :

« Selon l’introduction de Lan Jin, l’Assemblée législative de l’État de l’Oregon a adopté une loi en 2010 pour que les écoles publiques de l’Oregon mettent en place des cours de langue chinoise et des salles de classe Confucius pour promouvoir l’étude du chinois. C’était la première fois aux États-Unis, voire dans tous les pays anglophones du monde. Cette initiative a d’abord été présentée à l’Assemblée législative par le Comité mixte sur l’État frère de Fujian.»

Capture d’écran de l’interview exclusive du People’s Daily avec Lan Jin, qui décrit la législation de l’Oregon sur « les classes Confucius » comme l’une des deux « mesures uniques » de l’Oregon. (Capture d’écran/People’s Daily)

Une autre interview exclusive accordée à Lan Jin par le People’s Daily cite Lan Jin en ces termes : « L’Assemblée législative de l’État de l’Oregon a adopté deux mesures uniques aux États-Unis. La première est qu’il a adopté une loi en 2010 pour que les écoles publiques mettent en place des cours de langue chinoise et des salles de classe Confucius. L’autre, c’est qu’il a adopté une loi en 2006 pour établir des relations de jumelage avec la Chine. »

Les instituts Confucius fonctionnent dans les collèges et les universités ; les salles de classe Confucius fonctionnent au primaire et dans les lycées. Les deux font partie de la même initiative.

Selon un rapport publié en août 2018 par la U.S.-China Economic Review Commission :

« Les instituts Confucius sont des organismes d’éducation parrainés par le PCC qui enseignent la langue, la culture et l’histoire chinoises aux niveaux primaire, secondaire et universitaire dans le monde entier. Cependant, ils font aussi avancer le récit préféré de Pékin et sapent d’importants principes académiques tels que l’autonomie institutionnelle et la liberté académique. Il est important de noter que les instituts Confucius sont financés par le département de propagande du PCC – officiellement affilié à l’UFWD – et sont également supervisés par du personnel basé dans les ambassades et consulats chinois, selon Richard Fadden, ancien directeur du Service canadien du renseignement de sécurité. Le programme de l’institut Confucius a des liens formels et de longue date avec l’UFWD, puisque Liu Yandong – une ancienne vice-première ministre chinoise et membre du Politburo – était à la tête de l’UFWD quand elle a lancé le programme en 2004. »

Le dossier public montre que Lan Jin a été inscrit comme membre et « directeur exécutif » de la Commission mixte de l’État frère du Fujian, qui s’attribue le mérite d’avoir encouragé la législation à introduire des classes Confucius dans l’école publique d’Oregon.

Selon Dennis Richardson, l’actuel secrétaire d’État de l’Oregon, ancien représentant et membre de la Commission mixte de l’État frère du Fujian, ce comité « a été établi et ses membres ont été choisis conformément à la section 3 du HB 2066 (2007). »

Aux termes de cette loi, le Comité des États fédérés ne peut comprendre plus de 21 membres, dont un coprésident nommé par le président du Sénat et choisi parmi les membres du Sénat, un coprésident nommé par le président de la Chambre des représentants et choisi parmi les membres de la Chambre des représentants, deux membres du Sénat qui ne sont pas membres du même parti politique, nommés par le président du Sénat, deux membres de la Chambre des représentants qui ne sont pas membres du même parti politique, nommés par le président de la Chambre des représentants, et des membres supplémentaires choisis selon les critères établis par la commission et nommés conjointement par le président du Sénat et le président de la Chambre des représentants.

La session ordinaire de 2009 du Comité mixte sur l’État frère du Fujian compte 18 membres. Outre 2 coprésidents, 2 sénateurs et 2 représentants de la Chambre, il y a 12″membres supplémentaires ». De plus, 7 des 12 membres ont un nom de famille chinois et Lan Jin est le directeur exécutif.

M. Richardson a refusé de donner un commentaire ou des informations sur le rôle et les responsabilités de Lan Jin au sein du comité en tant que directeur exécutif, et a demandé à Epoch Times de « parler directement avec M. Lan au sujet de toute question concernant sa participation et ses activités ».

Epoch Times a réussi à joindre Lan Jin par téléphone. Cependant, dès qu’il a appris que l’appel venait d’Epoch Times, il a immédiatement raccroché sans donner au journaliste la moindre chance de poser des questions.

La sénatrice Betsy Johnson, l’une des deux législatrices de la Commission mixte de l’État frère du Fujian, toujours en fonction, a confirmé à Epoch Times que Dennis Richardson avait travaillé dur pour faire avancer les choses et s’était rendue plusieurs fois au Fujian.

Betsy Johnson

Betsy Johnson ne se souvenait pas de celui qui avait sélectionné les membres « supplémentaires » du comité mixte ni se souvenait-elle si elle avait démissionné avant ou après l’adoption de la loi sur les salles de classe Confucius ; elle ne se souvenait pas non plus clairement des situations entourant l’adoption de cette loi. Elle n’avait qu’un souvenir très « superficiel » et « vague » de la législation, telle qu’elle était il y a 8 ans.

Un reportage de Voice of America en 2010 discute brièvement de la controverse entourant la source de financement des instituts Confucius en Oregon, et en met une légende pour une photo de Dennis Richardson dans le rapport, qui se lit comme suit :

« Dennis Richardson (à droite) espère convaincre d’autres législateurs que le programme scolaire Confucius offre un moyen de rendre les cours de mandarin plus largement disponibles dans les écoles publiques. »

Un autre paragraphe du reportage dit : « M. Richardson fait partie de plusieurs législateurs de l’Oregon qui ont poussé leurs collègues à financer davantage l’enseignement en langue chinoise dans les écoles publiques de l’Oregon. Bien qu’une poignée de districts l’offrent, les efforts pour étendre les classes sont restés vains à l’Assemblée législative, en partie à cause des préoccupations concernant les frais. »

À la page « À propos de nous » du site Web de l’OCSSRC, on énumère les « étapes importantes » de l’OCSSRC comme suit :

« La première salle de classe de Confucius en Amérique du Nord ou du Sud a été établie à Medford, en Oregon, à l’école secondaire St. Mary en 2008.

« L’Oregon a été le premier État des États-Unis à adopter une loi pour étendre l’enseignement du mandarin à toutes les écoles publiques (2010). »

Après ces « premiers » statuts, des dizaines d’instituts Confucius et de salles de classe Confucius ont vu le jour en Oregon. L’Université de l’État de Portland compte à elle seule 36 salles de classe affiliées à l’institut Confucius.

Le 15 avril 2011, environ un an après l’adoption de la loi de l’Oregon sur les classes de Confucius, Liu Yandong a été invitée à Portland pour dévoiler une plaque de 12 classes de Confucius en Oregon. En ce seul jour-là, 12 classes de Confucius ont été introduites dans les écoles de l’Oregon. Cette nouvelle a été publiée par Hanban, l’organe directeur des instituts Confucius et des salles de classes Confucius, comme une de ses nombreuses réalisations.

Bien que les instituts Confucius soient aujourd’hui largement reconnus par de nombreux Américains comme la machine « soft power » (pouvoir discret) du PCC et que la National Defense Authorization Act de 2019 interdise au Pentagone de financer les instituts Confucius, les citoyens Américains sont « peu informés ou mal informés et quelque peu naïfs », selon Mme M.

Lorsqu’elle a téléphoné à une école primaire locale et qu’elle s’est renseignée sur les classes Confucius, la secrétaire n’avait « absolument aucune idée de la façon dont le programme était géré ou financé », a-t-elle avoué. « Je lui ai dit que j’avais vu la citation de Mao (en chinois) accrochée dans les classes de chinois. C’est comme si quelqu’un accrochait une citation d’Hitler dans une classe allemande. »

Encore plus préoccupant pour Mme M. est le fait qu’une telle loi, si manifestement soutenue et poussée par le PCC, a pu être adoptée « discrètement » par l’assemblée législative de l’État. En d’autres termes, dans quelle mesure et à quel point le PCC a-t-il influencé les lois et la politique américaines dans un spectre plus large ?

Si des gens comme Lan Jin ont leur mot à dire dans le processus d’élaboration d’une nouvelle loi, n’est-ce pas là une faille dans notre système législatif ?

Un autre fait qui attriste Mme M. est que, bien qu’elle réside aux États-Unis depuis de nombreuses années, elle ne savait rien d’une telle loi et aucun rapport en anglais sur l’adoption de la loi n’a pu être trouvé nulle part lorsqu’elle les a recherchés, sauf sur les sites Web de Hanban et de l’ambassade de Chine, qui ont affiché triomphalement la nouvelle comme leurs réalisations.

Voyage du secrétaire d’État de l’Oregon en Chine : partiellement payé par le PCC

En creusant davantage, Mme M. a trouvé d’autres informations alarmantes :

La navigation sur le site Web de l’OCSSRC lui a donné l’impression qu’il s’agit d’un site entièrement « chinois », bien que la langue soit l’anglais. Quand elle a cliqué sur le bouton « news », on affichait des rapports de Xinhua. En cliquant sur « OCSSRC en Chine », vous pouvez consulter les rapports en chinois du People’s Daily et de Xinhua.

Une autre « étape importante » mentionnée sur la page « Qui sommes-nous » du site Web de l’OCSSRC est la suivante : « Depuis 2002, l’Oregon envoie des missions commerciales législatives annuelles. »

On ne trouve pas nécessaire d’expliquer où vont ces « missions commerciales législatives », comme si « la Chine » était la destination « par défaut » dans le subconscient de l’écrivain. Cela donne aux lecteurs l’impression que l’auteur de cette phrase doit être chinois.

Cependant, à son grand étonnement, Mme M. a constaté que l’ « agent enregistré » du COCSSRC n’est pas Lan Jin, mais Dennis Richardson.

Sous la rubrique « Reportages photos » du site Web de l’OCSSRC, on peut voir beaucoup de photos d’un Dennis Richardson heureux, souriant, à la tête d’une délégation commerciale vers la Chine en 2017.

D’autres recherches pour ce voyage en Chine ont mis en évidence d’autres aspects. Un rapport de l’Oregonian, un quotidien de Portland, a révélé que la mission commerciale de M. Richardson a été partiellement payée par la Chine.

Selon le rapport, Dennis Richardson « a donné à The Oregonian et OregonLive trois explications différentes sur la façon dont ses frais de voyage seront payés. »

« Il a d’abord dit que les entreprises participantes paieraient ses frais. » Ensuite, il a dit que Lan Jin allait « couvrir ses dépenses », car c’était la condition de sa participation. La troisième version était la suivante : « Les coûts seraient pris en charge par les divisions nationales et provinciales du gouvernement chinois. »

Le rapport a également révélé que M. Richardson ne voulait pas divulguer sans l’autorisation de Lan Jin le nom des compagnies qui l’accompagneraient en Chine.

Le rapport de l’Oregonian et OregonLive a été publié le 27 septembre 2017. Le même jour, M. Richardson a publié un bulletin d’information à ce sujet :

« L’OCSSRC est un organisme sans but lucratif de l’Oregon, exonéré d’impôt en vertu de l’article 501(c)(3), qui se consacre à la promotion des intérêts communs de l’Oregon et de la Chine. J’ai participé à l’organisation de l’OCSSRC en 2004 et je demeure l’agent agréé. Bien que je n’aie pas été très engagé depuis 2012, l’OCSSRC m’a gracieusement offert de payer mes frais de transport à destination et en provenance de la Chine, mais pour éviter toute apparence d’influence indue, je vais payer le billet aller-retour en classe économique avec le budget de voyage du secrétaire d’État. Étant donné que je souffre de diabète de type 1 et que j’ai des problèmes de santé liés à la circulation sanguine, je vais choisir un meilleur siège d’avion avec mes propres fonds, en vue des 12 heures de vol. Une fois en Chine, dans le cadre de leurs budgets de sensibilisation internationale, les organisations gouvernementales chinoises locales couvrent les coûts des fonctionnaires américains.

Ainsi, à part le coût du billet d’avion qui est de 523 $ soit 458 € pour un siège en classe économique, mes dépenses pour cette délégation ne seront pas payées à même les fonds publics de l’Oregon. »

Cela confirme que « les organisations du gouvernement chinois couvrent les frais des fonctionnaires américains ».

Dans « Notes du secrétaire d’État Richardson » publiées le 7 novembre 2017 sur le site Web du secrétaire d’État, un jour avant le voyage de M. Richardson en Chine, sous le sous-titre « Approfondissement des relations », il est dit que « Comme nos hôtes chinois valorisent la participation familiale, deux de mes petits-fils vont m’accompagner à leurs propres frais ».

Une liste des participants montre que des 12 membres de la « délégation » de Richardson, il était le seul fonctionnaire de l’Oregon. Quatre membres de la délégation étaient membres de l’OCSSRC, dont Lan Jin. Cinq étaient des gens d’affaires locaux choisis par Lan Jin, dont deux Chinois ; les deux autres étaient les petits-fils de Richardson.

Le rapport de l’Oregonian qualifie cela de « non conventionnel ».

« Presque tous les aspects de la planification du voyage sont non conventionnels, selon les responsables actuels et anciens du développement des affaires, et soulèvent des préoccupations éthiques », indique le rapport de l’Oregonian.

« Les organismes d’État suivent certains protocoles lorsqu’ils effectuent des missions commerciales. Les voyages dirigés par le gouverneur sont bien pourvus en personnel, et les entreprises qui font partie de la délégation sont identifiées publiquement et examinées dans le cadre d’un processus concurrentiel. »

Le rapport de l’Oregonian indique que, contrairement à M. Richardson, la gouverneure Kate Brown, qui devait diriger une mission commerciale au Japon et à Hong Kong en octobre de la même année, « voyagera avec plus de deux douzaines d’employés et de représentants d’une douzaine d’exportateurs d’aliments et de boissons ».

Selon Terry Cooper, professeur d’éthique gouvernementale à l’Université de Californie du Sud, « aucun des arrangements de M. Richardson » n’est conforme à l’éthique, y compris le fait que Lan Jin ait organisé des voyages antérieurs en Chine pour les législateurs de l’Oregon, incluant des excursions auxquelles M. Richardson a participé ; le fait que les divisions nationales et provinciales du gouvernement chinois aient payé ses frais de déplacement ; et que la compagnie de Lan Richardson ait choisi quelles entreprises accompagneraient M. Richardson en Chine « .

Terry Cooper aurait dit : « En Chine, il se passe beaucoup de choses qui sont corrompues. Tu dois vraiment faire attention. »

Un rapport dans la section « Nouvelles » du site Web de l’OCSSRC intitulé « OCSSRC, Novembre 2017, Mission commerciale dirigée par le secrétaire d’État de l’Oregon » confirme que l’OCSSRC a organisé la mission de M. Richardson en destination de « sept villes et trois provinces » en Chine :

« L’État frère de l’Oregon de Chine (OCSSRC) a effectué avec succès une mission commerciale en Chine en novembre 2017, dirigée par le secrétaire d’État Dennis Richardson. L’itinéraire couvrait 7 villes et 3 provinces, dont 16 réunions officielles, de nombreuses visites et 4 cérémonies officielles. »

Le président de l’OCSSRC, Lan Jin, a expliqué : « L’OCSSRC a organisé cette mission commerciale en Chine. »

Chen Yonglin, ancien premier secrétaire du consulat chinois à Sydney, qui a fait défection en Australie en 2005, a révélé en détail comment le PCC avait corrompu des politiciens et des fonctionnaires australiens dans une interview accordée à Epoch Times l’an dernier.

Il a dit : « Le problème ne réside pas seulement dans les dons politiques. Les pots-de-vin faits en privé sont beaucoup plus importants, surtout pour les politiciens et les fonctionnaires de haut niveau. »

Selon Chen Yonglin, les méthodes du PCC consistent notamment à inviter ces gens en Chine et à les traiter comme des rois. Certains Chinois ou entreprises chinoises « divertissent » même les fonctionnaires avec des prostituées.

En conséquence, de nombreux responsables australiens ont changé leur position au sujet de la Chine immédiatement après leur retour de Chine.

« Le PCC accorde également des avantages aux membres de la famille des fonctionnaires australiens. De nombreux parents de fonctionnaires australiens voulaient étudier le chinois, le PCC leur a donc offert une bourse pour étudier en Chine. Par exemple, en 2005, le consulat chinois à Sydney avait plus d’une douzaine de bourses d’études à offrir », a révélé Chen Yonglin.

Un enfant d’Henry Tsang, ancien membre du Conseil législatif de New South Wales et secrétaire parlementaire du Premier ministre et du trésorier pour le commerce et l’investissement, voulait aller étudier en Chine. Ainsi, le consulat chinois lui a immédiatement accordé une bourse, les frais de scolarité et les frais de subsistance étant couverts entièrement.

« Le PCC corrompt aussi directement les fonctionnaires australiens par l’intermédiaire d’entreprises chinoises et de riches hommes d’affaires chinois en Australie », explique Chen Yonglin.

Au cours de l’interview exclusive accordée au People’s Daily, lorsqu’on lui demande comment améliorer ses relations avec le peuple américain, Lan Jin répond « par un clin d’œil et suggère : ‘Le moyen le plus simple est d’apprendre à se faire un ami américain, quelqu’un qui peut être mis sur votre liste de contacts d’urgence.’ »

Pour Mme M., Dennis Richardson pourrait être exactement un tel ami pour Lan Jin, qui a passé au moins 15 ou 20 ans à développer la relation. « En 2004, D. Richardson a aidé Lan Jin à former une entité dans l’Oregon. Pourquoi M. Lan n’a-t-il pas formé une telle organisation dans son propre État de Washington ? Peut-être qu’il n’avait pas trouvé un politicien qui pourrait être mis sur sa liste de contacts en cas d’urgence ? », avoue Mme M.

À ce stade, elle s’est soudain rendu compte qu’elle était sur la liste de diffusion du Secrétaire d’État (SOS), et a récupéré dans sa poubelle une invitation datée du 13 juillet à un événement SOS.

Elle ne pouvait s’empêcher de laisser libre cours à son imagination : « Cela n’est peut-être pas pertinent, mais je n’exclus pas complètement la possibilité que le PCC ou Lan Jin ait mis la main sur la base de données de SOS et filtré les données avec des noms de famille ‘étrangers’ (ou chinois). Le PCC n’a même pas besoin de pirater ! »

Elle pense que c’est peut-être la raison pour laquelle elle a reçu ce courriel inattendu d’une source inconnue mentionné au début du présent rapport, l’invitant à un événement.

Bien que ses découvertes aient été assez troublantes en cours de route, Mme M. estime qu’elles ne sont peut-être encore que la pointe de l’iceberg. En plus d’appeler certaines écoles qui accueillent les classes de Confucius, elle a commencé à contacter ses représentants de la Chambre pour leur faire part de ses préoccupations.

« La pénétration du PCC a été beaucoup plus profonde et plus large, et dépasse l’imagination la plus folle ! Comment ai-je pu rester assise et ne rien faire ? » demande-t-elle.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.