La saga de la statue de la Vierge de l’île de Ré est sur le point de s’achever. Près de trois ans de bataille juridique ont amené le Conseil d’État à décider son déplacement hors du domaine public. La statue a été retirée de son socle ce lundi 30 octobre 2023. Le lieu de sa réinstallation vient d’être fixé lors d’un conseil municipal.
La lutte entre la commune de La Flotte-en-Ré qui voulait maintenir la statue de la Vierge en place et la fédération de la Libre Pensée de Charente-Maritime a pris fin lorsque le Conseil d’État a tranché le 18 octobre 2023 en faveur de l’association de défense de la laïcité. Cette dernière était choquée de voir un symbole religieux placé dans un espace public.
Lundi 30 octobre, la statue de la Vierge a été déboulonnée, laissant seulement un socle vide au carrefour où elle avait été installée. Il a fallu attendre le conseil municipal du jeudi 2 novembre pour savoir ce qu’elle allait devenir, rapporte France Bleu.
La statue de la discorde sera finalement réinstallée à seulement quelques mètres de l’emplacement où elle se trouvait, sur un terrain privé. La mairie a choisi de la céder à une association créée spécialement pour l’occasion. Le maire Jean-Paul Héraudeau a précisé que cette association était « non religieuse ».
Rendre grâce du retour d’un père et d’un fils du combat
L’histoire de cette statue de la Vierge a commencé après la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’une famille l’a fait ériger pour rendre grâce du retour d’un père et d’un fils du combat, sains et saufs. Après être restée près de deux décennies sur une parcelle privée, la sculpture a été déplacée en 1983 sur un terrain intégré plus tard à l’espace public.
En 2020, un accident de voiture a partiellement détruit la statue. Reconstruite à l’identique par la municipalité, elle a été replacée au même endroit.
« Notre histoire, notre patrimoine »
C’est à partir de janvier 2021 que cette Vierge a commencé à faire parler d’elle, au nom de la laïcité, raconte Sud-Ouest. C’est cette année que la Fédération de la Libre Pensée de Charente-Maritime s’est insurgée de la présence de la statue sur le domaine public, brandissant la loi de 1905 qui interdit « l’installation de tout insigne religieux sur le domaine public ».
Estimant que la statue de la Vierge représentait avant tout « notre histoire, notre patrimoine », le maire avait pris sa défense devant les tribunaux, « selon les demandes du conseil municipal ». Lorsque la décision du Conseil d’État a été prise, il a admis : « Il faut être raisonnable, je prends acte de la décision. La statue de la Vierge sera démontée dans les jours à venir ».
Avant le déboulonnage, l’association Touche pas à ma statue a symboliquement enchaîné et cadenassé la sculpture en guise de protestation contre cette mesure.
De nombreuses personnes, dont des municipalités, ont sollicité la commune de La Flotte afin d’accueillir l’œuvre religieuse après son déboulonnage. « Le dernier maire qui m’a appelé vient des environs de La Rochelle », a indiqué Jean-Paul Héraudeau. C’est finalement à l’association flottaise que le conseil municipal a décidé de confier la Vierge, qui va pouvoir continuer de veiller sur son carrefour, juste un peu en retrait de l’emplacement où elle se trouvait.
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