L’Iran exécute le jeune lutteur Navid Afkari pour sa participation à des manifestations anti-gouvernementales

Par afp
12 septembre 2020 20:07 Mis à jour: 14 septembre 2020 16:18

L’Iran a annoncé samedi avoir exécuté un jeune lutteur, Navid Afkari, pour le meurtre selon les autorités d’un fonctionnaire lors de manifestations contre le gouvernement en 2018, une décision dénoncée sur les réseaux sociaux et à l’étranger.

La sentence du « qesas », c’est-à-dire la « loi du talion », une peine de « rétribution », a été exécutée ce matin dans une prison de Chiraz (sud), a indiqué à la télévision le procureur général de la province de Fars, Kazem Mousavi. La peine capitale a été appliquée « face à l’insistance de la famille de la victime », Navid Afkari a-t-il ajouté.

Mais selon l’avocat de M. Afkari, Me Hassan Younessi, une rencontre avec la famille de la victime aurait dû avoir lieu dimanche pour « demander pardon » et ainsi éviter l’application de la peine capitale.

M. Younessi s’était insurgé sur Twitter: « Etiez-vous si pressés que vous avez refusé à Navid son droit à une dernière visite », comme le prévoit le code pénal selon lui.

Le Comité international olympique (CIO) s’est déclaré « choqué » par l’exécution, jugeant « profondément regrettable » que les demandes d’athlètes et d’organisations à travers le monde pour empêcher l’exécution du lutteur n’aient pas été entendues.

« Nos pensées sont avec la famille et les amis de Navid Afkari », a réagi le CIO dans un communiqué.

Global Athlete, association de sportifs de haut niveau souvent critique envers les instances sportives, a demandé au CIO et à la Fédération internationale de lutte des sanctions immédiates pour exclure l’Iran.

Après cette « exécution odieuse », « ce gouvernement ne mérite plus le privilège de participer aux compétitions internationales de sport », a estimé Global Athlete. Une association mondiale représentant 85.000 athlètes, World Players United, avait appelé l’Iran à épargner le sportif.

Selon Amnesty international, le dernier contact entre M. Afkari et sa famille a eu lieu le 6 septembre par téléphone. L’organisation de défense des droits humains a dénoncé dans un communiqué l’exécution « secrète » de Navid Afkari, la qualifiant de « parodie de justice » après un procès « manifestement inéquitable ».

Selon l’Autorité judiciaire, M. Afkari aurait été reconnu coupable d' »homicide volontaire » sur un fonctionnaire de la régie publique de l’eau à Chiraz (sud), poignardé le 2 août 2018.

Comme plusieurs autres villes d’Iran, Chiraz avait été le théâtre ce jour-là de manifestations hostiles au pouvoir et dénonçant la situation économique et sociale du pays.

Le verdict, annoncé début septembre, avait fait polémique et les soutiens avaient afflué en Iran comme à l’étranger après la publication d’informations affirmant que M. Afkari, 27 ans, avait été condamné sur la base d’aveux extorqués sous la torture.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a dénoncé cette exécution « cruelle ». « C’est une attaque scandaleuse contre la dignité humaine, même selon les critères ignobles de ce régime », a-t-il tweeté.

Le président américain Donald Trump avait appelé l’Iran à « épargner » la vie d’une « grande star de la lutte (…) qui n’a fait que participer à une manifestation antigouvernementale ».

Le hashtag en persan #Navid_Afkari a été largement partagé sur Twitter pour soutenir le jeune homme et s’opposer à son exécution.

A Londres, un groupe de manifestants a protesté samedi devant l’ambassade d’Iran contre l’exécution, brandissant des portraits du guide suprême et du président iraniens barrés d’une croix.

Sur Twitter, la ministre suédoise des Affaires étrangères, Ann Linde, s’est dite « consternée par l’annonce de l’exécution du lutteur iranien Navid Afkari ». L’exécution de M. Afkari est « un grand péché » et l’Autorité judiciaire aurait dû essayer de convaincre la famille de l’homme tué de pardonner le lutteur, a tweeté le militant iranien des droits humains Emaddein Baghi.

L’avocat Babak Paknia a également critiqué « la hâte » de l’Autorité judiciaire à exécuter la sentence. « Même si le meurtre a bien eu lieu, n’est-il pas le rôle de l’Autorité judiciaire de tout faire pour que (le condamné) soit pardonné? » a-t-il relevé sur Twitter.

Avec au moins 251 exécutions en 2019, l’Iran est, après la Chine, le pays qui a le plus recours à la peine capitale, selon le dernier rapport mondial sur la peine de mort publié par Amnesty.

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