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Israël : une mosaïque byzantine exceptionnelle mise au jour dans un domaine datant de 1600 ans

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Une mosaïque samaritaine antique et un pressoir à huile d'olive (encart) ont été découverts par l'Autorité israélienne des Antiquités à Kafr Qasim.

Photo: Autorité israélienne des antiquités

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Durée de lecture: 7 Min.

À quelques pâtés de maisons des bâtiments industriels récents et de l’autoroute bruyante de Kfar Qasim, en Israël, des archéologues ont mis au jour les vestiges d’un vaste domaine datant de l’époque byzantine. Sous des tentes dressées pour les protéger, apparaissent les murs de constructions anciennes, un pressoir en pierre destiné aux olives, deux bains rituels, ainsi qu’un sol orné d’une mosaïque d’une finesse remarquable.

Pour révéler les motifs et les couleurs éclatantes de cette composition vieille de seize siècles, les chercheurs ont humidifié la poussière recouvrant le pavement. Selon eux, le domaine, situé sur le chantier d’un futur quartier résidentiel non loin de la Cisjordanie, a tout d’abord été une demeure luxueuse avant de se transformer, au fil des siècles, en centre agricole consacré à la production d’huile d’olive.

« Le pressoir que nous avons ici est une véritable fabrique ; toute la vie du domaine s’organisait autour de lui », explique Alla Nagorsky, directrice de fouilles pour l’Autorité des antiquités d’Israël (IAA), citée dans un communiqué. Les archéologues estiment qu’il s’agissait probablement d’une installation publique, où les habitants pouvaient apporter leurs propres olives et s’acquitter d’un droit pour les faire presser. Quant aux bains rituels découverts, ils servaient aux ouvriers à se purifier avant d’entamer leur travail.

Fouilles de l’Autorité israélienne des antiquités à Kafr Qasim. (Autorité israélienne des antiquités)

Vue aérienne des ruines de l’ancien domaine samaritain. (Autorité israélienne des antiquités)

Les archéologues aspergent la mosaïque d’eau, révélant son motif riche et ses riches couleurs. (Autorité israélienne des antiquités)

Des mosaïques d’une rare splendeur
Mais ce sont surtout les somptueux pavements de mosaïque qui retiennent l’attention des archéologues. L’un d’eux présente de denses motifs géométriques et végétaux encadrant un médaillon central. Celui-ci déploie une composition raffinée : feuilles d’acanthe, grappes de raisin, dattes, pastèques, artichauts et asperges. Selon l’Autorité des antiquités d’Israël (IAA), un tel niveau d’artisanat, dans un état de conservation aussi exceptionnel, demeure rare dans le pays.

« Les mosaïques découvertes à Kfar Qasim sont véritablement hors du commun », souligne Alla Nagorsky. Dans l’une d’elles, une inscription adresse des félicitations à un certain Rabia, tandis qu’à l’entrée d’une salle, une dédicace grecque partiellement conservée souhaite « bonne chance » au propriétaire des lieux. L’éclat général du site, tout comme la qualité des mosaïques, témoignent de la richesse et de la prospérité de ses habitants.

En plus de la mosaïque décorative, l’ampleur des pièces laisse penser qu’il s’agissait de bâtiments d’importance. Les chercheurs estiment qu’ils ont été érigés par des communautés samaritanes établies dans la région pendant près de quatre siècles, du IVe au VIIe siècle de notre ère, soit de la chute de l’Empire romain jusqu’à la fin de la période byzantine.

De magnifiques mosaïques témoignent de la grande richesse et de la prospérité de l’ancienne communauté samaritaine qui vivait ici. (Autorité israélienne des antiquités)

Une inscription sur l’une des mosaïques dit « Bonne chance ! » (Autorité israélienne des antiquités)

Les fouilles de Kafr Qasim. (Autorité israélienne des antiquités)

La communauté samaritaine utilisait un bain rituel, ou mikvé, pour produire de l’huile d’olive dans des conditions de pureté rituelle. (Autorité israélienne des antiquités)

De la grandeur au déclin
Les transformations qu’a connues ce domaine autrefois fastueux s’expliquent sans doute par les soulèvements survenus à l’époque byzantine, lorsque les Samaritains se sont révoltés contre le pouvoir impérial. Ce qui était une demeure de prestige s’est alors intégrée à un ensemble agricole : les espaces entre les colonnes autrefois majestueuses ont été comblés pour élever de modestes cloisons, et les sols de mosaïque ont subi les outrages de ces aménagements.

« Contrairement à d’autres sites samaritains détruits lors de ces révoltes, le domaine agricole de Kfar Qasim a continué d’être utilisé, tout en conservant son identité samaritaine – comme en témoignent les lampes à huile en céramique que nous avons mises au jour », précise Alla Nagorsky.

Plusieurs bâtiments de l’époque byzantine composaient ce qui était autrefois un ancien domaine samaritain, transformé en exploitation agricole pour la communauté. (Autorité israélienne des antiquités)

Un pressoir à huile d’olive a été mis au jour sur le site. (Autorité israélienne des antiquités)

Des archéologues ont mis au jour les ruines antiques d’une propriété samaritaine. (Autorité israélienne des antiquités)

Vue aérienne du sol en mosaïque découvert à Kfar Qasim. (Autorité israélienne des antiquités)

Un site sans équivalent
Sur le flanc nord du domaine, les archéologues ont mis au jour un vaste bassin de pierre contenant une meule destinée à l’écrasement des olives.

« Ce type de pressoir est plus caractéristique de la région de Jérusalem et de la Shéphélah judéenne, et se rencontre plus rarement en Samarie », indique Mme Nagorsky.

Les fouilles ont également révélé un grand bâtiment à l’allure d’entrepôt ainsi qu’un mikvé, bain rituel de purification, dont les marches longent le pourtour. Un second bain, cette fois d’usage privé, a été découvert dans la cour d’un autre édifice.

« Ce site est fascinant : il illustre toute l’amplitude historique, depuis les jours de prospérité jusqu’au déclin de la communauté samaritaine », poursuit l’archéologue.

Selon l’Autorité des antiquités d’Israël, aucun autre site du pays n’a livré de structure à la fois aussi vaste et aussi centrale. La directrice des fouilles espère désormais en apprendre davantage sur l’évolution du domaine à travers les siècles, et sur le quotidien de ses anciens habitants samaritains.
Michael Wing est un rédacteur basé à Calgary, au Canada, où il est né et a reçu une éducation artistique. Il écrit principalement sur la culture, la dimension humaine et les tendances de l'actualité.

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