« J’ai une dette envers lui »: le témoignage bouleversant de la caissière sauvée par Arnaud Beltrame à Trèbes

Par Emmanuelle Bourdy
5 janvier 2024 16:54 Mis à jour: 15 avril 2024 12:53

La caissière du Super U de Trèbes (Aude), qui avait été prise en otage par le terroriste Radouane Lakdim le 23 mars 2018, a livré son témoignage pour la première fois depuis cette attaque sanglante, qui avait fait trois morts, dont le gendarme Arnaud Beltrame. Son livre, intitulé Sa vie pour la mienne, paraîtra le 10 janvier prochain.

C’est entre autres face aux caméras de TF1 que Julie, âgée de 40 ans, s’est exprimée en ce 1er jour de l’année. Elle est notamment revenue sur cette « dette » qu’elle doit à Arnaud Beltrame, le lieutenant-colonel devenu héros national qui lui a sauvé la vie en sacrifiant la sienne. Julie estime que parler de cet « homme d’exception » est son devoir.

« Prends-moi à la place de la petite dame, qui n’y est pour rien »

Ce 23 mars 2018, vers 10 h 30, un homme entre dans le Super U de Trèbes en criant « Allah Akbar » et en tirant en l’air, tuant ainsi deux personnes ; Christian, le boucher du supermarché âgé de 50 ans, ainsi qu’Hervé, un client sexagénaire. Julie, qui travaille en tant qu’hôtesse d’accueil depuis 18 mois dans ce magasin, s’est aussitôt cachée dans le bureau situé derrière l’accueil. Mais l’assaillant la trouve et lui demande de prévenir la gendarmerie en lui lançant : « Tiens c’est bon j’ai mon otage, sors de là, je ne te ferai pas de mal ! »

La femme tente de « discuter » avec Radouane Lakdim qui lui explique être « prêt à mourir en martyr », ce à quoi la victime lui rétorque : « Moi, non ! » Julie, dont le canon d’une arme tremble sur son crâne, a l’impression que « dans l’esprit du terroriste », elle n’existe déjà plus. « Je n’étais plus qu’une espèce de pantin », explique celle qui sentait que ça allait dégénérer et qu’elle allait mourir.

C’est à ce moment-là que le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, âgé de 44 ans, a pénétré dans le magasin. Julie entend sa voix dire bien fort : « Vos gueules, reculez, je prends ! » Puis s’adressant à l’assaillant il lui lance tout en fixant Julie du regard : « Prends-moi à la place de la petite dame, qui n’y est pour rien, moi je représente l’État, on va discuter ! » C’est alors qu’il a posé son arme puis s’est mis à avancer en direction de l’hôtesse de caisse. Après avoir accepté l’échange, le preneur d’otage a lâché Julie pour attraper Arnaud Beltrame. Ayant mortellement blessé ce dernier, l’assaillant a été abattu.

« J’essayerai de me montrer digne de la vie qu’il a protégée en risquant la sienne »

Dès le lendemain, Julie a tenu à voir le corps de celui qui l’avait sauvée et ça a été un choc. Elle explique au Figaro avoir posé sa main sur la poitrine du défunt et avoir fait une promesse… « Dans mes tripes, je sens une rage qui me tenaille, la colère d’avoir perdu une vie si précieuse pour l’humanité, d’avoir perdu un homme si honorable. Je lui dis que j’essayerai de me montrer digne de la vie qu’il a protégée en risquant la sienne ».

À la suite de ces événements, Julie va tenter, contre vents et marées, de se reconstruire. Quelques jours plus tard seulement, elle reçoit un courrier de l’épouse du lieutenant-colonel, Marielle Beltrame. « Elle m’a tendue la main la première en m’écrivant une très gentille et jolie lettre. Cela m’a aidée à avancer et à soigner un peu ma culpabilité », reconnaît la quadragénaire.

Dans les colonnes du Figaro, Julie détaille le contenu de cette lettre. Marielle Beltrame lui dit qu’elle ne doit pas se sentir coupable, « que c’était le métier d’Arnaud de faire face à ce type de risques » et « qu’il avait toujours été très attaché à la notion du devoir ». Durant un an, elle n’arrivera pas à répondre à cette lettre.

« À la pulsion de mort du terroriste, il a opposé son élan de vie »

« Dieu est arrivé dans ma vie comme les cailloux du petit Poucet, de manière discrète », a-t-elle confié à nos confrères, précisant que c’est la foi que portait en lui Arnaud Beltrame qui l’a amenée à trouver Dieu. Elle s’est alors dit que si cet homme d’exception croyait en Dieu, alors il fallait qu’elle « aille voir ce qu’il en était ». Après avoir sombré dans la dépression, après avoir dû affronter de nombreuses épreuves, Julie s’est dit : « J’ai une dette envers lui : je me dois de donner tout ce que j’ai comme amour, et la prière me ramène vers la lumière. »

Dans son livre Sa Vie pour la mienne, qui sortira le 10 janvier prochain aux éditons Artège, l’ex-otage offre un témoignage chargé d’émotions. Elle retrace les circonstances du décès d’Arnaud Beltrame, y décrit son parcours atypique, ses combats et notamment la dépression à laquelle elle a dû faire face, ainsi que tout le chemin parcouru depuis ce drame. « À la pulsion de mort du terroriste, il a opposé son élan de vie », a écrit en préface du livre Me Henri de Beauregard, l’avocat de Julie. Et cet élan de vie représente pour elle « le meilleur antidote à la haine islamiste ».

Le procès des attentats de Trèbes et Carcassonne – au cours duquel sept proches du djihadiste Radouane Lakdim seront jugés – se tiendra devant la cour d’assises spéciale de Paris, du 22 janvier au 23 février prochain.

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