« Jamais un pays ne s’est redressé en augmentant les impôts » : la mise en garde de Charles Gave
«Jamais un pays ne s’est redressé en augmentant les impôts», revendique Charles Gave, essayiste et financier, face au débat récurrent sur la fiscalité française. À l’heure où l’Assemblée nationale examine de nouvelles hausses de taxes, la voix de cet expert s’élève pour contester l’efficacité des prélèvements supplémentaires comme solution aux déséquilibres budgétaires.

Charles Gave. Capture YouTube Epoch Times France Esprit de liberté
À chaque nouvelle discussion sur le budget de l’État ou de la Sécurité sociale, l’augmentation des impôts revient sur la table des députés. Mais à rebours de ce réflexe fiscal, Charles Gave, économiste, se distingue par une position radicale : selon lui, la hausse des taxes n’a jamais permis à un pays de sortir de l’ornière financière. Cette affirmation, loin d’être une simple formule, repose sur une analyse qu’il défend depuis plusieurs années.
Une remise en cause des dogmes fiscaux
«Jamais un pays ne s’est redressé en augmentant les impôts», martèle Charles Gave lors d’un entretien sur CNEWS, alors que le projet de loi de finances provoque de vives réactions au sein de la classe politique. Pour cet essayiste, le diagnostic des gouvernements successifs pèche par une incapacité à remettre en cause la dépense publique. «Tous les problèmes viennent de l’excès des dépenses», poursuit-il, regrettant que le débat public omette presque systématiquement la question de leur réduction.
Charles Gave insiste : la plupart des solutions préconisées consistent à «augmenter les impôts», sans envisager leur diminution. Il dénonce ici une vision erronée qui présume qu’un alourdissement de la fiscalité puisse résorber durablement les déficits. «Je ne connais qu’un seul cas, qui a été tout à fait exceptionnel, d’une augmentation des impôts ayant réduit un déficit budgétaire. Ça n’a jamais marché», confie-t-il en s’appuyant sur son expérience d’économiste.
L’étude d’Alesina, Favero et Giavazzi (2019) citée par Gilbert Cette – économiste et professeur à NEOMA Business School, repose sur 200 expériences de consolidation budgétaire dans 16 pays développés. Elle montre que les réductions de dépenses publiques ont des effets nettement moins négatifs sur la croissance que les hausses d’impôts, et peuvent même être expansionnistes dans certains cas. Ces résultats, observés notamment en Belgique, au Danemark, en Irlande, en Suède et au Canada, valident l’efficacité d’une stratégie de consolidation fondée sur la maîtrise des dépenses plutôt que sur l’alourdissement fiscal.
De l’impôt régalien à l’impôt politique
Pour Charles Gave, il existe une frontière précise entre le financement légitime des missions régaliennes et l’extension indéfinie des prélèvements pour combler des déficits structurels.
Les impôts ont d’abord servi à financer des services non privatisables — défense, police, justice — que seul l’État pouvait assurer collectivement, explique Charles Gave. Après la Première Guerre mondiale, la pression pour des biens publics (éducation, santé, retraites, assurance chômage) a transformé le rôle de l’impôt, le rendant progressivement plus redistributif et progressif. Ce glissement s’explique par des besoins massifs de solidarité, parfois satisfaits par des mécanismes d’assurance, mais souvent pris en charge directement par l’État producteur, créant des monopoles publics inefficaces, des dépenses croissantes et des problèmes de financement.
Selon lui, trop souvent cependant l’impôt cesse d’être seulement le prix de services collectifs irremplaçables pour devenir un instrument politique de justice sociale défini par le pouvoir : progressivité accrue, protection d’avantages acquis et tentations démagogiques qui sacrifient le mérite et l’efficacité au profit d’un électorat clientéliste. Charles Gave plaide pour recentrer l’État sur la prescription et le financement (bons, réglementation) plutôt que sur la production directe, afin d’assurer les services non privatisables tout en limitant les abus redistributifs qui conduisent, selon lui, à l’appauvrissement général.
Un débat relancé en période de crise
Dans le contexte d’une dette publique qui explose et d’une croissance affaiblie, le débat sur l’efficacité des hausses d’impôts prend une dimension nouvelle. Charles Gave avertit que l’on ne trouvera pas la sortie de crise par une augmentation des prélèvements. «Il y a eu des pays qui se sont redressés, mais jamais en augmentant les impôts. Pas un seul», répète-t-il avec insistance.
Alors que l’Assemblée débattait de nouvelles taxes, la position de Charles Gave interroge sur la pertinence des politiques fiscales traditionnelles. L’économiste affiche sa conviction : «Au lieu d’augmenter encore la pression fiscale, il faudrait interroger le niveau et l’utilisation de la dépense publique», conclut-il, attendant un véritable changement de paradigme pour les finances nationales.
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