Kazakhstan: le successeur désigné élu avec plus de 70% des voix

Par afp
10 juin 2019 14:06 Mis à jour: 12 juillet 2019 20:37

Successeur désigné de l’homme fort du , Kassym-Jomart Tokaïev a été officiellement élu président avec 70,8% des voix lors d’un vote ayant montré, selon les observateurs, « un respect insuffisant des normes démocratiques » et marqué par d’importantes manifestations.

Ce résultat conclut une opération soigneusement orchestrée de transition menée depuis la démission surprise en mars de Noursoultan Nazarbaïev, qui a dirigé sans partage ce pays d’Asie centrale depuis son indépendance en 1991. La mécanique en apparence bien huilée du scénario a cependant connu des ratés avec les plus importantes manifestations organisées depuis trois ans dans ce pays dirigé d’une main de fer, donnant lieu à des centaines d’arrestations.

Au total, « environ 500 » personnes ont été interpellées dimanche, selon le vice-ministre de l’Intérieur Marat Kojaïev, qui en a rejeté la faute sur des « éléments radicaux » ayant organisé des « manifestations non autorisées ». Un journaliste de l’AFP a assisté à de nouvelles arrestations lundi dans la capitale Nur-Sultan.

Les observateurs internationaux ont estimé lundi que le pouvoir avait raté « un moment important pour la société kazakhe », dénonçant « un respect insuffisant des normes démocratiques » avec une campagne laissant peu de place à la critique du pouvoir et des « irrégularités généralisées » le jour du scrutin. « Un décompte honnête n’a pas pu être garanti », constate la mission menée par l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) dans son rapport.

A la télévision lundi, M. Tokaïev a cependant assuré que l’élection avait été pluraliste: « Cela montre que notre niveau de culture politique s’est sérieusement renforcé ». Ce diplomate de carrière de 66 ans a d’ores et déjà prévenu qu’il se placerait dans la continuité de son mentor, qui conserve un rôle politique majeur et en l’honneur duquel la capitale a récemment été renommée Nur-Sultan.

Le taux de participation s’est établi à 77,4%, selon la Commission électorale centrale. Avec 16,2% des voix, Amirjan Kossanov obtient le meilleur score jamais réalisé par un opposant dans une élection présidentielle kazakhe.

Première femme à se présenter à une présidentielle, Daniya Yespayeva a recueilli 5,2% des voix. Aïgoul Eskaraïeva, une retraitée de 60 ans, a expliqué lundi à l’AFP ne pas avoir voté pour des élections « qui ne servent à rien ». « Mais j’ai apprécié de pouvoir utiliser gratuitement les transports en commun toute la journée dimanche », a-t-elle ajouté.

Depuis la démission de Noursoultan Nazarbaïev, le Kazakhstan est traversé par une agitation sociale qui a provoqué un raidissement des autorités. L’opposant le plus virulent au régime, un ancien banquier en exil, Moukhtar Abliazov, avait appelé à des manifestations dimanche. Interrogé sur les manifestations de la journée, M. Tokaïev a assuré dimanche qu’il avait demandé à la police de « faire preuve de retenue » tout en précisant que les violations de la loi « ne seraient pas tolérées ».

Kassym-Jomart Tokaïev a occupé de nombreux postes au sommet de l’Etat kazakh, de Premier ministre à ministre des Affaires étrangères et président du Sénat, le poste qu’il occupait quand Noursoultan Nazarbaïev a annoncé son départ. S’il a remporté son pari, au terme d’une campagne où il a pu bénéficier du soutien de tout l’appareil d’Etat, il ne réitère pas les scores stratosphériques de son prédécesseur. En 2015, pour son cinquième et dernier mandat, Noursoultan Nazarbaïev avait obtenu presque 98% des voix et le taux de participation était de 95%.

Ses victoires électorales n’ont jamais été reconnues comme libres et justes par les observateurs internationaux. « Je pense qu’en trente ans, nous avons eu quelques succès. Il y a eu du négatif aussi, mais ça existe dans tous les pays », a déclaré à l’AFP Marat Sagyndykov, un retraité de 65 ans affirmant qu’il allait voter « pour poursuivre le chemin du Leader de la Nation », le titre officiel de Noursoultan Nazarbaïev.

D.C avec AFP

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