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La Bolivie, le Venezuela et Cuba ont créé une « organisation criminelle d’État » pour le trafic de drogue et la répression, selon une plainte en Floride

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(De g. à dr.) Le président vénézuélien Nicolás Maduro, le président cubain Miguel Díaz-Canel et le président bolivien de l'époque, Evo Morales, discutent tout en posant pour la photo officielle du XVIe sommet de l'Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) à La Havane, le 14 décembre 2018.

Photo: Yamil LAGE/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 8 Min.

Une plainte explosive déposée devant la Cour fédérale du district sud de Floride accuse les régimes bolivien, vénézuélien et cubain d’opérer une « organisation criminelle d’État » sophistiquée qui combine trafic de drogue, corruption, torture et persécution politique.
L’affaire, identifiée comme « J. Doe, 1-1000 v. Rubio, et al. », vise à exposer l’un des réseaux criminels transnationaux les plus sophistiqués et les plus dangereux de l’hémisphère. Il accuse de hauts fonctionnaires boliviens et des pays alliés de l’axe bolivarien d’exploiter ou de faciliter une entreprise criminelle qui cherche à exercer un contrôle géopolitique par le biais de l’économie illicite.
Les plaignants, une coalition de victimes et de défenseurs des droits humains, décrivent le Mouvement vers le socialisme (MAS) bolivien comme le cœur d’un réseau coordonné connu sous le nom de « Bolivarian Joint Criminal Enterprise (BJCE) » (« Entreprise criminelle commune bolivarienne ») . Cette structure, affirment-ils, fusionne les intérêts politiques du socialisme du XXIe siècle avec le trafic de drogue et le pouvoir répressif des États.

L’axe criminel : une répartition stratégique des rôles

Selon la plainte, le réseau transnational aurait fonctionné selon une répartition des rôles parfaitement définie entre ses principaux alliés :
Bolivie : l’épicentre de la production et de la distribution de cocaïne, avec la couverture institutionnelle de l’État, sous la direction d’Evo Morales et de Luis Arce Catacora.
Venezuela : le pont logistique, financier et politique, avec la participation centrale du Cartel de los Soles, contrôlé par les hauts responsables militaires chavistes.
Cuba : le cerveau du renseignement, de la formation et de la coordination stratégique, qui facilite la communication entre les appareils répressifs et les opérateurs financiers du réseau.
Les plaignants affirment que les trois gouvernements ont agi de concert, utilisant la rhétorique anti-impérialiste comme façade idéologique pour dissimuler une structure de pouvoir fondée sur des crimes d’État et des opérations illicites. La plainte qualifie ce réseau d’« entreprise criminelle d’État ».

Accusations en vertu de la loi RICO : crimes ayant un impact aux États-Unis

Le document introduit le terme « Entreprise criminelle potentielle MAS », le décrivant comme une organisation parallèle au sein de l’État bolivien créée sous Evo Morales. Cette « entreprise » aurait collaboré avec les FARC et le cartel vénézuélien Los Soles pour financer des opérations politiques et réprimer les opposants.
En vertu de la loi RICO (Racketeer Influenced and Corrupt Organizations Act (« Loi sur les organisations influencées par le racket et corrompues », ndlr)), la plainte détaille des crimes ayant un lien direct avec les États-Unis :
Trafic massif de cocaïne : des tonnes de cocaïne bolivienne auraient été acheminées par des routes contrôlées depuis le Venezuela vers la Floride, où l’argent a été blanchi par le biais de biens immobiliers et de sociétés écrans.
Violence politique : enlèvements, tortures et assassinats de plus de 300 opposants, dont des membres de la Résistance juvénile Cochala (RJC).
Guerre numérique : campagnes de désinformation et de diffamation numérique menées depuis La Havane, visant à discréditer des militants et des journalistes en exil.
Conspiration de crimes sexuels : accusations de trafic sexuel et d’exploitation de mineurs, prétendument facilités par des réseaux liés au MAS.

Le prix du silence : un témoin retrouvé mort à Miami

Un élément central et tragique de l’affaire est la mort d’un témoin protégé à Miami. Cette personne aurait fourni des preuves cruciales sur des contrats frauduleux, des pots-de-vin liés à des infrastructures boliviennes et l’intermédiation d’hommes d’affaires vénézuéliens.
Selon la plainte, le meurtre a été perpétré par un réseau coordonné entre des agents du MAS et des agents liés aux services de renseignement cubains sur le sol américain. Pour les avocats, le cas du témoin démontre l’expansion du BJCE et son impunité sur le territoire américain.
En outre, la plainte accuse le ministère de la Justice de négligence pour ne pas avoir correctement supervisé les fonds provenant des actifs vénézuéliens saisis, qui auraient été détournés pour financer les opérations répressives du régime bolivien.

Négligence à Washington : accusations contre des fonctionnaires américains

Le document ne se limite pas à l’étranger. En vertu de la loi fédérale sur les demandes d’indemnisation (FTCA), la plainte vise le secrétaire d’État américain, le procureur général des États-Unis et le directeur du FBI, les accusant de négligence présumée et d’omission délibérée.
Les plaignants affirment que Washington connaissait depuis 2020 les liens du MAS avec des structures criminelles au Venezuela et à Cuba, mais aurait préféré privilégier la « stabilité diplomatique » plutôt que la justice. La plainte cite également des violations des garanties procédurales et présente des preuves de demandes d’accès à l’information ignorées, qui auraient révélé l’ampleur de la collaboration criminelle.

L’impunité comme élément clé

Des sources proches de l’affaire décrivent l’alliance entre La Paz, Caracas et La Havane comme « une organisation criminelle déguisée en révolution ».
Si la Cour fédérale de Floride accepte la plainte, l’affaire pourrait redéfinir les relations des États-Unis avec les régimes alliés du chavisme et révéler des voies de financement illicite et des opérations de renseignement cubaines en Amérique du Sud.
J. Doe v. Rubio, et al. n’est pas seulement une plainte, mais représente un défi au modèle du socialisme du XXIe siècle dans la région. Pour la première fois, un tribunal fédéral américain pourrait examiner comment trois États alliés ont fonctionné comme une seule et même structure criminelle ayant un impact mondial.
Si le tribunal accepte les preuves, l’affaire pourrait marquer un tournant historique, car elle démontrerait devant un tribunal comment le crime organisé a cessé d’être un phénomène frontalier pour devenir une politique d’État coordonnée entre les gouvernements de l’axe bolivarien.
Le gouvernement bolivien et ses alliés n’ont pas encore fait de commentaires officiels à ce sujet et, à la date de rédaction de cet article, aucune opinion n’avait été reçue à ce sujet. À Washington, le ministère de la Justice s’est contenté de déclarer qu’il « ne commentait pas les litiges en cours ». Les plaignants restent anonymes pour des raisons de sécurité.
Maibort Petit est politologue et chercheuse spécialisée dans la criminalité transnationale organisée et le terrorisme en Amérique latine. Ses travaux portent sur la conception de cadres réglementaires communs renforçant la coopération régionale, le partage de renseignements et la coordination des réponses étatiques aux menaces à la sécurité nationale et continentale. Forte de plus de vingt ans d'expérience, elle a contribué à des forums internationaux sur la gouvernance pénale et la protection des victimes dans des contextes d'emprise institutionnelle.

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