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Opinion

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L’ombre de la Chine sur New York : les financements étrangers dans la campagne de Zohran Mamdani

Lors de la campagne des élections municipales du 4 novembre 2025, Zohran Mamdani, figure montante de l’aile la plus radicale des socialistes démocrates du Parti démocrate, a été mis en cause pour des dons d’origine étrangère et ses affinités idéologiques.

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Le candidat à la mairie de New York, Zohran Mamdani, participe à un événement de campagne au Dutch Kills Playground le 3 novembre 2025 dans le quartier d'Astoria, dans l'arrondissement du Queens à New York. M. Mamdani s'est joint à des élus pour prendre la parole lors du lancement d'une campagne de porte-à-porte menée par des bénévoles à Astoria.

Photo: Michael M. Santiago/Getty Images

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Durée de lecture: 14 Min.

Le député de l’Assemblée de l’État de New York pour le Queens, Zohran Mamdani, a désormais remporté les élections et sera le nouveau maire de la plus grande ville des États-Unis.
Précédemment, un rapport déposé par la Coolidge Reagan Foundation auprès du Département de la Justice (DOJ), de la Commission électorale et du bureau du procureur de Manhattan a indiqué que la campagne de M. Mamdani avait reçu plus de 170 contributions associées à des adresses situées hors des États‑Unis, totalisant environ 13.000 dollars en provenance de pays tels que l’Australie, la Turquie, la France, le Canada, l’Allemagne, ainsi qu’un don de sa belle‑mère depuis Dubaï.
« Ce ne sont pas des erreurs isolées : c’est un schéma récurrent d’argent étranger dans une élection clé », a déclaré Dan Backer, président de la Coolidge Reagan Foundation, dans une interview à Fox News.
Selon M. Backer, les registres comprennent des transferts de personnes liées à des entreprises technologiques aux connexions internationales et 87 dons sans preuve de citoyenneté ou de résidence américaine.
Parmi les contributions figure un transfert de 500 dollars depuis Dubaï, effectué par Bariah Dardari, belle‑mère du candidat. À ce jour, 88 contributions pour un total de 7190 dollars n’ont pas été remboursées, malgré des avertissements d’irrégularité. M. Backer a soutenu que l’affaire constitue une violation directe de la Federal Election Campaign Act (FECA) et du code électoral de New York, avec des amendes possibles et même des peines de prison, et a exigé une enquête pénale.

Dons liés à la Chine

Bien que les dons illégaux ne représentent que 13.000 dollars — moins de 0,1 % du total recueilli —, des critiques estiment que les contributions légales de donateurs ayant des liens avec la Chine et des entités controversées constituent un risque plus important.
Parmi eux figurent des membres de la famille de Neville Roy Singham, entrepreneur établi à Shanghai, connu pour avoir financé des réseaux marxistes et anti‑Israëliens ; citons sa nièce, Alicia Goodwin, directrice de Jews for Zohran. Sont également mentionnés Omer Hasan et Mohammad Javed, anciens dirigeants d’AppLovin, entreprise technologique de la Silicon Valley accusée de servir de « porte dérobée » au Parti communiste chinois, avec des investissements de Hao Tang. Ces contributions dépassent les 500.000 dollars (430.000 euros) et représentent près de 20 % des fonds du super PAC New Yorkers for Lower Costs (« New-yorkais pour la réduction des coûts »).

AppLovin et ses liens technologiques avec Pékin

AppLovin, société technologique de la Silicon Valley, est accusée par Culper Research d’être une « porte dérobée » chinoise : l’investisseur majoritaire Hao Tang (9,8 % des actions) serait lié au Parti communiste chinois, au blanchiment d’argent et au vol de données.
M. Hasan a été vice‑président des opérations jusqu’en février 2025 ; M. Javed a été directeur de l’ingénierie jusqu’en 2021. Risque pour la sécurité nationale : le PDG d’AppLovin nie des liens opérationnels avec la Chine, sans toutefois contester l’investissement de M. Tang.
Le montant total des dons provenant d’anciens cadres ayant des liens indirects avec le PCC s’élève à environ un demi‑million de dollars.

Le CAIR, Conseil des relations islamo-américaines — polémique sur le financement de groupes radicaux

Le CAIR (Council on American‑Islamic Relations), par le biais du fonds Unité et Justice ( Unity & Justice Fund), a donné 100.000 dollars (86.000 euros) à la campagne.
Le CAIR avait été nommé coconspirateur non mis en accusation dans un procès de 2007 portant sur le financement du Hamas (5 dirigeants condamnés pour 12 millions de dollars à des organisations terroristes).
M. Mamdani a fait l’éloge des « Cinq de Terre Sainte » (« Holy Land Five »), condamnés pour liens avec le Hamas, dans une chanson de 2017. Cette proximité avec des groupes terroristes accroît les inquiétudes concernant l’antisémitisme durant la campagne de M. Mamdani.

ICNA, le Cercle Islamique d’Amérique du Nord, et liens avec l’extrémisme international

Des membres du personnel de l’Islamic Circle of North America (ICNA) ont contribué pour un total de 6500 dollars (5600 euros) à la campagne de M. Mamdani, par le biais de cinq dons individuels de 1300 dollars chacun, suscitant la controverse en raison des liens profonds de l’ICNA avec l’extrémisme international.
En tant que branche nord‑américaine de Jamaat‑e‑Islami — mouvement islamiste fondé en 1941 dans l’Inde britannique et inspiré par les Frères musulmans égyptiens — l’ICNA promeut une vision radicale de l’islam politique, qui a conduit à son interdiction dans des pays comme l’Inde (depuis 2006, pour activités violentes) et la Russie (depuis 2003, pour incitation à l’extrémisme religieux).
Un cas emblématique est celui d’Ashrafuzzaman Khan, ancien dirigeant de l’ICNA et condamné à mort en 2013 par un tribunal du Bangladesh pour son rôle au sein de la milice Al‑Badr, où il aurait orchestré l’assassinat systématique d’intellectuels pendant la guerre d’indépendance de 1971.
Malgré cette condamnation, M. Khan réside librement à New York et continue de participer à des événements de l’organisation, soulignant les préoccupations concernant ce qui soulève des inquiétudes quant à sa tolérance envers des personnalités ayant un passé de violence djihadiste et à son influence sur des narratifs radicalisés en Occident.

Influence numérique et plateformes technologiques

L’analyse des dons est complétée par l’observation de tendances numériques. Des enquêtes du New York Post indiquent que des mises sur Polymarket, un marché de prédiction en cryptomonnaies favorisant la victoire de M. Mamdani, proviennent majoritairement de Chine et du Moyen‑Orient. Dix portefeuilles contrôlent 40 % du marché, avec 87 % des fonds issus de plateformes étrangères asiatiques telles que Binance, Bybit et OKX.
Par ailleurs, des documents internes fuités de TikTok, propriété de ByteDance, montrent que son algorithme aurait amplifié du contenu pro‑Mamdani et réduit la visibilité de ses opposants, générant des millions de vues. Bien qu’il ne s’agisse pas de financement direct, des experts estiment que ces soutiens numériques constituent une influence non monétaire de grande valeur.

Ingérence étrangère dans les élections locales

En 2025, l’ingérence étrangère dans les élections américaines s’est déplacée vers les processus locaux et étatiques, notamment l’élection du maire de New York. Les recherches montrent une augmentation des menaces et des manœuvres d’influence, exacerbée par des coupes budgétaires affectant les agences de renseignement américaines. Leur capacité à surveiller et à contrer les tentatives de manipulation extérieure a été limitée.
Les méthodes incluent l’usage de l’intelligence artificielle à des fins de propagande, développée par des entreprises chinoises comme GoLaxy.
Cette intelligence artificielle est capable de suivre l’opinion publique, de générer des contenus pro‑Chine et de supprimer des voix critiques via des algorithmes et des deepfakes.
Par ailleurs, le consulat chinois à Manhattan aurait financé des clubs sociaux et des organisations communautaires pour mobiliser le soutien à des candidats alignés sur ses intérêts et bloquer ceux critiques envers Pékin ou favorables à Taïwan.
Dans le domaine numérique, TikTok est pointé du doigt pour manipuler son algorithme afin de privilégier certains candidats et réduire la visibilité d’opposants, y compris des personnalités telles qu’Andrew Cuomo, ancien gouverneur de l’État et adversaire de M. Mamdani.
Des exemples récents à New York incluent l’enquête du New York Times, qui a documenté comment le consulat chinois a utilisé « argent et menaces » pour influencer l’élection municipale, mobilisant des groupes contre des candidats critiques.
M. Mamdani a été accusé d’environ 13.000 dollars de dons étrangers illégaux, liés à des réseaux pro‑Chine, tandis que des plateformes digitales comme Polymarket et TikTok ont amplifié son exposition et renforcé ses probabilités de victoire, atteignant 77 millions de vues pour des contenus pro‑Mamdani, ce que des experts décrivent comme une véritable distorsion du terrain électoral.

Cadre légal et électoral

La Commission électorale fédérale (FEC) interdit expressément les contributions d’étrangers non résidents aux campagnes politiques aux États‑Unis, tant au niveau fédéral qu’au niveau des États et local. Les contributions depuis des adresses étrangères, des chèques de banques internationales ou des donateurs résidant hors du pays déclenchent l’obligation de vérification de l’origine des fonds. Des médias spécialisés, tels que RealClearPolitics, soulignent que détecter des dons illégaux peut être difficile lorsqu’on utilise de fausses adresses, des cartes prépayées ou des micro-dons répétés depuis l’étranger.
De plus, les dons sont également surveillés au niveau local par le NYC Campaign Finance Board, qui administre le programme de « matching funds« de la ville. Ce système multiplie par huit les contributions inférieures à 250 dollars, ce qui peut amplifier considérablement l’impact de dons d’origine discutable. Des analystes financiers ont indiqué que la triangulation de dons familiaux ou internationaux est une tactique connue pour contourner les filtres du système de financement des campagnes.

Idéologie et antécédents

Lors d’une intervention à Dublin à la mi‑2025, Jamie Dimon, PDG de JPMorgan Chase, a qualifié M. Mamdani de « plus marxiste que socialiste », commentaire interprété comme une critique de ses propositions économiques et de son approche de la redistribution.
Le programme électoral de M. Mamdani comprend des mesures telles que la gratuité des transports publics, le logement public universel, le gel des loyers et l’augmentation du salaire minimum, politiques qui le placent au sein de l’aile la plus radicale du socialisme démocrate. Ses déclarations universitaires sur les moyens de production et les principes marxistes ont alimenté le débat sur son orientation idéologique, bien qu’il ait déclaré lui‑même « ne pas être communiste » et que son activisme ait commencé avec la Palestine, pas avec Marx.
Le poids idéologique familial est également pertinent : son père, Mahmood Mamdani, universitaire à Columbia University, entretient des liens avec le Parti communiste d’Inde (marxiste) et fait l’éloge public de ses méthodes de mobilisation politique.

Risques d’infiltration

M. Mamdani avait remporté son premier siège à l’Assemblée d’État pour Astoria, dans le Queens, en 2020. Il a battu Andrew Cuomo lors des primaires démocrates de 2025, un résultat historique.
Des experts en sécurité électorale ont mis en garde contre le fait que le phénomène Mamdani représente une forme d’infiltration politique subtile, via des micro-dons coordonnés, l’amplification algorithmique et des réseaux idéologiquement alignés avec des intérêts extérieurs.
Dora Pekec, porte‑parole de la campagne, a affirmé : « Certains donateurs sont des Américains vivant à l’étranger. Nous avons déjà rendu les sommes irrégulières » (New York Post, 28 oct. 2025).
Néanmoins, les enquêtes du Département de la Justice, du bureau du procureur de Manhattan et de la Commission des finances de campagne de la ville de New York sont toujours en cours. Si l’influence étrangère était confirmée, l’affaire pourrait être élevée au rang de question de sécurité nationale, compte tenu de l’importance de New York en tant que centre financier et diplomatique.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Maibort Petit est politologue et chercheuse spécialisée dans la criminalité transnationale organisée et le terrorisme en Amérique latine. Ses travaux portent sur la conception de cadres réglementaires communs renforçant la coopération régionale, le partage de renseignements et la coordination des réponses étatiques aux menaces à la sécurité nationale et continentale. Forte de plus de vingt ans d'expérience, elle a contribué à des forums internationaux sur la gouvernance pénale et la protection des victimes dans des contextes d'emprise institutionnelle.

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