La Chine évince quatre généraux alors que la purge militaire s’intensifie

Un lance-missiles chinois se déplace lors du défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur la place Tiananmen, le 3 septembre 2025, à Pékin, en Chine.
Photo: Kevin Frayer/Getty Images
La Chine vient d’expulser quatre généraux de son Parlement contrôlé par le Parti communiste, signe que la purge au sein de l’appareil de défense ne faiblit pas.
Le général Wang Chunning, commandant des forces de police armées, est le plus haut gradé évincé de l’Assemblée nationale populaire (ANP), le « Parlement fantoche » chinois, le 12 septembre.
Le comité permanent de l’ANP a annoncé la décision d’exclure ces hauts responsables militaires à l’issue d’une réunion à Pékin, sans fournir de justification officielle.
Depuis décembre dernier, des rumeurs circulaient selon lesquelles M. Wang aurait été rattrapé par les purges anti-corruption qui secouent les hautes sphères de l’Armée populaire de libération (APL). La Chine est restée silencieuse mais les spéculations ont gagné en intensité en juillet, après que les médias officiels ont commencé à présenter le lieutenant-général Cao Junzhang, jusque-là adjoint de M. Wang, comme commandant par intérim de la force de police armée.
Outre M. Wang, l’APN a également révoqué l’adhésion des généraux Zhang Lin et Gao Daguang, respectivement chef et commissaire politique du département du soutien logistique de la Commission militaire centrale.
Le lieutenant-général Wang Zhibin, qui, selon les médias officiels chinois, était autrefois commissaire politique de l’armée du Commandement du théâtre occidental, a également été déchu de son titre au sein de l’APN.
Des médias taïwanais et hongkongais, dont le South China Morning Post (SCMP), ont présenté M. Wang comme le chef de la discipline de la Force des fusées, unité secrète qui commande les missiles conventionnels et nucléaires du pays. Epoch Times n’a pas pu vérifier ce titre.
L’APL, qui ne rend pas régulièrement publics ses changements de personnel, est devenue de plus en plus secrète ces dernières années, en particulier à la suite de nombreuses enquêtes pour corruption visant des chefs militaires, qui ont soulevé des questions quant à l’efficacité de ses forces armées.
Selon le SCMP, M. Wang aurait rejoint la Force des fusées en décembre 2023, après le remplacement soudain des deux principaux commandants de cette unité, par des généraux n’ayant aucune expérience dans le domaine nucléaire.
Depuis lors, Pékin a destitué plus d’une douzaine de haut gradés et dirigeants de la défense. Lancée par Xi Jinping peu après son accession au pouvoir fin 2012, la campagne anti-corruption ciblait initialement ses rivaux politiques. Les récentes opérations au sein de l’armée ont toutefois balayé les alliés de longue date de Xi, alimentant les spéculations sur des luttes internes et sur la stabilité du régime.
La Force des fusées passe ses marchés au crible depuis 2016
La campagne ne donne aucun signe de ralentissement. Récemment, la Force des fusées a interdit à près de 200 fournisseurs et experts de participer aux appels d’offres, invoquant des irrégularités contractuelles remontant à 2016, année de création de l’unité.
Le bureau des marchés publics de la Force a disqualifié 74 experts et 116 fournisseurs de matériels sur la période allant du 29 août au 1er septembre, d’après une analyse des publications sur la plateforme des achats de l’APL, réalisée par le site China Government Procurement News dépendant du ministère des finances.
La plupart des experts concernés ont été accusés d’avoir commis des erreurs lors de l’examen des offres, affectant ainsi les résultats de l’appel d’offres. Les premiers problèmes identifiés remontent à un projet datant de 2016, ce qui indique que le service des marchés publics examine des contrats conclus il y a déjà neuf ans, a rapporté le portail d’information le 9 septembre.
Créée le dernier jour de l’année 2015, la Force des fusées s’inscrivait dans le cadre d’une réforme militaire plus large initiée par Xi Jinping. Au cours des trois dernières années, trois de ses commandants actuels et anciens, Wei Fenghe, Zhou Yaning et Li Yuzhao, sont tombés en disgrâce.
Selon Shen Ming-Shih, chercheur à l’Institut taïwanais de défense nationale et de sécurité, ce profond bouleversement pourrait semer la peur dans les rangs intermédiaires et subalternes.
Pour éviter de se retrouver impliqués dans des enquêtes visant leurs chefs, ces officiers de rang inférieur pourraient choisir de « s’allonger », c’est-à-dire de se désengager, ou recourir à « des moyens extrêmes » pour entraver les investigations si la pression s’intensifie.
« Dans tous les cas, l’efficacité opérationnelle de la Force des fusées en sera gravement affectée », estime M. Shen. « Si le personnel se sent surveillé ou soupçonné, il ne cherchera plus l’excellence ni dans l’entraînement ni dans le développement du matériel, ce qui finira par compromettre la capacité de combat. »
Luo Ya a contribué à la rédaction de cet article.

Dorothy Li est journaliste pour Epoch Times.
Articles actuels de l’auteur









