La chute d’un haut responsable du Parti ayant falsifié des données financières suscite des inquiétudes quant à l’économie de la Chine

Par Sophia Lam
8 juin 2022 18:23 Mis à jour: 8 juin 2022 18:23

Le principal organe de surveillance disciplinaire de la Chine a annoncé le 31 mai avoir radié un ancien haut responsable de la province orientale du Jiangsu de la fonction publique et plus largement du Parti communiste chinois (PCC).

Zhang Jinghua, ancien chef adjoint du PCC de la province du Jiangsu, a été accusé de « falsification de chiffres budgétaires à des fins d’avancement personnel et d’ingérence dans les activités du marché en violation des règles concernées », entre autres accusations de corruption formulées par la Commission centrale d’inspection de la discipline (CCDI) dans un avis publié le 31 mai. La CCDI n’a pas fourni plus de détails sur l’accusation.

Zhang Jinghua est un des membres les plus récents du 19e comité central du PCC (organe décisionnel suprême du PCC) à être déchu.

La veille, le Bureau national des statistiques de Chine avait tenu une visioconférence au cours de laquelle son directeur, Kang Yi, signalait que le problème de la falsification des statistiques existait toujours en Chine.

Le 27 mai, le Bureau national des statistiques a déclaré que 126 fonctionnaires de rang inférieur des provinces de Hebei, Henan et Guizhou avaient été sanctionnés pour avoir fabriqué des données statistiques.

C’est en mars qu’a commencé cette vague de purge liée à la fabrication des données. La CCDI a alors signalé sur son site Web que certains fonctionnaires locaux falsifiaient les chiffres pour créer une illusion de développement et manipulaient les données statistiques. La commission a ensuite « rappelé » et ordonné aux départements concernés d’apporter les changements nécessaires.

Les banques d’investissement étrangères ont déjà réduit leurs prévisions de croissance pour la Chine du fait des confinements Covid‑19 déployés par le régime, notamment celui de Shanghai qui torpille l’économie de la ville. Nomura prévoit une croissance de 3,9%.

Des statistiques pour répondre aux besoins politiques du Parti

Pour le PCC, les statistiques ont trois fonctions, selon Wang He, un commentateur de l’actualité chinoise, dans une récente interview à l’édition en langue chinoise d’Epoch Times : soutenir la prise de décision, servir la politique et endoctriner la population. Mais, précise-t-il, la première fonction n’est que théorique.

« Pour soutenir efficacement la prise de décision, l’authenticité, l’actualité et l’exhaustivité des données statistiques doivent être une priorité absolue », explique Wang He.

La norme parmi les fonctionnaires du PCC, selon Wang He, est d’utiliser les données pour servir les objectifs politiques du Parti. Il note que les fausses données aident les fonctionnaires du PCC à gravir les échelons. Ils falsifient donc toujours davantage les chiffres, puisque c’est le seul moyen d’être promu.

« Le PCC utilise de fausses données pour tromper le peuple et lui faire croire que la situation en Chine est toujours excellente, car le mensonge est un élément de base du pouvoir du PCC », indique Wang He.

La récente purge de fausses données par le PCC est tout autant motivée par des raisons politiques, ajoute‑t‑il, et non par une prétendue transparence économique. Le régime se trouve dans les mois critiques précédant le XXe congrès national du PCC qui se tiendra à l’automne pour un remaniement politique.

Les chiffres du PIB de la Chine, « artificiels » et peu fiables selon le Premier ministre

Le Premier ministre chinois Li Keqiang participe à une conférence de presse à la Maison d’hôtes d’État de Diaoyutai à Pékin, le 21 novembre 2019. (Lintao Zhang/Getty Images)

Depuis longtemps, le régime chinois suscite la critique pour ses données économiques maquillées, notamment les chiffres du PIB, ceux concernant la population et d’autres indicateurs.

Selon  Wikileaks, le Premier ministre chinois Li Keqiang, alors secrétaire du Parti de la province du Liaoning (nord‑est), aurait avoué à Clark T. Randt Jr, ancien ambassadeur des États‑Unis en Chine, que les « chiffres du PIB chinois sont ‘artificiels’ et ne sont donc pas fiables », lors d’un dîner le 12 mars 2007.

Il a également reconnu la crise économique à laquelle la Chine sera confrontée en 2020 en déclarant aux journalistes, lors d’un point presse le 28 mai : « Il y a 600 millions de personnes dont le revenu mensuel n’est que de 1000 yuans (130 €). »

La population de la Chine est de 1,439 milliard d’habitants, 600 millions de personnes représentent environ 41,7% de la population totale.

En janvier 2017, Chen Qiufa, alors gouverneur de la province du Liaoning, a confirmé lors du Congrès populaire provincial que les villes et comtés du Liaoning avaient des problèmes de falsification de données financières de 2011 à 2014, comme l’a rapporté l’agence de presse Xinhua, porte‑parole du PCC.

En janvier 2018, la Mongolie intérieure a révélé que ses données économiques étaient nettement falsifiées. Sa production industrielle de 2016 a été gonflée de manière substantielle : de 40%. Cette fausse croissance s’élevait à 290 milliards de yuans (environ 40,7 milliards d’euros).

Outre le Liaoning et la Mongolie intérieure, la province de Jilin et la ville de Tianjin ont été contraintes de réviser leurs données une fois qu’il a été constaté qu’elles avaient gonflé ou manipulé les statistiques économiques au cours des dernières années, selon un article de Bloomberg.

Gu Qing’er a contribué à cet article.

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