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La déclaration pro-russe de Pékin viserait à restaurer ses liens avec Moscou après la fuite d’informations confidentielles

Le dirigeant chinois Xi Jinping rencontre son homologue russe, Vladimir Poutine (à dr.), au Kremlin, à Moscou, le 21 mars 2023.
Photo: Pavel Byrkin/SPUTNIK/AFP via Getty Images
Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a récemment déclaré au chef de la diplomatie européenne que la Chine ne souhaitait pas l’échec de la Russie dans la guerre qu’elle mène en Ukraine. Selon le ministre chinois, Pékin cherchait à détourner l’attention de l’Amérique, car l’échec russe permettrait aux États-Unis de réorienter leur attention stratégique vers la Chine.
Cette déclaration, adressée à la Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Kaja Kallas, a suscité une vive polémique au niveau international, car elle s’écarte des déclarations de neutralité que la Chine revendique depuis longtemps par rapport à cette guerre.
Yuan Hongbing, ancien professeur de droit à l’université de Pékin exilé en Australie, a révélé qu’une récente fuite d’informations confidentielles avait suscité la colère du président russe Vladimir Poutine envers les dirigeants communistes chinois. Selon M. Yuan, la déclaration de Wang Yi constituait des excuses indirectes, visant à rétablir la confiance du Kremlin et à lui témoigner le soutien continu de l’État-parti chinois.
Citant une source haut placée au sein du Parti communiste chinois (PCC), Yuan Hongbing a expliqué à Epoch Times qu’en mai, un fonctionnaire du ministère chinois des Affaires étrangères avait fait défection en Russie à la suite de conflits internes avec son supérieur. Il avait emporté avec lui plusieurs documents classifiés, notamment des plans élaborés par Pékin en cas d’échec russe dans la guerre en Ukraine.
Ces documents divulgués ont révélé le manque de confiance de Pékin dans la stabilité du régime de Vladimir Poutine. Les dirigeants chinois avaient également exprimé leur inquiétude quant au fait qu’un échec russe permettrait à l’Europe et à l’Amérique de soutenir efficacement les forces pro-occidentales à Moscou, ce qui pourrait remodeler le paysage politique d’après-guerre.
Selon la source de M. Yuan, ces plans suggèrent que Pékin envisage deux stratégies concernant ses relations avec la Russie.
Le premier scénario consiste à soutenir le Parti communiste de la Fédération de Russie – un acteur politique important du pays – pour diriger la Russie dans l’ère post-Poutine, une tentative de façonner le futur paysage politique russe conformément aux intérêts idéologiques du PCC.
Le second, plus audacieux, envisage une stratégie géopolitique directe : si les puissances occidentales s’engagent résolument dans le changement de la Russie d’après-guerre, la Chine soutiendrait la création d’une « Fédération de Russie orientale » séparatiste à l’est de l’Oural.
L’Oural, ou les monts Oural, est une chaîne de montagnes qui traverse la Russie centrale du nord au sud, formant une frontière naturelle entre les régions européennes et asiatiques du pays. À l’ouest se trouve la Russie européenne, comprenant Moscou et d’autres grands centres politiques et économiques, tandis qu’à l’est se trouve la Sibérie, une énorme région riche en ressources, relativement peu peuplée, plus proche de la Chine géographiquement et de plus en plus influencée par la Chine économiquement.
Dans ce scénario, selon les documents divulgués, l’armée chinoise occuperait des parties de la Sibérie pour sécuriser sa profondeur stratégique et l’accès aux ressources énergétiques, utilisant cette immense région comme base arrière en cas d’invasion de Taïwan.
D’après Yuan Hongbing, Moscou a réagi rapidement et avec détermination. Mi-juin, le ministère russe des Affaires étrangères a renvoyé le transfuge et les documents classifiés à Pékin, accompagnés d’un message diplomatique clair : « La Russie est une puissance redoutable, et son statut est protégé par son arsenal nucléaire. »
M. Yuan a souligné que le soutien de Pékin à Moscou s’inscrit dans sa stratégie encore plus large visant à prolonger la guerre en Ukraine afin d’affaiblir, voire d’épuiser, les pays occidentaux dans sa quête de domination mondiale. Parallèlement, cette stratégie contribuerait également à l’objectif important du régime chinois – l’unification de force avec Taïwan.

Olivia Li collabore avec Epoch Times sur des sujets liés à la Chine depuis 2012.
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