La graisse abdominale liée au risque d’Alzheimer chez les hommes d’âge moyen

Une nouvelle étude montre que la graisse viscérale est un meilleur indicateur de risque que l'IMC et donne des conseils pour la réduire

Par George Citroner
18 mars 2024 00:36 Mis à jour: 18 mars 2024 00:36

Une récente étude tire la sonnette d’alarme, révélant que la graisse accumulée autour de la ceinture abdominale pourrait être une bombe à retardement pour la santé du cerveau, en particulier pour les hommes d’âge moyen.

Les chercheurs ont découvert un lien entre la graisse abdominale excessive et un risque accru de développer la maladie d’Alzheimer, une maladie chronique incurable induisant une perte de la mémoire et des capacités cognitives chez les personnes atteintes.

La graisse pancréatique et viscérale liée à la santé cérébrale

Près de 75% des adultes américains sont en surpoids ou obèses. Cette situation a des répercussions sur divers aspects de la santé, y compris la cognition. Le type de graisse associé à ce risque accru n’est pas détectable par les mesures conventionnelles de l’indice de masse corporelle (IMC).

L’étude, publiée dans la revue Obesity, a porté sur 204 personnes en bonne santé d’âge moyen qui étaient des enfants de patients atteints de démence de type Alzheimer. Ce groupe a été choisi parce qu’il présentait déjà un risque accru de développer cette maladie neurologique dégénérative.

L’âge moyen des participants était d’environ 59 ans et 60% d’entre eux étaient des femmes. Tous ont subi une imagerie par résonance magnétique (IRM) abdominale afin de déterminer la quantité de tissu adipeux hépatique (foie), pancréatique, viscéral (à l’intérieur de l’abdomen) et sous-cutané (sous la peau). En outre, le volume du cerveau et la cognition ont été évalués.

L’étude a révélé que les hommes d’âge moyen présentant un taux élevé de graisse viscérale couraient un risque plus élevé de développer la maladie d’Alzheimer, ce qui n’était pas le cas des femmes. En outre, les chercheurs ont constaté qu’un taux élevé de graisse pancréatique était spécifiquement associé à une cognition plus faible et à des volumes cérébraux réduits dans le groupe des hommes.

Selon les chercheurs, cette étude remet en question l’utilisation conventionnelle de l’IMC comme mesure principale pour déterminer les risques cognitifs liés à l’obésité. Ils notent que l’IMC représente mal la répartition de la graisse corporelle et ne tient pas nécessairement compte des différences entre les sexes, alors que le risque a été identifié exclusivement chez les hommes.

« Nos résultats indiquent des corrélations plus fortes que les relations entre l’IMC et la cognition, ce qui suggère que les dépôts de graisse abdominale, plutôt que l’IMC, sont un facteur de risque pour un fonctionnement cognitif plus faible et un risque de démence plus élevé », a déclaré Sapir Golan Shekhtman, doctorant au Joseph Sagol Neuroscience Center du Sheba Medical Center en Israël et co-auteur de l’étude, dans un communiqué de presse.

La graisse dans les organes critiques, et non la graisse elle-même, peut avoir un impact sur la santé du cerveau

Michal Schnaider Beeri, directrice du Herbert et Jacqueline Krieger Klein au Rutgers Brain Health Institute et auteure principale de l’étude, a déclaré à Epoch Times qu’il ne s’agissait pas d’un problème de graisse affectant directement le cerveau.

Elle et son équipe pensent plutôt que le problème se pose lorsque la graisse s’accumule dans des organes critiques tels que le pancréas. Dans cet organe, la graisse pourrait avoir un impact sur la sécrétion de substances peuvant traverser la barrière hémato-encéphalique et, en fin de compte, affecter le cerveau. « L’insuline en est un exemple. Elle est sécrétée uniquement par le pancréas et est cruciale pour le fonctionnement du cerveau, » a ajouté Mme Beeri.

« À ce stade, nous étudions ces facteurs et espérons trouver ceux qui peuvent être modulés/traités pour empêcher leurs effets négatifs sur le cerveau et la cognition », a-t-elle déclaré.

Selon elle, les principales découvertes de l’étude sont les suivantes :

  • Fondamentalement, la graisse abdominale peut affecter le cerveau et la cognition au milieu de la vie chez les personnes présentant un risque élevé de maladie d’Alzheimer.
  • Ces effets sont spécifiques au sexe, indiquant que la recherche sur l’impact de la graisse sur le vieillissement du cerveau devrait être menée dans le contexte des différences entre les sexes.
  • Bien que l’IMC soit la mesure la plus courante de l’obésité, il représente la masse grasse, la masse musculaire et la masse osseuse. « Dans notre cas, il prédit moins efficacement le volume du cerveau et les fonctions cognitives que les dépôts de graisse spécifiques », a déclaré la chercheuse.

Des recherches antérieures ont également établi un lien entre la graisse et le déclin cognitif

L’étude confirme les recherches antérieures qui ont établi que l’obésité est l’un des neuf facteurs de risque de réduction des fonctions cognitives et d’augmentation du risque de démence. Les autres facteurs sont la dépression, l’hypertension artérielle, la perte d’audition, le manque de scolarisation, le tabagisme, le diabète, l’inactivité physique et le manque de contacts sociaux.

Une étude beaucoup plus vaste publiée en 2018 a révélé que des niveaux plus élevés de graisse abdominale chez les personnes âgées étaient associés à un déclin cognitif. Elle portait sur 5186 adultes âgés de 60 ans et plus, issus de l’étude de cohorte vieillissante du département de l’agriculture de Trinity Ulster. Les chercheurs ont constaté qu’un rapport taille-hanche malsain était négativement associé à la fonction cognitive chez tous les participants.

Une autre étude publiée en 2023, portant sur 32 participants de sexe masculin, a montré que la graisse viscérale pouvait induire des changements cérébraux liés à la maladie d’Alzheimer jusqu’à 15 ans avant que la maladie ne soit diagnostiquée. Les chercheurs ont noté que la graisse viscérale est connue pour être associée à la « résistance à l’insuline et à un état pro-inflammatoire », deux mécanismes impliqués dans la pathologie de la maladie d’Alzheimer.

La particularité de cette nouvelle étude est qu’elle met en évidence le fait que la graisse abdominale présente un risque différent selon le sexe.

Réduire la graisse abdominale passe par un changement du mode de vie

Pour réduire la graisse abdominale, les spécialistes recommandent les stratégies suivantes :

  • Réduire la consommation de glucides : des chercheurs de l’université Johns Hopkins ont comparé les effets d’un régime pauvre en glucides et d’un régime pauvre en graisses sur la santé cardiaque pendant six mois, les deux régimes ayant le même apport calorique. Les résultats ont révélé que les participants au régime pauvre en glucides ont perdu en moyenne 4,5 kilos de plus que ceux qui suivaient le régime pauvre en graisses.
  • Optez pour une alimentation saine, non pour un régime : au lieu de suivre un régime restrictif, il est essentiel d’opter pour un régime alimentaire durable auquel vous pourrez vous tenir à long terme. Compter les calories n’est peut-être pas aussi efficace que de faire des choix alimentaires sains qui favorisent la santé cardiaque, en incorporant par exemple davantage de fruits, de légumes et de protéines maigres.
  • Augmentez votre activité physique : Essayez de faire au moins 30 à 60 minutes d’exercice modéré à intense par jour. Une activité physique régulière favorise non seulement la perte de poids, mais renforce également le muscle cardiaque et améliore la condition cardiovasculaire.
  • Réduire la consommation d’aliments transformés : Les aliments transformés contiennent souvent des niveaux élevés de gras trans, de sucres ajoutés et un excès de sodium, ce qui rend la perte de poids difficile. Dans la mesure du possible, optez pour des aliments entiers et peu transformés.
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