La Mongolie, pays riche en ressources et enclavé entre la Chine et la Russie, consolide son partenariat avec les États-Unis dans le domaine des terres rares. Les analystes estiment qu’il s’agit d’une décision géopolitique importante qui pourrait briser le monopole de la Chine sur les minéraux de terres rares.
Le Premier ministre mongol Oyun-Erdene Luvsannamsrain s’est rendu à Washington le 2 août. L’un des principaux sujets abordés lors des discussions bilatérales entre les États-Unis et la Mongolie a été l’exploitation conjointe des terres rares, y compris le cuivre.
M. Oyun-Erdene a déclaré à Reuters que la coopération dans le domaine des minéraux de terres rares serait approfondie dans le cadre d’un protocole d’accord signé en juin. Il a qualifié les États-Unis de « troisième voisin stratégique important ».
Outre les mines de terres rares, la Mongolie possède d’abondantes mines de métaux, telles que le cuivre, le plomb-zinc et la bauxite.
M. Oyun-Erdene s’est également inquiété du fait que les pays limitrophes de la Chine et de la Russie souffriraient de la concurrence entre les superpuissances.
En raison de sa frontière avec la Russie, la Mongolie a souffert des retombées de l’invasion de l’Ukraine par la Russie l’année dernière, notamment de l’inflation de produits tels que les explosifs pour l’exploitation minière, a déclaré M. Oyun-Erdene.
L’administration Biden s’est attachée à développer ses relations avec les pays d’Asie afin de contrer la puissance croissante de la Chine communiste et le partenariat « sans limites » entre Pékin et Moscou.
Un geste symbolique
Selon Tang Jingyuan, observateur de la Chine, les terres rares de Mongolie pourraient permettre aux États-Unis, à l’Europe et à d’autres pays occidentaux de réduire leur dépendance excessive à l’égard de la chaîne d’approvisionnement en terres rares de la Chine.
La coopération entre les États-Unis et la Mongolie est « une réalisation significative de la ‘décommunisation’ de la chaîne d’approvisionnement en terres rares par l’Occident » et un geste symbolique dans la confrontation entre les États-Unis et la Chine en matière de ressources, de science et de technologie, a déclaré M. Tang à l’édition en langue chinoise du Epoch Times le 5 août.
« Elle (la coopération entre les États-Unis et la Mongolie) soumettra le Parti communiste chinois à des pressions plus sérieuses dans sa compétition stratégique avec les États-Unis. »
Les États-Unis cherchent d’autres fournisseurs de terres rares pour remplacer la Chine. La dernière étude de BP sur l’énergie montre que la Chine produira 59 % des éléments de terres rares dans le monde en 2021. Ce chiffre est en baisse par rapport à 2010, où il avoisinait les 100 %, d’après les statistiques recueillies par l’institut géologique américain (U.S. Geological Survey).
Les États-Unis importent la plupart de leurs terres rares de Chine, mais cette dépendance est tombée à 74 % entre 2018 et 2021, contre 80 % entre 2014 et 2017, rapporte Reuters.
Le partenariat de la Mongolie avec les États-Unis démontre que la stratégie du pays s’oriente vers la diplomatie géopolitique, a déclaré M. Tang, citant la position unique de la Mongolie à l’intérieur de l’Asie du Nord-Est et entourée par la Russie et la Chine.
Étant donné que la richesse des ressources favoriserait les liens de la Mongolie avec l’Occident, « la Chine et la Russie n’oseraient plus mépriser cette puissance voisine, et la Mongolie disposerait d’un espace stratégique et d’une flexibilité diplomatique plus importants », a ajouté M. Tang.
Zhuge Mingyang, collaborateur d’Epoch Times, partage le même point de vue. « Une telle collaboration et de tels investissements en Mongolie contribueraient à améliorer le statut économique du pays, ainsi qu’à modifier sa géopolitique, conférant à la Mongolie un rôle central dans la dissuasion américaine contre la Chine communiste et la Russie », a-t-il affirmé.
Davantage de coopérations commerciales
Au cours de son voyage à Washington, M. Oyun-Erdene a également rencontré la vice-présidente Kamala Harris et a accepté de signer l’accord d’aviation civile « Ciel ouvert » entre les deux pays.
La Maison-Blanche a déclaré dans un communiqué commun publié le 2 août que « l’accord facilitera les services aériens entre la Mongolie et les États-Unis, tout en renforçant notre solide partenariat économique et commercial, en promouvant les liens entre les peuples et en créant de nouvelles opportunités pour le commerce et le tourisme ».
Le mois dernier, le gouvernement mongol a approuvé l’utilisation du service de réseau satellitaire Starlink de SpaceX pour améliorer les communications Internet et la sécurité.
M. Zhuge pense que le réchauffement des relations entre la Mongolie et les États-Unis pourrait encourager et soutenir les investissements occidentaux en Mongolie, car l’extraction et le traitement des terres rares nécessitent des technologies de pointe et des investissements dans les infrastructures.
Les terres rares sont appelées « vitamines industrielles ». Il s’agit d’un ensemble de 17 éléments métalliques rares, largement utilisés et indispensables aux industries de haute technologie, de défense nationale et militaire, ainsi qu’à de nombreux produits technologiques modernes tels que les téléphones portables, les missiles, les éoliennes, les véhicules électriques, les avions sans pilote et les robots.
Nathan Worcester a contribué à cet article.
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