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La présidente du Mexique exclut toute frappe américaine contre les cartels sur le sol mexicain
La Présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, a rejeté l’idée que les États-Unis puissent mener des frappes sur le territoire mexicain, dans un contexte de tensions accrues à la frontière.

La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum s'exprime lors de sa conférence de presse quotidienne au Palacio Nacional à Mexico, le 17 novembre 2025.
Photo: YURI CORTEZ/AFP via Getty Images
La présidente du Mexique a écarté la possibilité d’autoriser des frappes américaines contre les cartels à l’intérieur des frontières mexicaines, au lendemain d’une déclaration du président américain Donald Trump, qui a répété cette semaine qu’il était prêt à prendre toutes les mesures jugées nécessaires pour stopper l’afflux de drogue à la frontière.
« Cela n’arrivera pas », a affirmé Claudia Sheinbaum le 18 novembre.
« [Trump] l’a suggéré à plusieurs reprises ou il a dit : “Nous vous proposons une intervention militaire américaine au Mexique, tout ce dont vous avez besoin pour combattre les groupes criminels” », a-t-elle ajouté.
« Pas d’interventions acceptées »
« Mais je lui ai répondu à chaque fois que nous pouvons collaborer, qu’ils peuvent nous aider avec les informations dont ils disposent, mais que nous opérons sur notre territoire, que nous n’acceptons aucune intervention d’un gouvernement étranger », a-t-elle souligné.
Mme Sheinbaum précise avoir déjà décliné cette proposition lorsqu’elle avait été soulevée tant par Trump que par le secrétaire d’État américain Marco Rubio, précisant qu’ils comprenaient fermement sa position.
Le 17 novembre, Trump a déclaré aux journalistes : « Est-ce que je voudrais des frappes au Mexique pour arrêter la drogue ? Ça me va, tout ce qu’il faut faire pour stopper la drogue. »
L’ambassade des États-Unis au Mexique a partagé une vidéo sur X ce même lundi, avec des déclarations antérieures de M. Rubio rappelant que les États-Unis n’envisageaient pas d’action unilatérale au Mexique.
Incident frontalier
Des diplomates des deux pays tentaient lundi d’établir s’il y avait eu incursion américaine, lorsque des hommes sont arrivés en bateau sur la plage de Playa Bagdad, dans le nord-est du Mexique.
Les panneaux installés à l’endroit où le Rio Grande se jette dans le golfe du Mexique indiquaient qu’il s’agissait d’un terrain que le Département de la Guerre américain considère comme étant en territoire des États-Unis.
Ces pancartes, en anglais et en espagnol, annonçaient : « Avertissement : zone restreinte » et précisaient que le terrain, propriété du Département de la Guerre des États-Unis, avait été déclaré interdit par « le commandant ». Toute entrée non autorisée, prise de photos ou dessins du site était prohibée.
Le ministère mexicain des Affaires étrangères a déclaré que la marine mexicaine avait retiré les panneaux, considérant qu’ils se situaient sur le territoire mexicain.
Le 18 novembre, Mme Sheinbaum a indiqué que la Commission internationale des frontières et des eaux, un organisme binational chargé de fixer la frontière entre les deux nations, investiguait sur l’incident.
L’ambassade américaine au Mexique a relayé le même jour un commentaire du Pentagone, confirmant que des entrepreneurs avaient posé ces panneaux à l’embouchure du Rio Grande.
« Les changements de profondeur et de topographie du fleuve ont modifié la perception de l’emplacement de la frontière », selon ce communiqué.
« Des agents du gouvernement mexicain ont retiré six panneaux selon leur perception de la localisation de la frontière. »
Le Pentagone a ajouté que les entrepreneurs « coordonneraient leurs actions avec les agences concernées afin d’éviter toute confusion à l’avenir ».
Questions autour de SpaceX
Finalement, il a été établi que des entrepreneurs agissant pour une entité gouvernementale américaine avaient posé ces panneaux, a précisé Mme Sheinbaum, après des échanges avec le consulat mexicain à Brownsville (Texas), puis l’ambassade américaine à Mexico.
« Mais le fleuve modifie son lit, il déborde, et selon le traité, il faut constamment délimiter précisément la frontière nationale », a-t-elle précisé aux journalistes.
La zone est proche du site Starbase de SpaceX, à proximité de Boca Chica Beach, côté texan du Rio Grande.
La base de lancement du programme spatial SpaceX est exploitée sous contrat avec le Département de la Guerre et la NASA, qui espèrent envoyer des astronautes sur la Lune puis sur Mars.
Mme Sheinbaum avait déclaré en juin que le gouvernement enquêtait sur d’éventuelles contaminations provoquées par l’installation de SpaceX, après la découverte de fragments métalliques, plastiques et de débris de fusées, côté mexicain, suite à une explosion lors d’un test.
Les sensibilités diplomatiques sont exacerbées dans la zone, après l’ordre exécutif de Trump, en janvier, de renommer le golfe du Mexique en « golfe d’Amérique », une initiative rejetée par le Mexique.
Trump a affirmé le 17 novembre être ouvert à des frappes au Mexique, similaires à celles entreprises par les forces américaines dans les Caraïbes contre des bateaux soupçonnés de trafic de stupéfiants.
« Nous n’avons presque plus aucune drogue arrivant dans notre pays par la mer, par les voies navigables. Savez-vous pourquoi ? », a-t-il interrogé.
« C’est assez évident. Le ferais-je par voie terrestre, avec des véhicules ? Oui, absolument. »
« La Colombie possède des usines où l’on fabrique de la cocaïne. Détruirais-je ces usines ? J’en serais fier. Personnellement, je ne dis pas que je le ferai, mais j’en serais fier parce que nous pourrons sauver des millions de vies. »
Trump a refusé de préciser s’il demanderait ou non au Mexique l’autorisation de mener des frappes à l’intérieur du pays. Il a cependant déclaré qu’il souhaiterait organiser des discussions avec le gouvernement mexicain.
Jackson Richman a contribué à la rédaction de cet article.
Avec l’Associated Press

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