La rancune est mortelle, apprenons à pardonner !

28 août 2015 11:00 Mis à jour: 2 mai 2023 20:27

Le docteur Everett Worthington, auteur, psychologue clinicien et professeur de psychologie à la Virginia Commonwealth University explique qu’« être souvent dans la colère et le ressentiment ne semble pas avoir un effet immédiat sur notre santé. Mais au fil des années, les problèmes surgissent ».

Le ressentiment crée de l’hypertension et un taux élevé de cortisol entraînant une inflammation chronique, perturbant presque tous les processus physiologiques.

Comment pardonner

Selon lui, il faut une méthode pour réussir à pardonner. « Je pense que personne ne sait comment pardonner, même si on pense que c’est une bonne chose ». Bien qu’il soit croyant, le docteur Worthington dit qu’il n’est pas nécessaire d’avoir la foi. « Pardonner par obligation religieuse ne semble pas être très efficace », dit-il.

La clé d’un pardon réussi est de cultiver l’empathie, l’humilité et la compassion. Des études ont montré que le pardon vient plus facilement chez les gens qui s’intéressent davantage au bien-être des autres qu’à leur gain personnel.

Grâce à ses recherches et à son expérience clinique, le docteur Worthington a développé une méthode pour apprendre à pardonner. En anglais, cette méthode s’appelle REACH :

R comme recall – se souvenir de cette blessure aussi objectivement que possible.

E comme empathize – essayer de comprendre le point de vue de celui qui vous fait du tort.

A comme altruism – vous avez blessé quelqu’un et vous avez été pardonné, faites de même.

C comme committing – pardonner publiquement à la personne qui vous fait du tort.

H comme holding on – ne pas oublier sa souffrance pour se rappeler votre choix de pardonner.

L’objectif de REACH est d’examiner le préjudice moral sans blâmer l’autre ou s’attarder sur la victimisation causée par l’injustice. L’une des difficultés que les chercheurs ont examinée en étudiant le pardon consiste à en donner une définition précise.

Lorsque nous sommes stressés, des choses vraiment négatives se produisent dans le corps.

« Le pardon n’est pas la seule façon de traiter les injustices que nous subissons », explique le docteur Worthington. Il y a aussi l’acceptation. « La vie se passe. Il faut faire avec. » Une autre pensée consiste à excuser ou à justifier ce qui a été fait. Certains renvoient à Dieu « Je vais laisser Dieu s’en occuper » ou « je le donne à Dieu parce que ce n’est pas mon problème ».

Le vrai pardon demande un effort supplémentaire. « Pardonner n’est pas seulement ne plus avoir de sentiments négatifs envers quelqu’un, mais en fait commencer à le voir comme une personne précieuse qui est rachetable », précise le docteur Worthington.

Cette notion de la valeur de l’autre est en contradiction avec notre culture hautement concurrentielle. Mais le docteur Worthington croit que de grands changements pourraient avoir lieu simplement en sensibilisant au pardon. Cela relève de la santé publique.

Lorsque les écoles adoptent des campagnes de sensibilisation au pardon, à peu près tout le monde voit les retombées positives en matière de santé mentale et physique. De telles expériences ont déjà eu lieu dans les universités.

Pour quelqu’un ayant un diagnostic de maladie grave, il devient encore plus important de trouver la capacité de pardonner et de lâcher prise.

Pour Katherine Puckett, travailleuse sociale, clinicienne et directrice nationale de la médecine corps-esprit dans les centres du Cancer d’Amérique (CTCA), les patients bénéficient d’une compréhension de ce qu’ils perdent en restant dans la colère.

« Lorsque nous sommes stressés, des choses vraiment négatives se produisent dans le corps », explique le docteur Puckett. Notre corps perçoit le stress comme une menace pour notre survie. « Il y a environ 1 400 produits chimiques sécrétés par notre corps en réponse au stress. À force, les hormones sont perturbées. » Le docteur Puckett avance que pour aider les patients à atteindre le pardon, il faut développer des relations de soutien.

Les vieilles rancunes

« Souvent les gens pensent qu’ils ne méritent pas d’être heureux, ou qu’ils ne méritent pas d’être libérés de la culpabilité ou du ressentiment. Cet apprentissage joue un grand rôle dans le processus de guérison car les patients atteints de cancer ont souvent du mal à se pardonner. »

Aller au fond d’une rancune nécessite une réflexion personnelle sur l’origine de ses sentiments négatifs. Une grande partie du programme de pardon à CTCA est d’amener les patients à voir la valeur de l’autogestion. Les gens vont se traiter avec autant de gentillesse qu’ils traiteraient leur meilleur ami.

 

Pour en savoir plus :

Le docteur Worthington est un précurseur dans les recherches sur les effets du pardon. Dans les années 1980, il a publié son premier article sur le rôle du pardon dans la thérapie de couple. En 1996, sa mère a été assassinée et cela lui a permis d’étudier le pardon dans la vie réelle.

 

Version originale: Your Grudges May Be Killing You, What Science Says About Forgiveness

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