La réincarnation dans l’Église chrétienne primitive

Par Carol Bowman
28 avril 2023 14:11 Mis à jour: 6 mai 2023 12:14

Cet extrait du chapitre 14 de Children’s Past Lives [Les vies antérieures des enfants], « Les adultes et leurs religions », retrace l’histoire de la réincarnation dans l’Église chrétienne primitive. La source principale utilisée pour ces informations est The Outline of History [Les grandes lignes de l’histoire] de H.G. Wells, et des écrits d’historiens de l’Église. Une liste complète de citations est incluse dans le livre. Reproduit avec l’autorisation de l’auteur.

Le charisme impressionnant de Jésus-Christ et son ministère de la bonne nouvelle ont profondément changé la vie de ceux qui l’ont connu et de ceux qui l’ont suivi peu après. L’enthousiasme et l’esprit des premiers chrétiens se sont répandus au Moyen-Orient, et ce qui n’était au départ qu’un culte inspiré par des Juifs dans une Judée poussiéreuse est devenu un mouvement religieux révolutionnaire qui s’est répandu dans l’ensemble de l’Empire romain. Au fur et à mesure de leur diffusion, les idées se sont infiltrées dans les pratiques et les théologies des religions existantes et ont pris des formes que Jésus n’aurait pas nécessairement reconnues, en particulier l’institution d’un sacerdoce officiel pour servir de médiateur entre l’homme et Dieu. Au cours des trois premiers siècles de l’ère chrétienne, il n’y a pas eu de doctrine chrétienne unique. La théologie et la doctrine chrétiennes — c’est-à-dire les interprétations des enseignements du Christ mêlées aux idées provenant d’autres philosophies et religions — ont fait l’objet de vifs débats pendant au moins trois cents ans. Nombre des principes de la foi que les chrétiens considèrent aujourd’hui comme acquis n’étaient, pendant cette longue période de mutation, qu’un point de vue parmi d’autres.

C’est un fait que certaines écoles chrétiennes et certains auteurs ont accepté la réincarnation comme un aspect des enseignements du Christ. Origène, l’un des Pères de l’Église les plus célèbres, décrit par saint Grégoire comme « le prince de l’érudition chrétienne au IIIe siècle », a écrit : « Chaque âme vient en ce monde renforcée par les victoires et affaiblie par les défaites de sa vie précédente. » Si la réincarnation est une idée en vogue chez les premiers chrétiens, pourquoi en a-t-on perdu toute trace dans la religion chrétienne que nous connaissons aujourd’hui ?

Au début du IVe siècle, de puissantes factions chrétiennes se disputaient l’influence et le pouvoir, tandis que l’Empire romain commençait à se désagréger. En l’an 325, afin de renouveler l’unité de l’empire, l’empereur absolu Constantin a convoqué les chefs des factions chrétiennes rivales au concile de Nicée. Il a proposé de mettre son pouvoir impérial au service des chrétiens s’ils acceptaient de régler leurs différends et de se mettre d’accord sur un credo unique. Les décisions prises lors de ce premier concile ont jeté les bases de l’Église catholique romaine. Peu après, tous les livres de la Bible ont également été modifiés. Au nom de l’unité, toutes les croyances qui entraient en conflit avec le nouveau credo ont été bannies ; dans la foulée, les factions et les écrits qui soutenaient la réincarnation ont été rejetés.

Ensuite, sous les applaudissements et avec le soutien des chefs de file chrétiens, Constantin a entrepris d’éliminer les religions concurrentes et de rendre son emprise personnelle sur l’Empire encore plus absolue. Le résultat du mariage entre l’Église et l’État impérial fut une nouvelle Église à l’image d’un Empire romain autocratique. C’est pourquoi, selon certains historiens, l’Église peut exalter une autorité centrale incontestée, imposer un credo dogmatique unique à ses fidèles et s’efforce d’éradiquer les idées divergentes. Ce point est important, car la réincarnation n’entrait pas dans le cadre du credo officiel.

Apparemment, certains chrétiens ont continué à croire en la réincarnation même après le concile de Nicée, car en l’an 553, l’Église a jugé nécessaire d’isoler et de condamner explicitement la réincarnation. Lors du second concile de Constantinople, le concept de réincarnation, intégré à un ensemble d’autres idées sous le terme de « préexistence de l’âme », a été décrété comme un crime digne d’excommunication et de damnation : « Si quelqu’un affirmait la fabuleuse préexistence des âmes, et soutenait la monstrueuse réhabilitation qui en découle, qu’il soit frappé d’anathème. »

Pourquoi l’Église s’est-elle donnée tant de mal pour discréditer la réincarnation ? La psychologie inhérente à la réincarnation en est peut-être la meilleure explication. Une personne qui croit en la réincarnation endosse la responsabilité de sa propre évolution spirituelle à travers ses renaissances. Elle n’a pas besoin de prêtres, de confessionnaux et de rituels pour éviter la damnation (autant d’idées qui, d’ailleurs, ne faisaient pas partie des enseignements de Jésus). Elle doit seulement prendre en compte les actes qu’elle a commis envers elle-même et envers les autres. La croyance en la réincarnation élimine la peur de l’enfer éternel que l’Église utilise pour discipliner le troupeau. En d’autres termes, la réincarnation ébranle directement l’autorité et le pouvoir de l’Église dogmatique. Il n’est donc pas étonnant que la réincarnation ait rendu les défenseurs de la foi si nerveux.

Malgré le décret rendu en 553, la croyance en la réincarnation a persisté parmi la population. Il fallut encore mille ans et de nombreuses effusions de sang pour en venir à bout. Au début du XIIIe siècle, les Cathares, un groupe de chrétiens dévots et éclairés qui croyaient en la réincarnation, ont prospéré en Italie et dans le sud de la France. Le pape a lancé une croisade pour mettre fin à leur hérésie, et un demi-million de personnes ont été massacrées, village par village. Les cathares ont été totalement éliminés. Cette purge a donné le ton à l’Inquisition qui a commencé peu après. La croyance en la réincarnation était non seulement un motif de persécution, mais aussi toute idée métaphysique qui sortait des limites du dogme prôné par l’Église.

L’efficacité meurtrière développée par l’Inquisition s’est avérée payante. Les persécutions menées par l’Église institutionnelle ont marqué notre psyché collective et nous ont entourés d’une barrière invisible séparant ce qui est sûr de ce qu’il est dangereux de croire. Depuis lors, les personnes qui nourrissent des idées interdites ont appris à garder leurs pensées pour elles-mêmes. Notre mémoire culturelle porte encore la crainte de représailles pour toute association publique à des pratiques considérées comme occultes, à l’utilisation de pouvoirs psychiques ou à la croyance en la réincarnation.

La voilà, la source du double standard. Il n’est pas étonnant que tant de gens aujourd’hui croient en la réincarnation à titre privé, mais ont peur d’être critiqués pour leur bizarrerie — le mot moderne pour hérésie — s’ils le révélaient publiquement. Peut-être qu’en comprenant d’où vient cette peur, nous pourrons annuler l’emprise qu’elle exerce sur nous et faire tomber cette barrière invisible. Ainsi, lorsque nos enfants parlent de leurs vies antérieures, nous pourrons suivre notre cœur et non nos peurs, et les croire.

Copyright 1997 par Carol Bowman et Steve Bowman

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