La Russie suspend sa participation au dernier traité sur les armes nucléaires avec les États-Unis

Par Adam Morrow
22 février 2023 10:00 Mis à jour: 22 février 2023 13:22

Le 21 février, le président russe Vladimir Poutine a suspendu la participation de son pays au dernier traité russo‑américain de désarmement nucléaire, l’accord New Start.

« À compter d’aujourd’hui, la Russie suspend sa participation au traité sur les armes stratégiques offensives », a déclaré Poutine dans un discours national, prononcé près d’un an après le lancement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

« Nous ne nous retirons pas de l’accord », a‑t‑il précisé. « Nous ne faisons que suspendre [notre participation à] celui‑ci. »

Le traité New Start a été signé en 2010 et est entré en vigueur l’année suivante. Il vise à fixer des limites aux arsenaux nucléaires considérables des deux pays.

En 2021, peu après l’entrée en fonction du président américain Joe Biden, le traité a été prolongé de cinq années supplémentaires.

On estime que les États‑Unis et la Russie détiennent environ 90% des ogives nucléaires dans le monde.

Selon le Center for Arms Control & Non‑Proliferation, basé à Washington, l’arsenal de la Russie se compose de quelque 5977 ogives nucléaires, tandis que les États‑Unis en possèdent actuellement 5550 environs.

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a qualifié cette initiative de « malheureuse et irresponsable ».

« Nous observerons attentivement ce que la Russie fera réellement », a déclaré Blinken aux journalistes. « Nous nous assurerons, bien sûr, qu’en tout état de cause, nous sommes positionnés de manière appropriée pour la sécurité de notre propre pays et celle de nos alliés. »

L’alliance de l’OTAN, basée à Bruxelles, a pour sa part déclaré que l’annonce de Poutine signait la fin de l’architecture mondiale existante de contrôle des armements.

« Avec la décision d’aujourd’hui [de la Russie] concernant New Start, l’architecture complète de contrôle des armements a été démantelée », a déclaré aux journalistes le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg. « J’encourage vivement la Russie à reconsidérer sa décision et à respecter les accords existants. »

Poutine qualifie d’ « absurdes » les inspections de sites nucléaires

Le traité New Start comprenait une clause de vérification mutuelle. Le mois dernier, le département d’État américain a signalé dans un rapport au Congrès que la Russie refusait d’autoriser les inspections sur place de ses installations d’armes nucléaires. Le rapport affirmait également que Moscou n’avait pas répondu aux demandes de l’administration Biden de discuter de sa prétendue non‑conformité au traité New Start.

« La Russie ne respecte pas l’obligation qui lui incombe en vertu du traité New Start de faciliter les activités d’inspection sur son territoire », a déclaré le département d’État dans un communiqué le 31 janvier.

« Le refus de la Russie de faciliter les activités d’inspection empêche les États‑Unis d’exercer des droits importants en vertu du traité et menace la viabilité du contrôle des armes nucléaires américano‑russes. »

Dans son discours du 21 février, Poutine a qualifié d’ « absurdes » les demandes occidentales visant à ce que la Russie ouvre ses installations d’armement nucléaire aux inspections sur place. »

« Les États‑Unis et l’OTAN déclarent ouvertement que leur objectif stratégique est de vaincre la Russie », a‑t‑il déclaré. « Pourtant, ils pensent qu’ils seront autorisés à inspecter nos installations d’armes nucléaires ? »

Alors que Washington exige des inspections sur place des installations nucléaires russes, a‑t‑il ajouté, les alliés de l’OTAN aident activement l’Ukraine à frapper les bases aériennes stratégiques de la Russie. Des bases aériennes situées au cœur du territoire russe ont été attaquées en décembre 2022, ce qui a suscité des inquiétudes quant à d’éventuelles représailles de la part de Moscou.

Le 5 décembre, deux bases aériennes du centre de la Russie ont été attaquées par des drones d’origine inconnue, endommageant deux appareils. Une des bases accueille des bombardiers stratégiques à longue portée capables de transporter des charges nucléaires.

Bien que Kiev n’ait pas revendiqué la responsabilité de ces attaques, elles ont été largement saluées par les responsables militaires ukrainiens.

Dans son discours, Poutine a également attiré l’attention sur les arsenaux nucléaires considérables que possèdent le Royaume‑Uni et la France, tous deux membres de l’OTAN. Si ces arsenaux font partie de ce que Poutine a appelé le « potentiel de frappe combiné » de l’OTAN, aucun d’entre eux n’est soumis aux limitations prévues par le traité New START.

Selon Poutine, les armes nucléaires britanniques et françaises sont « également dirigées contre nous, elles sont dirigées contre la Russie. »

L’annonce coïncide avec la visite de Biden

Le discours de Poutine à Moscou coïncidait avec la visite de Biden en Ukraine et en Pologne.

Le 20 février, le président américain a effectué une visite d’une heure à Kiev, au cours de laquelle il a réaffirmé le soutien indéfectible de Washington à l’effort de guerre ukrainien. Il a également promis une aide supplémentaire de 500 millions de dollars à Kiev.

Depuis que Biden a pris ses fonctions en janvier 2021, les États‑Unis ont fourni à l’Ukraine plus de 25 milliards de dollars d’aide à la sécurité.

De Kiev, Biden s’est rendu à Varsovie, où il a prononcé un discours rappelant que le conflit dure bientôt un an.

La Russie a envahi l’Ukraine le 24 février 2022. Depuis lors, les forces russes ont capturé de larges territoires dans la région russophone du Donbass et le long de la côte sud de la mer Noire du pays.

Moscou a annoncé l’annexion unilatérale des régions autour des villes de Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson, contrôlées par la Russie, après avoir supervisé des référendums largement condamnés en octobre 2022.

Kiev et ses alliés occidentaux rejettent la légitimité de cette action, tandis que les responsables militaires ukrainiens ont promis de récupérer tous les territoires perdus par la force des armes.

Moscou affirme que son invasion et les annexions qui ont suivi avaient pour but de protéger les russophones du Donbass (avec les villes de Donetsk et de Louhansk) contre les abus présumés du gouvernement de Kiev.

Kiev, pour sa part, nie cette affirmation, et déclare que les mesures prises par la Russie constituent une appropriation illégale de terres.

Malgré les contre‑offensives ukrainiennes réussies de l’automne dernier, les forces russes ont depuis repris l’initiative. Ces dernières semaines, elles ont pris des positions clés autour de Donetsk, avec l’aide d’alliés locaux et du groupe Wagner, une organisation paramilitaire dirigée par le Kremlin.

Ces dernières semaines, les spéculations se sont multipliées sur le fait que le premier anniversaire du conflit pourrait coïncider avec de nouvelles offensives russes le long de la ligne de front, longue d’environ 900 kilomètres.

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