La statue de la Dame de Brassempouy est l’une des plus anciennes représentations de visage humain

22 juin 2017 10:21 Mis à jour: 22 juin 2017 10:47

La Dame de Brassempouy est sans doute l’une des plus célèbres pièces archéologiques, réputée pour son âge avancé et sa fine manufacture. Elle est à ce jour l’une des plus anciennes figures humaines connues, si ce n’est la plus ancienne, et est exposée au musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye.

Caractéristique & datation

La statuette, taillée dans de l’ivoire de mammouth, est assez petite: haute de 3,65cm, large de 2,2cm et épaisse de 1,9cm. Elle arbore une tête féminine stylisée, dotée d’une face triangulaire privée de bouche, présentant un nez droit, des saillies osseuses au niveau des sourcils, soulignées par des cavités orbitales marquées par des enfoncements.

Bien que la plupart des spécialistes s’accordent pour dire que ses cheveux sont coiffés de manière élaborée, évoquant une perruque égyptienne, une minorité préfère y voir une sorte de capuche.

On estime que la statuette est âgée de 22 000 à 29 000 ans, ce qui en fait donc un objet d’art du Gravettien, la deuxième phase du paléolithique supérieur. Le paléolithique supérieur est la période de la préhistoire qui s’étend d’il y a 45 000 ans à il y a 10 000 ans. Les anthropologues y distinguent cinq phases culturelles.

Un jeune mammouth congelé trouvé en Sibérie. La petite Vénus est sculptée dans de l’ivoire de mammouth. Institut royal des sciences naturelles de Belgique, Bruxelles. (Ben2 / CC BY-SA 3.0)

La « Grotte du Pape »

Située à 2 km de de Brassempouy dans le sud des Landes, la Grotte du Pape était au jour de sa découverte située sur les terres du compte de Poudenx. Au cours de travaux d’élargissement d’un chemin d’accès à une carrière en 1880, des ouvriers trouvèrent des ossements d’espèces éteintes, ce qui motiva le propriétaire des lieux à y organiser des fouilles, qu’il confia à Pierre-Eudoxe Dubalen, pharmacien de formation, et passionné d’archéologie.

L’entrée de la caverne fut rapidement mise au jour derrière des éboulis. On apprendra plus tard qu’elle fait partie d’un réseau de grottes dit karstique, c’est-à-dire creusé par un ruisseau, et disposant de trois autres points d’entrée. Pierre-Eudoxe publia par la suite en 1881 un article présentant ses trouvailles, alors classées comme magdalénienne (de la dernière phase du paléolithique supérieur).

Puis, la grotte fut laissée en l’état pendant presque dix ans, avant qu’un parent du compte de Poudenx, Joseph de la Porterie, accompagné par Albert Léon Dufour, n’entame une seconde excavation en 1890. Y furent alors trouvées divers amulettes et sculptures en ivoire, affermissant l’intérêt des scientifiques pour l’endroit.

Point d’entrée de la « Grotte du Pape » où a été découverte la Dame de Brassempouy (Dame de Brassempouy / CC BY-SA 4.0)

Après des fouilles mal préparées en 1892, les deux compères furent autorisés au printemps de la même année à réaliser un examen stratigraphique des lieux sur les parties de la grotte où c’était encore possible. Ils remontèrent à la surface des objets divers, d’époques distinctes: pointes de flèche, ossements, statuettes, traces de foyers, etc.

La même année se tenait à Pau, à 60 km de Brassempouy, un congrès de l’Association française pour l’avancement des sciences (AFAS), désireuse de trouver un gisement préhistorique non épuisé dans les environs. Mis au courant de l’existence de la Grotte du pape par Édouard Piette, alors avocat, futur juge, et passionné d’archéologie, une autorisation de fouille leur fut concédée de bon cœur par Joseph de la Porterie.

Une première excursion fut donc organisée pour l’Association en septembre 1892. Entre 1894 et 1897, plusieurs autres fouilles menées par Édouard Piette et Jospeph de la Porterie s’y succédèrent.

Portrait d’Édouard Piette. Musée de Toulouse. (Didier Descouens 2010 / CC BY-SA 4.0)

La découverte de la Vénus

Au cours des excavations de 1894, Piette découvrit plusieurs statuettes, dont la fameuse dame de Brassempouy, unique par sa coiffe et la finesse de sa manufacture. Si unique que Piette ne put s’empêcher de croire à une possible falsification: la Vénus « exotique » aurait pu être déposée à une époque ultérieure.

Il finit par se convaincre de son authenticité, et serait sûrement ravi de savoir que l’outillage scientifique moderne lui donne aujourd’hui en effet raison. Quelques images des statuettes de Brassempouy sont disponibles sur la photothèque en ligne des musées nationaux.

Version espagnole: La Dama de Brassempouy: una misteriosa estatuilla de hace más de 20.000 años 

Publié avec l’autorisation d’Ancient Origins.

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