«La vie continue»: devenu tétraplégique après avoir plongé dans un lac, Émeric relève défis sur défis

Par Emmanuelle Bourdy
7 février 2023 18:23 Mis à jour: 7 février 2023 18:23

Émeric Cardin est devenu tétraplégique le 14 juillet 2017, après une mauvaise chute dans un lac à Ploërmel (Morbihan). Il fêtait alors son enterrement de vie de garçon. Grâce à une volonté de fer, le jeune homme a su se relever, s’est marié et a même repris ses études.

La journée du 14 juillet 2017 avait pourtant bien commencé. Après plusieurs challenges organisés par ses amis, et notamment une séance d’épilation, le futur marié a voulu se rafraîchir et a sauté d’un ponton dans le Lac au Duc de Ploërmel, tête la première. Malheureusement pour lui, il n’y avait que 20 centimètres d’eau et des cailloux au fond du lac.

« La journée s’annonçait mémorable »

Sur le coup, les amis d’Émeric ont pensé qu’il faisait une blague de plus. Mais voyant que le trentenaire ne bougeait plus, ils se sont inquiétés. « Ils m’ont extirpé du lac et prodigué les premiers secours. Mes poumons s’étaient remplis d’eau, je faisais un malaise cardiaque », raconte le natif de Pleucadeuc à Actu.fr. Après quoi, il se rappelle avoir rassuré son frère, l’organisateur de l’événement, puis plus rien. Héliporté jusqu’au centre hospitalier universitaire de Rennes, il avait été opéré en urgence, ses cervicales C5 et C6 étant fracturées.

Après plusieurs jours, Émeric s’est réveillé et il avait deux questions absolument cruciales à poser. « J’ai demandé à Gabrielle, ma compagne, si l’on était bien assurés et si elle voulait toujours m’épouser », se souvient-il. Ce à quoi Gabrielle lui a répondu oui, sans une once d’hésitation.

Il n’a qu’une idée en tête : se marier avec Gabrielle

Les médecins ont d’abord préféré ne pas se prononcer sur la lésion de sa moelle épinière. Le jeune homme courageux a enchainé les séances de kinésithérapie et d’ergothérapie lors desquelles il a dû tout réapprendre. Il ne savait même plus comment manger, tenir sa tête ni même respirer. Malgré tout, Émeric avait une idée fixe, se marier avec Gabrielle le 7 octobre 2017, comme c’était initialement prévu. « Le corps médical n’y était pas favorable, nous encourageait à repousser le mariage, mais je ne l’entendais pas de cette oreille. Cette date, à quelques jours de notre anniversaire de rencontre, était symbolique pour elle et moi », glisse-t-il.

Non sans douleurs, Émeric est devenu de plus en plus mobile au fil des jours rythmés par la rééducation. Et il a pu se marier le jour J, avec l’assistance des soignants. « Ça m’a boosté dans ma rééducation, et les soignants ont été d’une aide précieuse pour vérifier l’accessibilité des lieux, installer un lit médicalisé…  Ils ont même fait venir une danseuse pour que je puisse faire danser Gabrielle avec mon fauteuil » s’amuse-t-il.

Sa vie est différente « mais elle n’est pas moins belle en fauteuil »

Celui que le corps médical définit comme un « tétraplégique incomplet » – parce qu’il peut quand même bouger ses épaules, ses biceps et ses poignets – met un point d’honneur à rester le plus autonome possible. Avant d’acheter une voiture automatisée, il a dû revalider son permis « dans l’auto-école spécialisée du centre », signifie-t-il. Il a également revendu sa maison pour en reconstruire une de plein pied. C’est d’ailleurs lui qui a supervisé les travaux.

Comme il ne pouvait plus exercer son métier de chaudronnier-soudeur, il a aussi repensé sa vie professionnelle. Et son destin l’a ramené au sein même du centre de rééducation Kerpape dans lequel il a passé plusieurs mois, à Ploemeur. Il a été embauché en tant qu’assistant-ingénieur à temps partiel (70%). « Je me sens utile et ça fait du bien », reconnaît cet ancien hyperactif qui commençait à trouver le temps long. Depuis le mois de janvier, il prépare un diplôme universitaire « Impression 3D, Santé & Handicap » à Lorient, indiquent nos confrères. Et si sa vie professionnelle a repris un nouvel élan, sa vie familiale a également été placée sous le signe du changement. En juin 2020, le petit Alexis a vu le jour grâce à la fécondation in vitro.

Si Émeric avoue que ses amis et sa famille « ont fait preuve d’un soutien indéfectible », il considère en outre que sa femme et son fils Maxence, âgé de 2 ans au moment de l’accident, sont des « warriors ». « Ils m’ont soutenu dans tout ce que j’entreprenais, c’est une victoire collective », admet-il. « La vie continue. Différemment, certes, mais elle n’est pas moins belle en fauteuil. Je possède encore plusieurs facultés, à moi de les utiliser pour relever de nouveaux défis », explique Émeric qui ne s’est jamais appesanti sur son sort. « C’était un geste idiot aux lourdes conséquences. Mais j’étais chanceux de vivre », conclut-il.

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